CopierCopier dans le presse-papierPour indiquer l’adresse de consultation« Jean de Cuba - Hortus sanitatis, Tractatus de piscibus IV.  », in Bibliothèque Ichtya, état du texte au 21/11/2024. [En ligne : ]
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Hortus sanitatis : Livre IV, Les Poissons, Catherine Jacquemard, Brigitte Gauvin, Marie-Agnès Lucas-Avenel, Presses universitaires de Caen, Caen, 2013.consultable en ligne

Aristoteles. [α] Rana marina habet alas sicut et omnia cetera, quorum finis3apparatfines 1536. tendit ad stricturam. [β] Habet etiam brancos5apparatbranchos 1536 VB2 branchias VBd. ad unam partem declinantes asperos, spinis similes et6apparatet om. 1536. coopertorium habet. [γ] In ranis major est femina sicut et in ceteris ovantibus, ut in lacertis ac8apparatpost ac add. in 1536. serpentibus. [δ] Habet rana marina supra oculos partes pendentes quasi pilos, habentes10apparatpost habentes add. etiam 1536. capita rotunda, quas ei11apparatquas ei : quae eis 1536. praeparat natura cibi causa. Cum enim rana movet aliquid aquosum cum luto et arena, tunc partes illas, quae sunt quasi pili, erigit easque cum piscibus parvis involvit et ad orificium suum cum eis adducit, sicque comedit. [ε] Et si per partes illas quae sunt super oculos non venatur, quando deprehenditur, debilis et aegra invenitur. Ex his etiam quae latent est rana, cumque latuerit, vadit ad13apparatet 1536. viride super aquam et cibatur piscibus parvis qui sunt in eo14apparatea VBd.15philologieLe terme rana que nous avons souligné dans la traduction de Michel Scot a été employé au lieu de raia, « la raie », qui fait partie des animaux qui se cachent sous le sable cités par Aristote. En outre, les parties délimitées par les crochets n’ont pas été citées par Vincent de Beauvais, qui fausse du coup considérablement la pensée du savant grec, déjà bien malmenée par Michel Scot : « Se cachent également dans le sable la merluche, la raie, la plie et l’ange ; et une fois qu’ils se sont rendus invisibles, ils tendent les filaments qu’ils ont au museau, et que les marins appellent leurs petites lignes à pêche. Les poissons s’en approchent en les prenant pour les algues dont ils se nourrissent » (Louis 1969, 104).. [ζ] Rana continuae generationis est [η] et ovat extra unum ovum completum tantum. Et est durae testae propter salutem qua exterius indiget. Hujus causa est natura sui corporis, quia caput18apparatcaput om. Prüss1. ejus est in quantitate multiplex ad suum corpus et est spinosum. Ideoque non recipit pullos19apparatpost pullos hab. suos VB. in ultimo20philologieArist. GA 754 a 25-34 : « [Les sélaciens] mettent au monde un petit vivant, à l’exception de celui qu’on appelle la baudroie : c’est le seul qui ponde un œuf achevé. La cause en est la conformation de son corps, et elle est hérissée de piquants et très rugueuse. Voilà pourquoi la baudroie ne reprend pas ses petits après leur naissance et ne les met pas au monde vivants. Mais tandis que l’œuf des sélaciens a une coquille molle (ils ne peuvent en durcir l’enveloppe ni la dessécher, car ils sont plus froids que les oiseaux), celui des baudroies est le seul à être dur et résistant, afin de pouvoir se conserver au dehors » (Louis 1961, 109). Voir aussi Arist. HA 565 b 29-31 MS : Et nulla rana reddit suum pullum ad suum interius propter magnitudinem capitis et spine ; Arist. HA 564 b 15-18. La traduction de in ultimo fait problème : nous avons repris celle de Louis 1961, 109, cité supra, car les mots latins sont la traduction littérale du grec οὐ δ’ὕστερον, qui s’oppose à la fin de la phrase à οὐ δ’ἐξ ἀρχῆς. Il semble que Michel Scot n’ait pas compris le texte grec (Théodore Gaza traduit l’expression par les mots nec postea) ni l’opposition exprimée par Aristote, qui n’apparaît même plus chez Vincent de Beauvais.. [θ] Omnes autem pisces nutriunt filios22apparatpost filios hab. suos VB. praeter ranas23apparatranam VBd..

Notes d’apparat :

3. fines 1536. | 

5. branchos 1536 VB2 branchias VBd. | 

6. et om. 1536. | 

8. post ac add. in 1536. | 

10. post habentes add. etiam 1536. | 

11. quas ei : quae eis 1536. | 

13. et 1536. | 

14. ea VBd. | 

18. caput om. Prüss1. | 

19. post pullos hab. suos VB. | 

22. post filios hab. suos VB. | 

23. ranam VBd.

Notes philologiques :

15. Le terme rana que nous avons souligné dans la traduction de Michel Scot a été employé au lieu de raia, « la raie », qui fait partie des animaux qui se cachent sous le sable cités par Aristote. En outre, les parties délimitées par les crochets n’ont pas été citées par Vincent de Beauvais, qui fausse du coup considérablement la pensée du savant grec, déjà bien malmenée par Michel Scot : « Se cachent également dans le sable la merluche, la raie, la plie et l’ange ; et une fois qu’ils se sont rendus invisibles, ils tendent les filaments qu’ils ont au museau, et que les marins appellent leurs petites lignes à pêche. Les poissons s’en approchent en les prenant pour les algues dont ils se nourrissent » (Louis 1969, 104). | 

20. Arist. GA 754 a 25-34 : « [Les sélaciens] mettent au monde un petit vivant, à l’exception de celui qu’on appelle la baudroie : c’est le seul qui ponde un œuf achevé. La cause en est la conformation de son corps, et elle est hérissée de piquants et très rugueuse. Voilà pourquoi la baudroie ne reprend pas ses petits après leur naissance et ne les met pas au monde vivants. Mais tandis que l’œuf des sélaciens a une coquille molle (ils ne peuvent en durcir l’enveloppe ni la dessécher, car ils sont plus froids que les oiseaux), celui des baudroies est le seul à être dur et résistant, afin de pouvoir se conserver au dehors » (Louis 1961, 109). Voir aussi Arist. HA 565 b 29-31 MS : Et nulla rana reddit suum pullum ad suum interius propter magnitudinem capitis et spine ; Arist. HA 564 b 15-18. La traduction de in ultimo fait problème : nous avons repris celle de Louis 1961, 109, cité supra, car les mots latins sont la traduction littérale du grec οὐ δ’ὕστερον, qui s’oppose à la fin de la phrase à οὐ δ’ἐξ ἀρχῆς. Il semble que Michel Scot n’ait pas compris le texte grec (Théodore Gaza traduit l’expression par les mots nec postea) ni l’opposition exprimée par Aristote, qui n’apparaît même plus chez Vincent de Beauvais.

Notes de source :

2. Rana vero marina habet alas [sicut] et omnia, quorum finis amplitudinis declinat ad stricturam. | 

4. Rana vero marina habet brancos coopertos declinantes ad unam partem et habet coopertorium et sunt asperi similes spinis. Celeti uero branchi non habent cooperterium [sic] subtile, sed simile corio spisso cooperit brancos eius. | 

7. In ovantibus vero et generantibus vermes femina est maior, ut in lacertis et ranis et serpentibus et araneis. | 

9. Rana habet super occulos partes pendentes longas quasi pili, et eorum capita sunt rotunda. Et ista preparavit natura causa cibi, quoniam rane, quando movent quid aquosum cum luto et harena, erigit tunc istas partes, que sunt quasi pili, et inuoluit eas […] cum piscibus paruis et adducit eos ad suum orificium et sic cibatur. | 

12. Et rana etiam, si non venatur per istas partes, que sunt super occulos, invenitur, quando deprehenditur, debilis, egra. [Et operatio piscis, qui dicitur barkiz, manifestum est, quod stupefacit manus.] Et de eis etiam, que latent, est honos et rana et kistaoni. [Et cum latuerint, habent in orificiis quandam partem, cuius figura est sicut virga ; et venatores clamant ipsam deideci. Et quando habent illam], vadunt ad viride super aquam et cibantur ex piscibus parvis, qui sunt in eo. | 

16. Et animal quod dicitur begniz et berica, sunt continue generationis, ut rana. | 

17. Et etiam genus piscium facit ova incompleta propter causam quam diximus superius, celeti autem ovat intra ovum completum et parit extra animal, praeter modum qui dicitur rana, qui ovat extra unum ovum tantum completum. Et causa illius est natura sui corporis, quoniam caput eius est multiplex ad suum corpus, et caput eius est spinosum. Et propter hoc non recipit suos pullos in ultimo [utero ? P (= Parisinus 17843), voir Van Oppenraaij 1992, 131], neque animal in principio quod generat, quoniam magnitudo capitis eius et sua asperitas prohibent hoc, et sicut prohibet hoc pullos ab exitu ita prohibet ab introitu. Et quia ova omnium animalium quae assimilantur celeti sunt mollia, quoniam non possunt dissicari et durificari extra quoniam sunt frigidiora ovis avium, remanent sic mollia, ova autem ranarum sunt dura fortia propter salutem quae indigent exterius. (Nous avons souligné dans la traduction de Michel Scot les éléments empruntés au texte d’Aristote, cité de manière morcelée dans l’Hortus sanitatis.) | 

21. Omnes pisces nutriunt suos filios preter ranas.