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IV.

2. 10. Considère maintenant à quel point l’eau est une bonne mère. Toi, l’homme, tu as enseigné l’exhérédation des fils par les pères, les séparations, les haines, les rancunes ; apprends maintenant quels sont les liens étroits entre les parents et leurs petits. Les poissons ne peuvent pas vivre sans l’eau, ils ne peuvent pas ne pas partager la présence de leur mère, ni être privés du bienfait de leur nourrice : leur nature particulière est ainsi faite, ils meurent dès qu’ils en sont séparés. En effet, ils ne vivent pas, comme toutes les autres créatures, de la respiration de notre air, parce qu’ils n’ont pas la capacité d’inspirer et d’expirer ; autrement, ils seraient incapables de vivre en permanence sous l’eau sans inhaler de l’air. L’eau est pour eux comme l’air pour nous. L’air nous apporte ce qui est nécessaire pour vivre, comme l’eau le fait pour eux. Nous, lorsque le passage de l’air est bloqué, nous mourons sur-le-champ parce que nous ne pouvons pas, même un bref instant, être privés du souffle vital ; sortis de l’eau, les poissons non plus ne peuvent rester vivants sans ce qui est nécessaire à leur existence.
3. 11. La raison en est évidente : c’est parce que, chez nous, le poumon reçoit l’air dans les larges profondeurs du thorax, et comme il pénètre par de très nombreux pores, l’air, en se diffusant, refroidit la température intérieure. En effet, le thorax, comme il reçoit les aliments, distingue, de même, ce qui est en trop dans la nourriture des substances vitales et du sang. Le poumon devient accessible, ainsi l’air peut y parvenir plus facilement. Les poissons ont, en revanche, des branchies, que tantôt ils plient et ferment, tantôt ils déplient et ouvrent. Cette manœuvre d’ouverture et de fermeture, qui leur permet de recueillir l’eau et de la faire passer et pénétrer dans leur corps, semble ainsi remplir les fonctions de la respiration. Les poissons ont donc leur propre nature, et ils n’ont rien en commun avec les autres animaux, mais des habitudes distinctes, et des moyens de subsistance spéciaux et bien séparés de ceux des autres animaux. Voilà pourquoi nous ne les nourrissons pas et qu’ils n’apprécient pas, comme les animaux terrestres, le contact de la main de l’homme, ni aucune forme de caresse, et cela même s’ils sont conservés vivants dans des viviers.