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Édité et traduit par Mathieu Illana ; Brigitte Gauvin.

CXIII. L’aspidochelon

2. [α] Physiol.24
[β] Jon.2, 2-3
[α] Il y a dans la mer un monstre qui est appelé aspidochelone en grec, mais « aspic-tortue » (aspido testudo) en latin. Le cète, qui est aussi appelé ainsi à cause de son corps énorme, est en effet immense, comme celui qui accueillit Jonas, dont le ventre était de taille si grande qu’on le prenait pour l’enfer, Jonas disant lui-même : « [β] Il m’entendit depuis les entrailles de l’enfer. » Au milieu de l’océan, <le cète> soulève son dos au-dessus des vagues de la mer et il s’immobilise en un même lieu si longtemps que le sable, poussé par le vent, fait surgir une plaine sur son dos, et que des broussailles y poussent ; c’est pourquoi les navigateurs, pensant qu’il s’agit d’une île, accostent [le long de l’animal et y descendent ; ils amarrent leurs navires en plantant des pieux]. Ensuite, ils s’allument des brasiers, mais <la bête>, sentant la chaleur du feu, plonge soudain dans l’eau et entraîne le navire avec elle dans les profondeurs. Voilà ce que subissent les incroyants qui font fi des ruses du diable, placent en lui leur espérance et s’attachent excessivement à ses œuvres : ils sont engloutis en même temps que lui dans la Géhenne du feu.
3. [γ] Physiol.24
[γ] La nature de ce monstre veut que, quand il a faim, il ouvre sa gueule et en exhale une odeur parfumée ; les poissons plus petits en perçoivent la douceur, ils se réunissent alors en bancs dans sa gueule. Mais dès qu’il sent qu’elle est pleine, il la referme et engloutit les poissons. Voilà ce que subissent les hommes de peu de foi, qui sont attirés par les plaisirs et la gourmandise, comme par des parfums : soudain, le diable les dévore.