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Les propriétés des choses, livre XIII, chapitre 26

2. [α] Isid. orig. 12, 7, 1*
[β] Isid. orig. 12, 7, 1*
[α] Les poissons (pisces) tirent leur nom de pascere (paître), comme le dit Isidore au livre II, ch. 7 ; ils lèchent la terre et les herbes aquatiques, et se procurent ainsi leur nourriture. [β] Les reptiles quant à eux tirent leur nom, dit-on, de ce qu’ils possèdent les caractéristiques de la natation et de la reptation. En effet, lorsqu’ils nagent, ils rampent, même s’ils plongent dans les profondeurs. D’où Ambroise dans l’Hexameron : grandes, dit-il, sont la proximité et l’affinité entre les poissons et l’eau ; en effet, ils ne peuvent pas vivre longtemps en dehors des eaux, et ils ne vivent pas longtemps s’ils sont exposés au seul souffle de l’air, sans contact avec l’eau. Ils ont, en effet, l’aspect et la nature d’animaux rampants parce que, tandis que le poisson nage, il se contracte et se ramasse sur lui-même, puis, en s’étendant de nouveau, il prend appui sur l’eau ; et, repoussant par cet effort l’eau devant lui, il se propulse ; il en résulte qu’il utilise ses nageoires, lorsqu’il nage, comme l’oiseau utilise ses ailes, lorsqu’il vole, mais d’une autre façon, parce que le poisson, en nageant, meut ses nageoires de l’arrière vers l’avant et il s’étend en avant en embrassant et en contenant les eaux, comme avec des bras ou des rames, alors que l’oiseau meut ses ailes de bas en haut et contraint l’air, recueilli à travers l’étendue déployée de ses ailes, à revenir vers l’arrière ; il en résulte que <son> corps, par une violente poussée exercée sur l’air, est propulsé de l’arrière vers l’avant.
3. Les espèces de poissons présentent de nombreuses différences entre elles concernant le lieu où elles mettent au monde, les aliments dont elles se nourrissent, la couleur et la forme variée par lesquelles elles se distinguent les unes des autres, la substance dont elles sont composées et les différentes formes de courage dont elles font preuve.
4. [γ] Isid. orig. 12, 6, 3*
[δ] Isid. orig, 12, 6, 5*
[ε] Ps. Isid. De ordine creaturarum, 9, 10*
Quelle grande diversité donc en ce qui concerne la région ou le lieu où ils sont mis au monde : certains en effet vivent seulement dans les eaux, mais certains séjournent en partie dans les terres <et> en partie dans les eaux. [γ] Ces dernières espèces ont été appelées par Isidoreamphibola, c’est-à-dire « indéterminées », parce qu’elles ont, par nature, l’usage de la marche sur terre et l’exercice de la nage dans l’eau : ce sont, par exemple, les phoques, les crocodiles, les castors et les hippopotami, c’est-à-dire les chevaux de fleuve, et <d’autres animaux> du même genre. [δ] Les poissons ont reçu des noms assortis à ceux des animaux terrestres comme les chiens de mer et les loups, parce qu’ils mordent les autres avec une voracité acharnée et qu’ils les blessent (Isidore). [ε] D’autres encore, occupant une position intermédiaire entre ces poissons, gagnent tantôt les eaux douces, tantôt les eaux salées pour trouver leur nourriture. Les poissons qui sortent de la mer pour gagner les eaux douces se plaisent dans leur douceur et s’y engraissent, puis effectuent le trajet inverse et séjournent tantôt dans la mer, tantôt en eau douce. Mais il existe dans les rivières de nombreux poissons qui ne supportent pas la salure de la mer et qui, après avoir goûté de l’eau salée, meurent subitement ; ou bien, ils se retournent, le ventre en l’air, et flottent à la surface de l’eau, ce qui, pour tous les poissons de mer et d’eau douce, est le signe qu’ils sont morts. Les poissons qui nagent dans la mer possèdent des écailles dures et épaisses à cause de la dureté de l’eau salée ; tandis que les poissons d’eau douce possèdent de fines écailles et des arêtes tendres. Les arêtes sont nécessaires aux poissons afin de soutenir leur chair, qui est naturellement molle.
5. [ζ] Avic. Canon, 2.553*
[η] Avic. Canon, 2.553*
Avicenne nous apprend à choisir les bons poissons suivant la nature du lieu où ils se nourrissent, disant ainsi au livre deux, chapitre sept : [ζ] le choix doit être fait en fonction des lieux, dit-il, dans lesquels séjournent les poissons, puisque ceux qui séjournent dans des lieux rocheux sont meilleurs ou plus agréables au goût, de même que ceux qui parcourent les eaux douces dans lesquelles il n’y a pas de saleté, ceux qui ne sont ni des poissons de vase, ni des poissons de lac, ni des poissons de plaine, et ceux qui ne viennent pas de petits lacs qui ne sont pas alimentés par les fleuves et dans lesquels il n’y a pas de sources. Le même auteur, même passage. [η] Il en résulte que les poissons de l’océan sont meilleurs que ceux des fleuves, et ces derniers eux-mêmes sont meilleurs que les poissons de lac, surtout si ces derniers sont loin du fleuve et de la mer. Ils jouissent en effet de la tranquillité <mais> leur pourriture (leurs déchets ?) n’est pas lavée par le fleuve pénétrant le lac ou par la mer : il en résulte que de tels poissons ont mauvais goût et pourrissent complètement en peu de temps. Les poissons, tant de mer que de fleuve, sont aussi meilleurs dans la mer septentrionale et la mer orientale que dans la mer australe, parce que, grâce au souffle impétueux des vents, les eaux sont davantage brassées et elles sont plus souvent purifiées et filtrées ; pour cette raison, les poissons de ces eaux se meuvent et s’exercent plus et sont davantage nettoyés de leurs excédents.
6. [θ] AS, flor. 2, 4, 7*
[ι] Arist. HA, 567 b1-b4 MS*
[κ] AS, flor. 2, 4, 7*
[λ] Arist. HA, 564 b 15 MS*
[μ] Arist. HA, 568 a 27 MS*
[ν] Arist. HA, 569a25 MS*
[ξ] Arist. HA, 570 a 25 MS*
[ο] Arist. HA, 570 b 4 MS*
[π] Arist. HA, 571 a 7 MS*
[ρ] AS, flor. 2, 4, 7*
[ς] AS, flor. 2, 4, 7*
[σ] Isid. orig. 12, 6, 43*
[τ] Isid. orig, 12, 6, 43*
[υ] Isid. orig. 12, 6, 43*
[φ] AS, flor. 2, 4, 7*
[χ] Isid. orig. 12, 6, 32*
[ψ] AS. flor. 2, 4, 7*
[ω] Isid. orig. 12, 6, 11*
Les espèces de poissons varient aussi non seulement en ce qui concerne leur lieu de reproduction, mais aussi tout autant quant au mode de celle-ci. Certains, en effet, engendrent en pondant des œufs, et certains par l’union et l’émission de semence. D’où ce que dit Aristote au livre cinq. [θ] Voici ce qui arrive aux espèces de poissons qui pondent : lorsque la femelle pond, le mâle suit les œufs ; il répand sa laitance sur les œufs ; tous les œufs que touche la laitance ou la semence du mâle deviendront un poisson, et pour cette raison <les œufs> qui ne sont pas touchés par la semence resteront stériles. [ι] Or, la femelle pond de nombreux œufs, mais elle en avale la plus grande partie ; dans l’eau de nombreux œufs sont condamnés, et seuls sont sauvés, parmi eux, ceux qui sont pondus dans les lieux où le mâle a déposé sa semence, puisque, si tous étaient sauvés, ils seraient en trop grand nombre. En outre, les poissons préservent la ressemblance dans leur espèce, comme le dit Aristote au même endroit : [κ] Jamais, dit-il, on ne trouva un poisson pour consommer une union avec un poisson d’une autre espèce ; mais ils aiment leurs petits et les nourrissent pendant longtemps; comme le dit Aristote dans le même livre :[λ] tous les poissons nourrissent et gardent leurs petits excepté les baudroies. Au même endroit, Aristote dit aussi que les poissons de rivière et de marécage pondent plus et plus vite que les autres, parce qu’ils pondent pour la plupart après cinq mois. Tous les autres cependant se reproduisent après douze mois, c’est-à-dire après un an. [μ] Les petits poissons se reproduisent dans des lieux où l’eau baigne les racines des arbres et des roseaux. Le même auteur, au même endroit : la plus grande partie des œufs est condamnée lorsque les poissons <femelles> pondent pendant leurs déplacements parce que, comme le mâle n’est pas présent, les œufs ne sont pas fécondés par sa semence ; aussi sont-ils mangés par les oiseaux et les autres poissons. Au même endroit, Aristote dit aussi [ν] que certains poissons engendrent sans œufs et sans union, à partir de la vase, du sable et de la putréfaction qui est au-dessus de l’eau. Le même auteur, au même endroit : [ξ] en période de reproduction, les mâles et les femelles des poissons errent comme un troupeau et ils se promènent en couples ; [ο] nombre d’entre eux, quand ils ont des petits, sont affaiblis et à cause de cela, c’est principalement en cette période qu’on les capture. Le même auteur, au même endroit : [π] certains poissons mettent bas quand ils frottent leur ventre contre le sable. En outre, dans le De animalibus de Iorath, [ρ] on dit que le poisson ephemeron naît sans union ; et quand il a vécu pendant trois heures durant le jour, il meurt ; [ς] on dit aussi que le poisson appelé « murène » ne conçoit pas de son semblable, mais du serpent, qu’il attire par un sifflement pour l’étreindre comme le dit Isidore au livre douze, chapitre six. [σ] Les Grecs, dit-il, appellent la murène stanna parce qu’elle s’enroule, dit-on, sur elle-même en cercles. [τ] On rapporte que celle-ci est de sexe féminin, et qu’elle conçoit en s’accouplant avec le serpent ; à cause de cela, elle est attirée par les pêcheurs au moyen d’un sifflement, et elle se fait prendre ; si on la frappe avec un bâton, on peine à la tuer, mais avec une férule, on la tue aussitôt. [υ] Il est indiscutable que sa vie réside en sa queue, car si on la frappe à la tête, on dit qu’on peine à la tuer, mais si on frappe et ampute sa queue, on dit qu’elle meurt aussitôt. C’est le contraire pour le serpent : si on le piétine ou si on lui coupe la tête, il meurt aussitôt, à ce qu’on dit ; mais si on lui tranche la queue, il vit <encore> longtemps. Le même Iorath dit aussi que le serpent dépose son venin avant de s’unir avec la murène, mais qu’une fois l’acte de la reproduction accompli, il récupère son venin. Et pour cette raison, la murène, en concevant, ne contracte pas le venin de la part du serpent, et n’engendre pas un être serpentin, mais un être semblable à elle-même, comme dit le même auteur. Certains poissons conçoivent seulement à partir de la rosée, sans œufs et sans semence, comme les huîtres et certains autres poissons qui vivent dans des coquilles, comme le dit Iorach. [φ] Selon lui, les poissons appelés elich sortent de l’eau durant la nuit ; et c’est sur terre qu’ils conçoivent à partir de la rosée du matin et se reproduisent ; leurs coquilles demeurent toujours vides lorsque la lune décroît. Certains poissons se déplacent pour la conception et la naissance <de leurs petits>, suivant le lever des astres ou bien leur coucher, comme le disent Iorach et Isidore. [χ] Voilà pourquoi ce dernier dit au sujet du poisson qui est appelé « poisson austral » : les poissons de cette espèce naissent lorsque les pléiades commencent à se coucher ; et ce poisson ne réapparaît que lorsque les pléiades se lèvent de nouveau. [ψ] Par ailleurs, bien que les poissons procréent, cependant aucun poisson pur n’a de testicules ; de même, aucune race de serpent, aucun animal sans pieds n’en a ; <le poisson> n’a pas non plus de mamelles, ni de lait, excepté les dauphins, qui ont du lait, et qui allaitent leurs nouveau-nés pendant qu’ils sont petits, comme le dit Aristote au livre 6. Au sujet de ces derniers, à ce que dit Isidore au livre 12 : [ω] les dauphins, qui sont aussi nommés « Simon », sont appelés ainsi parce qu’ils suivent les voix des hommes ; ils se rassemblent en troupeau au son de la musique, et ils sont séduits par l’harmonie ; rien n’est plus rapide qu’eux dans la mer, car, généralement, ils passent par-dessus les navires en sautant ; quand ils sautent et jouent, c’est l’indice d’une tempête à venir. Il existe aussi, dans le Nil, une espèce de dauphin au dos pourvu d’une crête acérée : <ces dauphins> tuent les crocodiles en coupant la partie tendre de leur ventre (Isidore).
7. [αα] Avic, Canon, 2, 553*
[αβ] Ambr. hex. 5, 5,13*
[αγ] Arist. HA, 590 b 16*
[αδ] Arist. HA, 591 a 26 MS*
[αε] Isid. orig. 12, 6, 22*
[αζ] Isid. orig. 12, 6, 18*
[αη] Ambr. hex. 5, 5, 12*
Les espèces de poissons se différencient aussi <entre elles> en ce qui concerne la manière de s’alimenter. En effet Avicenne dit, au livre deux, [αα] que ceux qui se nourrissent des bonnes herbes et des racines des plantes sont meilleurs que ceux qui mangent les saletés qui sont rejetées des cités auprès de lieux de déversement. Dans l’Hexaméron, on dit aussi que les poissons se différencient encore quant à l’alimentation [αβ] ; en effet, certains se dévorent réciproquement, et se nourrissent mutuellement de leur chair ; chez eux, le plus petit est la nourriture du plus grand <et> à son tour, ce dernier, plus grand, devient la nourriture d’un autre : bien qu’il soit le prédateur d’autrui, puisqu’il a dévoré un autre <poisson>, il est lui-même à la fin dévoré par un autre. À ce que dit Aristote au livre 6 : la langouste, dit-il, [αγ] vainc de grands poissons et les mange ; quant au poulpe, il vainc la langouste et la mange. [αδ] Le même auteur, au même endroit : certains poissons se nourrissent dans la vase et dans la boue, comme le crabe ; à cause de cela, ce dernier est lourd, et on trouve en lui beaucoup de boue, [αε] mais les poissons qui en déprèdent d’autres ont des dents plus solides, comme un certain poisson que les Grecs appellent phagion, dit Isidore, parce qu’il possède des dents si dures qu’en mer, il se nourrit d’huîtres ; [αζ] il en résulte qu’on l’appelle aussi dentrix à cause de la grandeur et de la solidité de ses dents ; d’autres poissons <encore>, comme le dit l’Hexameron[αη] ont des dents plus petites, mais plus nombreuses, plus épaisses et plus pointues, pour couper rapidement la nourriture ingurgitée et l’avaler facilement sans attendre, afin que la nourriture, retenue trop longtemps dans la bouche, ne soit pas entraînée sous l’effet du mouvement de l’eau.
8. [αθ] Isid. orig.  12, 6, 8*
[αι] Arist. HA, 591 a 18 MS*
[ακ] Arist. HA, 591 b 5*
[αλ] Arist. HA, 591 b 8*
[αθ] Quelques poissons cherchent aussi leur nourriture en creusant dans le sable, comme le dit Isidore au livre 12, au sujet du cochon de mer, que l’on nomme, généralement, « porc » : quand il cherche sa nourriture, il creuse le fond <de la mer> à la manière du porc ; en effet, il possède un orifice <buccal> au niveau de sa gorge, et il ne lui est pas possible de recueillir sa nourriture s’il n’enfonce pas son museau dans les sables. Aristote, au livre sept : [αι] les poissons, pour la plus grande partie, sont carnivores et se dévorent entre eux, au moment de la reproduction, mis à part le fuscaleon ; de manière générale, les poissons sont gourmands et avides de nourriture, surtout le poisson que l’on appelle Habatue ; [ακ] à cause de cela, le ventre de ce dernier s’est élargi, même quand il est à jeun ; [αλ] souvent, il gonfle son ventre et recrache les autres poissons puisque son ventre parvient jusqu’à la bouche et qu’il n’a pas d’estomac.
9. [αμ] Isid. orig. 12, 6, 21*
[αν] Isid. orig. 12, 6, 21*
[αξ] Arist. HA, 602 a 32 MS*
[αο] Arist. HA, 533 b 4 MS*
[απ] AS, flor. 2, 4, 8*
[αρ] AS, flor. 2, 4, 8*
[ας] AS, flor. 2, 4, 8*
[ασ] Arist. HA, 596 b 16 MS*
[ατ] Arist. HA, 597 a 16-18 MS*
[αυ] Arist. HA, 602 b 24*
[αφ] Arist. HA, 601 b 30*
Les poissons diffèrent <entre eux> également en ce qui concerne le moment et le lieu de la pâture. En effet, certains cherchent leur nourriture dans l’eau, et certains la cherchent, de nuit, sur la terre comme l’hippopotame, [αμ] c’est-à-dire le cheval du fleuve, nommé ainsi parce qu’il est semblable au cheval quant au dos et quant à la crinière, à ce que dit Isidore. [αν] Durant le jour, il séjourne dans les eaux ; durant la nuit, il se nourrit des récoltes ; le Nil lui donne naissance, comme le dit Isidore. Or, de manière générale, selon Aristote au livre 7, les poissons sont plus actifs durant le jour que durant la nuit, et ils le sont davantage avant le milieu de la nuit qu’après, et c’est pour cela, à ce que dit Aristote, [αξ] que les chasseurs chassent avant le lever du soleil et posent alors leurs filets, parce que les poissons ne voient pas bien à cette heure-là et que, lorsque la lumière augmente, ils voient alors davantage. C’est cependant grâce à leur odorat que les poissons cherchent leur nourriture durant la nuit ; en effet, ils sont attirés par <les nourritures> odorantes, et pour cette raison, il est dit au livre 4 [αο] que les espèces de poissons sentent les odeurs et entendent, et pour cette raison, ils s’approchent plus rapidement des nasses récentes avec lesquelles on chasse que des anciennes ; bien plus, si la nasse n’est pas récente, ils ne s’en approchent pas facilement ; ils sont, en effet, souvent trahis par leur odorat, à ce que dit Ioratha’. [απ] selon ce dernier, il existe dans la mer un monstre marin, qui recrache l’eau avec une exhalaison parfumée ; les poissons qui sentent cette odeur la suivent et entrent dans sa gorge à la poursuite de l’odeur ; <le monstre>, en les avalant, se nourrit ainsi d’eux. Le même auteur dit aussi [αρ] qu’il existe un poisson du nom de faste, dans la bouche duquel l’eau ingurgitée s’adoucit ; les poissons plus petits qui suivent <cette eau> entrent dans sa bouche ; <le poisson> les attrape aussitôt et les avale. Le même auteur dit que [ας] les dauphins sentent et reconnaissent, grâce à leur odorat, si un homme mort, en mer, a jamais mangé du dauphin ; parce que s’il en a mangé, ils le mangent, mais s’il n’en a jamais mangé, ils le préservent des morsures des autres poissons et le poussent vers le rivage avec leurs rostres. Aristote et Pline disent la même chose. Aristote au livre 7 : [ασ] les poissons qui habitent des eaux claires et vives ne se jettent pas sur des choses infectes si elles n’ont pas un bon goût, et ce n’est pas non plus le cas des oiseaux. En hiver, <les poissons> fuient loin du fond de la mer, près de la terre, cherchant la chaleur et là, ils cherchent leur pâture ; mais au contraire, en été, ils fuient loin des rivages, [ατ] cherchant le fond chaud de la mer, en hiver, ils chassent près de la terre, mais en été, ils chassent dans les profondeurs de la mer, car une chaleur excessive leur fait du mal. Le même auteur, dans le même livre. [αυ] Il y a des poissons qui, au début de la canicule, meurent à cause de la chaleur, [αφ] le grand froid leur nuit également, surtout s’ils ont une pierre dans la tête, comme les crabes et les poissons de ce genre ; car la pierre dans la tête gèle et se fige : les poissons de ce genre meurent facilement.
10. [αχ] Isid. orig. 12, 6, 8*
[αψ]  Jon, 2, 2-3
[αω] Isid. orig. 12, 6, 33*
[βα] Isid. orig. 12, 6, 40*
[ββ] Isid. orig. 12, 6, 34*
[βγ] Ambr. hex. 5, 9, 24*
[βδ] Arist. HA, 538 b 1*
[βε] Avic. Canon, 2, 553*
[βζ] Avic. Canon, 2, 553*
[βη] Avic. Canon, 2, 553*
[βθ] Avic. Canon, 2, 553*
L’aspect des poissons varie aussi en ce qui concerne la forme et la disposition du corps, tant en quantité qu’en qualité. [αχ] En effet, il existe des espèces de monstres marins immenses, dont les corps sont aussi grands que les montagnes, comme on le prétend ; tel fut le cète qui engloutit Jonas, dont le ventre était de si grande dimension qu’il retint Jonas à l’instar de l’enfer, comme le dit le Prophète : [αψ] Du ventre de l’enfer, il m’a exaucé. [αω] Il existe aussi d’autres poissons, si petits qu’on peut à peine les capturer avec un hameçon, comme le dit Isidore au livre douze. [βα] L’aphorus est un poisson qui, à cause de sa petitesse, ne peut être capturé, comme on le dit au même endroit. [ββ] L’enchirius est un petit poisson d’un demi-pied à peine, appelé ainsi en référence à haereo ; en effet, bien qu’il soit de petite taille, il possède cependant une très grande force, car il retarde un navire en s’y attachant : bien que les vents se précipitent et que les tempêtes se déchaînent, le navire auquel il s’attache semble s’arrêter comme s’il s’était enraciné dans la mer et il ne peut pas bouger ; la force de ce poisson ne s’exerce pas en retardant le navire, mais seulement en s’y attachant. Les Latins l’ont appelé moron parce qu’il contraint les navires à s’arrêter, comme on le dit au même endroit. Dans l’Hexaméron, on dit aussi [βγ] au sujet du même poisson que, lorsqu’il pressent une tempête, il saisit un petit caillou pesant et le tire comme une ancre, afin de ne pas être malmené par les flots ; il ne se libère pas par ses propres forces, mais il se protège au moyen d’un poids extérieur et se maintient <solidement> pour lutter contre une tempête à venir ; les marins qui s’aperçoivent de cela veillent par eux-mêmes à ce qu’un orage ne les surprenne pas à l’improviste, comme le disent Ambroise et Bède. Aristote dit aussi au livre quatre [βδ] que les poissons femelles sont plus longs que les poissons mâles et que leur chair est plus ferme : la partie antérieure du mâle est plus ferme ainsi que sa partie supérieure mais, chez les femelles, ce sont les parties intérieure et postérieure qui sont les plus fermes. Par ailleurs, Avicenne dit au livre deux [βε] que les meilleurs poissons sont ceux qui ne sont pas très grands, qui n’ont pas une chair trop ferme et trop sèche, qui ne sont ni trop gras, ni trop visqueux, et dans lesquels il n’y a pas de mauvais goût ou de mauvaise odeur ; ceux qui plaisent sont ceux qui ont un goût agréable, qui ne sont pas trop gras, qui ne présentent ni graisse inutile, ni extrême maigreur, et qui ne se mettent pas à puer sitôt sortis de l’eau ; <les poissons> qui ont une chair ferme deviennent meilleurs salés, et parmi ceux qui ont une chair ferme, le meilleur est celui qui est le moins tendre. Par suite, il est clair que les poissons diffèrent les uns des autres en ce qui concerne la substance et la qualité. [βζ] En effet, tous les poissons, comme le dit le même auteur, sont de manière générale froids et humides ; cependant, certains sont, au regard de la nature des poissons, plus chauds que les autres, et surtout lorsqu’ils sont salés. [βη] Et pour cette raison, lorsqu’ils sont très frais, ils produisent du flegme, et amollissent les nerfs ; ils ne conviennent qu’à un estomac très chaud. [βθ] Mais ils sont plus utiles en médecine lorsqu’ils sont salés : en effet, les têtes brûlées des poissons salés guérissent la morsure d’un chien enragé et la piqûre du scorpion ; elles ôtent la chair infectée dans les ulcères et sont utiles pour guérir les ulcères putrides et purulents. Le suc de tous les poissons est également utile pour lutter contre les poisons, qu’on les ait ingérés ou qu’on ait été piqué. En effet, <les poissons> présentent de nombreuses autres propriétés, comme on le dit au même endroit, mais on a à présent assez parlé de la qualité et de la substance des poissons.
11. [βι] Isid. orig. 12, 6, 26*
[βκ] Isid. orig. 12, 6, 30*
[βλ] Plin. nat. 32, 11 (5)*
[βμ] Isid.  orig. 12, 6, 44 *
[βν] Isid. orig. 12, 6, 51*
[βξ] Isid. orig. 12, 6, 52*
[βο] Isid. orig. 12, 6, 48*
Les poissons diffèrent aussi entre eux quant à la vivacité de leur sensibilité et quant à la perspicacité de leur intelligence. Car nombre d’entre eux sont particulièrement intelligents : en effet, quelques-uns présentent une étonnante habileté à s’échapper quand ils perçoivent les pièges des pêcheurs, comme le dit Isidore dans le livre douze. [βι] Selon ce dernier, le mulet est une espèce de poisson très vif : car quand il perçoit les pièges disposés par les pêcheurs, il fait immédiatement demi-tour et il saute si rapidement au-dessus du filet qu’il semble s’être envolé loin de ceux qui se tenaient auprès de lui. Le même auteur dit aussi, au même endroit [βκ] au sujet du scare, que parmi les poissons seul le scare, à ce qu’on rapporte, rumine sa nourriture ; Pline dit que celui-ci [βλ] est intelligent, car quand il s’aperçoit qu’il est entré dans une petite nasse de pêcheur, il ne se précipite pas frontalement et il ne glisse pas sa tête dans les dangereux tressages d’osier, mais, tournant le dos, il commence à élargir les ouvertures par de nombreux coups de queue et il sort à reculons ; si par hasard, de l’extérieur, un autre scare le voit lutter, afin de l’aider à fuir alors qu’il est en difficulté, il saisit sa queue dans sa bouche, il s’étend ou se raidit dans la mesure où il peut le délivrer et l’entraîner à sa suite. Voici ce qu’ajoute le même auteur : [βμ] le congre possède de nombreux bras ; son intelligence se mesure à son habileté à obtenir ses aliments, car cherchant à atteindre sa nourriture sur l’hameçon, mais craignant l’aiguillon, il ne mord pas l’hameçon, mais l’étreint avec ses nageoires et il ne le relâche pas avant d’avoir rongé l’appât tout autour de l’hameçon. [βν] Les crabes sont aussi les ennemis des huîtres ; c’est, en effet, avec une étonnante habileté qu’ils se nourrissent de leur chair. Car les crabes, qui ne peuvent ouvrir la robuste et solide coquille de l’huître, guettent le moment où l’huître ouvre le verrou de sa coquille, et alors le crabe, resté à l’affût, y jette, subrepticement, un petit caillou afin que l’huître ne puisse se fermer ; après avoir ainsi empêché la fermeture <de l’huître>, il en dévore et ronge les chairs. [βξ] Les huîtres ont été nommées ainsi à cause de leur coquille, à l’intérieur de laquelle leur tendre chair est protégée. En effet, les Grecs appellent leur coquille ostrea ; ce poisson tout entier avec sa coquille est nommé ostreum du genre neutre, mais sa chair est nommée ostrea du genre féminin ; [βο] les poissons de ce genre sont aussi nommés conchae (coquilles) et conchylia (coquillages) parce que, lorsque la lune décroît, ils se creusent, c’est-à-dire qu’ils se vident <de leur chair>. Lorsque la lune croît, elle augmente l’humeur <du corps>, mais lorsque la lune décroît, l’humeur <du corps> diminue : pour cette raison, les poissons enfermés dans des coquilles grossissent lorsque la lune croît et ils se vident <de leur chair> lorsqu’elle décroît. De plus, dans ces coquillages sont secrétées de précieuses perles; au sujet de ces coquillages, Pline et d’autres auteurs qui ont écrit sur la nature des êtres animés disent que, durant la nuit, ils gagnent les rivages et conçoivent des perles à partir de la rosée céleste ; il en résulte que les coquillages de ce genre, dans la chair desquels s’élabore une précieuse petite perle, ont été nommés margaritiferae (ceux qui produisent des perles) et hereliae ; il existe aussi une pierre précieuse très remarquable qui est ainsi produite à partir de la rosée du printemps et qu’on estime d’autant plus puissante qu’elle est plus blanche et plus brillante. Il existe, de même, certains conchylae ou conchae nommés murex à cause de leurs aspérités et de leurs piquants, qui sont appelés, selon un autre nom, conchylia et qui, après avoir été découpés par un objet en fer, émettent des larmes de couleur pourpre, à partir desquelles on teint la pourpre ; par suite, ce coquillage fut appelé ostrum (« pourpre »), parce que cette teinture est extraite du liquide issu de sa coquille, comme le dit Isidore. On pourra trouver ces propriétés et beaucoup d’autres, ainsi que de nombreuses lois naturelles au sujet des poissons, dans le livre de Pline, dans celui d’Aristote, chez Isidore, dans l’Hexameron d’Ambroise et dans celui de Basile, afin de ne pas ennuyer les lecteurs. Sur ce sujet, les propos qui précèdent suffisent.
12. [βπ] Isid. orig. 12, 6, 63*
[βρ] Isid. orig. 12, 6, 64*
[βς] Isid. orig. 12, 6, 7*
[βσ] Isid. orig. 12, 6, 8*
[βτ] AS, flor. 2, 4, 7*
[βυ] AS, flor. 2, 4, 7*
[βφ] AS, flor. 2, 4, 8*
Pline dit aussi,, comme Isidore au livre douze, qu’il existe dans l’eau cent quarante-quatre espèces de poissons, [βπ] parmi lesquelles nombreuses sont celles qui, par une intelligence naturelle, connaissent la succession des périodes de leur vie ; certaines se déplacent dans leur milieu <naturel>, sans changer, certaines vivent sans tenir compte du temps. [βρ] Certaines espèces, comme le cète, conçoivent leurs petits grâce à l’union du mâle et de la femelle. Le cète et la baleine sont un même animal. [βς] Les baleines sont des bêtes de taille immense, appelées ainsi parce qu’elles rejettent et répandent les eaux. En effet, elles rejettent les flots plus haut que toutes les autres bêtes marines : en effet, <en grec> « rejeter » se dit balaena <*ballein>. [βσ] Les cètes quant à eux tirent leur nom de l’immense taille de leur corps, comme le dit Isidore au livre douze. Il est dit dans le livre de Iorath. [βτ] Le cète est riche en sperme, et après son union avec la femelle, l’excédent de sperme flotte sur l’eau. Une fois recueilli et séché, il devient de l’ambre ; en effet, quand le cète a très faim, il émet par sa bouche une exhalaison parfumée, qui a l’odeur de l’ambre et qui attire les poissons ; guidés par le parfum de l’exhalaison, ils entrent dans la gorge du cète, et ainsi, trompés par le parfum, ils se font dévorer. Dans ce poisson, comme le dit le même auteur, [βυ] la matière terrestre l’emporte sur la matière aqueuse ; pour cette raison, il a beaucoup d’embonpoint et de graisse. Il en résulte que, durant sa vieillesse, à cause de la grandeur de son corps, de la poussière s’assemble sur son dos et s’y entasse dans une si grande quantité que les herbes et les arbustes y croissent, si bien que cette bête donne l’apparence d’une île ; si les navigateurs s’en sont approchés imprudemment, ils peinent à s’en échapper sains et saufs. Car le cète vomit de l’eau et la répand au-dessus du navire en si grande quantité qu’il le submerge parfois et le coule. Il présente aussi un si grand embonpoint que, lorsqu’il est frappé par les harpons ou les traits des pêcheurs, il ne ressent <aucune> blessure tant que sa graisse n’a pas été entièrement transpercée, mais lorsque sa chair, sous la graisse, est blessée, on le capture alors facilement, parce que, ne supportant pas la brûlure de l’eau salée, il gagne le rivage. Il présente une si grande corpulence que, lorsqu’on le capture, un pays tout entier voit son sort s’améliorer par sa prise. Il aime ses petits d’un amour étonnant et les accompagne longtemps dans l’océan ; s’il arrive que des tas de sable les entravent, le cète répand sur eux une grande quantité d’eau recueillie dans sa bouche et, les libérant ainsi du danger, il les ramène et les reconduit dans les profondeurs de l’océan. Pour les défendre, il s’oppose à tous les ennemis qu’il croise et il les place toujours entre lui et la mer, dans un endroit très sûr ; quand une tempête forcit, il recueille dans son ventre ses petits encore jeunes et frêles, les vomit de nouveau, vivants, et les relâche dès que le calme est revenu, comme le dit le même auteur. Iorath, encore. [βφ] Un poisson serpentin et venimeux comme le crocodile combat contre le cète, et les <autres> poissons s’enfuient auprès de la queue du cète ; si ce dernier a été vaincu, les poissons précités meurent. Mais, si ce poisson funeste ne peut pas vaincre le cète, il exhale par sa gorge, dans l’eau, un souffle des plus infects. Mais le cète repousse cette odeur infecte en exhalant de sa bouche un souffle parfumé, et c’est ainsi qu’il se protège et se défend, et qu’il défend les siens.