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IX.

2. [α] Verg. georg. 4, 194-196*
24. Je vais maintenant parler de l’oursin, ce tout petit animal, sans valeur et méprisable : il indique souvent l’imminence des tempêtes ou annonce le temps calme à ceux qui prennent la mer. Donc, lorsqu’il a pressenti un ouragan, [α] il s’accroche à une pierre solide et la transporte comme lest et la traîne comme une ancre, pour ne pas être basculé par l’agitation des flots. C’est pourquoi il ne se maintient pas par ses propres forces mais garde l’équilibre grâce au poids d’un corps étranger. Les marins interprètent ce signe comme l’annonce d’un prochain orage et veillent à ne pas se faire surprendre par un orage imprévu. Quel mathématicien, quel astronome ou même quel Chaldéen peut ainsi interpréter la course des étoiles, ces mouvements et les signes célestes ? Par quelle disposition naturelle cet animal les a-t-il compris ? De quel maître a-t-il reçu cet enseignement ? Qui fut l’interprète d’un si grand présage ? Les hommes voient souvent le désordre dans le ciel ; souvent ils se trompent puisque, la plupart du temps, ce désordre se résorbe sans qu’il y ait de tempête. L’oursin ne se trompe pas, les signes ne trompent pas l’oursin.
3. [β]  Mt, 6, 26*
[γ]  Job, 38, 41*
[δ] Verg. georg, 4, 247*
[ε]  Job, 39, 19-25*
[ζ]  Mt, 6, 28*
[η] , Ps. 103, 24*
[θ]  Ps. 103, 24*
[ι]  Mt, 6, 30*
25. D’où vient que ce si petit animal a acquis assez de savoir pour prédire l’avenir ? Comme il n’y a rien en lui qui lui permette de posséder une telle connaissance de l’avenir, sois convaincu que cet animal doit lui aussi ce don de prescience à la miséricorde du Seigneur de l’univers. Et donc, si Dieu habille si bien l’herbe des champs que nous l’admirons, [β] s’il nourrit les oiseaux, [γ] s’il ménage de la nourriture au corbeau (en effet, ses petits appellent le Seigneur), s’il a donné aux femmes la science du tissage, et s’il n’a pas laissé l’araignée[δ] qui suspend si finement et savamment de larges toiles dans l’embrasure des portes, dans l’ignorance de cette science, [ε] , s’il a donné du courage au cheval et libéré son échine de la peur, si bien que celui-ci bondit dans la prairie, rit aux rois en courant vers eux, flaire la guerre de loin et s’excite au son des trompettes, si toutes ces choses, pour la plupart dépourvues de raison [ζ] et, pour les autres, de sensibilité, comme l’herbe des champs ou le lis, il les a ainsi dotées selon le plan de sa sagesse, pourquoi doutons-nous du fait qu’il ait placé même dans l’oursin la grâce de cette prescience ? Rien ne lui est inconnu, rien ne lui est caché. Il voit toutes choses, lui qui nourrit toutes choses[η] , il emplit toutes choses de sa sagesse, lui qui, comme il est écrit, [θ] les a toutes créées avec sagesse. Et ainsi, s’il n’a pas exclu l’oursin de sa sollicitude, s’il a eu de la considération pour lui et qu’il lui a offert de comprendre les signes des événements futurs, il n’aurait pas de considération pour toi ? Au contraire, comme il en témoigne dans sa divine sagesse quand il dit : « Si Dieu se soucie des oiseaux, s’il les nourrit, n’êtes-vous pas plus importants qu’eux ? [ι] Si Dieu habille ainsi en plein champ l’herbe qui est là aujourd’hui et qui demain sera jetée au feu, combien plus le fera-t-il pour vous, hommes de peu de foi ? »