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I.

2. [α] Verg. Aen. 6, 726*
1. Un manteau verdoyant fait des pousses de diverses plantes ornait la Terre tout entière ; le ciel, lui aussi, avait l’éclat de la Lune et du Soleil – les deux astres jumeaux qui paraient son visage – et la remarquable parure des étoiles. Un troisième élément, la mer, attendait encore de recevoir par un don de Dieu la grâce de la génération. [α] Le souffle de l’éther nourrit, en effet, toutes les productions des terres ; la terre, de même, faisant germer les grains, donne vie à toute chose, surtout dès lors que, ayant reçu l’ordre de produire des végétaux, elle se couvrit de milliers de fruits grâce au don de génération qu’il venait de lui faire. L’eau était vide et semblait laissée au repos, à l’écart des bienfaits de l’œuvre divine. Le Créateur détient encore à ce moment-là ce qu’il va lui accorder, pour qu’elle puisse accomplir ses fonctions tout autant que la terre : il le lui réservait pour qu’elle obtienne elle-même aussi, dans le don qu’il lui faisait, un privilège qui lui soit propre et particulier. La terre a engendré la première, mais des êtres qui ne possédaient pas de souffle vital. L’eau reçoit l’ordre de produire des êtres qui fassent voir la force et la magnificence de la vie et qui recevront l’instinct de protéger leur salut et de fuir la mort.
3. [β]  Gn, 20*
2. Dieu dit alors : [β] « Que les eaux produisent, suivant leur espèce, des êtres rampants animés du souffle de vie, d’autres pourvus d’ailes, capables de voler au-dessus des terres vers le firmament. » L’ordre vint et, soudain l’eau, comme cela lui avait été ordonné, se répandit en enfantements : les cours d’eau commencèrent à engendrer, les lacs à donner la vie, la mer elle-même se mit à enfanter diverses espèces d’êtres rampants et à produire en abondance, espèce par espèce, tout ce qu’elle avait formé. Même les plus petits trous d'eau, même les marais fangeux ne manquaient pas d'assumer pleinement le pouvoir de créer qui leur était offert. Les poissons bondissaient hors des rivières, les dauphins se préparaient à jouer dans les flots, les coquillages s’accrochaient aux rochers, les huîtres aux profondeurs, les oursins se développaient. Ô malheur ! Avant même l’homme apparut la tentation, l’abondance de richesses, mère de nos excès ; avant l’homme, les plaisirs. Ainsi la tentation des hommes précéda leur création, mais la nature n’a commis aucune faute : elle a donné les aliments et n’a pas prescrit les vices. Elle a mis ces ressources en commun pour t’empêcher de te les attribuer ! C’est pour toi que la terre produit ses fruits, pour toi que les eaux génèrent les scares, les esturgeons et toutes leurs productions : loin de t’en satisfaire, tu as goûté aux aliments qui t’étaient interdits. Tout cela s’est accumulé pour exciter ton envie, pour aggraver ton inclination à la gloutonnerie.
4. [γ]  Gn, 20*
3. Mais nous ne pourrions nommer toutes les espèces qui prirent vie sous l’impulsion de l’ordre divin. En même temps que le corps prenait forme, l’âme naissait de même que la force vitale dont le pouvoir était en germe. La terre était pleine de semences, la mer emplie d’animaux. Sur la première les plantes dénuées de sensibilité se multipliaient ; les animaux sensibles occupent la seconde. Sur la terre aussi, l’eau revendique les parts qui lui reviennent. Les poissons lèchent la terre et ils y cherchent leurs proies. Les moustiques et les petites grenouilles remplissent de bruit les marais qui leur ont donné naissance, qui ont eux aussi entendu l’ordre de Dieu lorsqu’Il a dit : [γ] « Que les eaux produisent des êtres rampants animés du souffle de vie. »
5. [δ]  Ps, 103, 25*
[ε] Verg. Aen. 5, 158*
4. Nous savons qu’on appelle l’espèce des serpents les reptiles, parce qu’ils rampent sur la terre, mais ce qui nage a bien plus l’apparence ou la nature de ce qui rampe. En effet, même si ceux qui s’enfoncent dans les profondeurs semblent fendre l’eau, quand ils nagent à la surface, ils rampent cependant de tout leur corps, qu’ils hissent sur le dos des vagues. Ainsi, voilà pourquoi David a dit : [δ] « Voici la mer grande et vaste, là se trouvent des animaux rampants sans nombre. » Et même, bien que la plupart de ces animaux ait des pattes et la capacité de marcher parce qu’ils sont amphibies, vivant sur terre et dans l’eau, comme le phoque, le crocodile ou le cheval de fleuve que l’on appelle l’hippopotame (parce qu’il est généré dans les eaux du Nil), pourtant, lorsqu’ils sont en eau profonde, ils ne marchent pas, ils nagent, et se servent de la plante de leurs pieds non pour marcher, mais plutôt comme de rames, pour ramper. De même le navire poussé par les rames glisse sur les flots et [ε] fend les eaux de sa carène.