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Édité et traduit par Brigitte Gauvin.Élégie XI - Les poissons
Notes d'explication :
1. Ursin a traité ces points dans les élégies précédentes. |
2. Dans la médecine galénique, les poissons, par leur nature froide et humide, sont associés au flegme. |
3. L’amour des mâles silures pour leurs petits est un topos qui figure dans tous les ouvrages d’ichtyologie depuis l’antiquité. Tous les encyclopédistes rapportent avec plus ou moins de fioritures comment, alors que la femelle disparaît sitôt qu’elle a pondu ses œufs, le mâle protège la ponte contre les prédateurs et ventile régulièrement les œufs. Ce comportement, qui est attesté, a été pour la première fois rapporté par Plin. nat. 9, 165. |
4. Il s’agit du Pô ; voir Plin. nat. 9, 44 : Fiunt et in quibusdam amnibus non minores, Silurus in Nilo, isox in Rheno, attilus in Pado. On ne sait pas avec précision ce qu’est l’attilus de Pline, peut-être le grand esturgeon (De Saint-Denis 1955, 110, §44, n. 3) |
5. La profondeur du sommeil des phoques était proverbiale dans l’Antiquité. Voir par exemple Juv. 3, 236-238. |
6. Il ne peut s’agir de l’éléphant de mer, qui n’est pas encore connu à cette date. On ne peut savoir de quoi il s’agit, sinon d’un gros cétacé. |
7. La terre des Allobroges est un territoire situé entre l’Isère, le Rhône et les Alpes du nord. Jean Ursin, qui vit à Vienne, en Dauphiné, ne manque pas une occasion de faire allusion à sa terre natale et à son emblème. |
9. Le dragon de mer est la vive. |
10. Bien que l’animal ne soit pas nommé, la périphrase permet de reconnaître le lièvre de mer, ce que confirme la note marginale de l’édition. Pline mentionne parmi les animaux venimeux deux lièvres de mer, vraisemblablement l’aplysie, grosse limace de mer dont les deux cornes peuvent évoquer les oreilles d’un lièvre tapi, et le diodon, beaucoup plus dangereux par sa toxicité (Plin. nat. 9, 155). |
11. C’est le graspois ou craspois, déjà mentionné par Albert le Grand. |
12. La viande de cétacé, salée, était très consommée au Moyen Âge et évoque en effet le porc par sa texture. L’un des cétacés les plus utilisés pour la nourriture était le marsouin, littéralement « porc de mer ». |
13. Les poissons à écailles sont ceux qu’on conseille avant tout autre dans les régimes de santé. On pensait en effet que les écailles constituaient un filtre contre les impuretés de l’eau. |
14. Voir Plin. nat. 9, 62. |
15. C’est la sardine. |
17. Il s’agit des mulets (mugil). Voir Plin. nat. 9, 185 : Mugil et lupus mutuo odio flagrant : « le mulet et le loup brûlent d’une haine réciproque ». |
18. Dans les régimes de santé, le poisson est souvent accusé de causer des maux ophtalmiques ; cela s’explique par l’analogie, puisque les poissons passent pour avoir une vue faible, mais aussi parce que la nature froide et humide du poisson, selon la médecine galénique, causait par exemple une remontée d’humeurs de l’estomac vers les yeux. |
19. Cela correspond pour la plus grande partie au mois de juillet. La pêche du maquereau se faisait au printemps, juillet étant la période du frai. |
20. Voir Plin. nat. 9, 68. |
22. Il s’agit de la seiche. |
23. C’est l’anguille, dont le nom vient du mot anguis, le serpent. |
24. La lamproie passait pour être particulièrement humide et nocive, parce qu’elle vit en lac et en étang et au fond de l’eau. Les épices, chaudes et sèches, devaient rééquilibrer la chair du poisson. |
25. Une peau brillante est un signe de fraîcheur. |
26. Les têtes, les entrailles et les abats de poissons étaient particulièrement goûtés au Moyen Âge et au xvie siècle, comme l’attestent les nombreuses recettes. |
27. Le caractère naturellement putrescible du poisson fait qu’on recherche des espèces possédant la plus grande pureté possible, sinon par les éléments naturels, du moins par les « choses non-naturelles », au premier rang desquelles l’alimentation et le milieu. Dans les régimes de santé médiévaux, la distinction eau de mer/eau douce, qui s’imposa au xvie siècle, n’est pas toujours pertinente. En revanche, il est impératif de prendre des poissons « scameux » venant « d’eau pure/nette et courante ». Or, les étangs ne sont pas des milieux sains ; les rivières, très polluées autour et en aval des villes par les déchets humains et industriels n’offrent pas la pureté recherchée, alors que la mer semble constituer un milieu plus propre, brassé par les courants et purifié par les vents qui en balaient la surface. |
28. Il faut sans doute voir la baudroie dans la première rana, et la grenouille dans la deuxième. |
29. C’est l’épilepsie. |
30. La lune. |
31. Peut-être le mérou (D’Arcy Thompson).
Notes de traduction :
16. Ce sont les dorades ; l'or en latin se dit aurum. |
21. Nous n’avons pas trouvé le terme, que nous traduisons à partir de la racine nare et du diminutif. Il s’agit peut-être de l’exocet. Dans la Prosopopée des animaux, du même auteur, l’exocet avoue causer l’épaississement du sang.