CopierCopier dans le presse-papierPour indiquer l’adresse de consultation« Thomas de Cantimpré - Livre de la Nature — Livre VI. Les monstres marins.  », in Bibliothèque Ichtya, état du texte au 21/11/2024. [En ligne : ]
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Édité et traduit par Brigitte Gauvin ; Catherine Jacquemard ; Marie-Agnès Lucas-Avenel.

| I. Généralités1explicationLes généralités sont ici particulièrement peu nombreuses, sans doute à cause du caractère multiple et divers des « monstres ». Elles seront beaucoup plus étendues dans le livre VII consacré aux poissons, qui forment un domaine mieux connu, plus certain, à propos duquel les savoirs (alimentation, déplacement, reproduction) sont mieux maîtrisés.

2. [α] TC
[α] Les monstres marins ont été donnés par Dieu tout-puissant à l’admiration du monde entier. Ils semblent d’autant plus admirables qu’ils ne s’offrent que rarement à la vue de l’homme. On peut cependant affirmer qu’il est peu de choses, sous le ciel, dans lesquelles Dieu a déployé une activité aussi admirable, à l’exception de la nature humaine, en qui semble se retrouver l’empreinte de la Trinité2explicationLe thème biblique de l’homme image de Dieu vient de la Genèse (gen. 2,7 : Formavit igitur Dominus Deus hominem de limo terrae, et inspiravit in faciem ejus spiraculum vitae, et factus est homo in animam viventem, « Le Seigneur Dieu modela l’homme avec de la poussière prise du sol. Il insuffla dans ses narines l’haleine de vie, et l’homme devint un être vivant ») : l’homme reçoit la vie dans un face à face, dans un visage contre visage, ce qui le distingue déjà des animaux qui sont simplement modelés. Au fur et à mesure que la théologie trinitaire s’est mise en place avec les Pères de l’Église, l’homme a été défini comme image de la Trinité. Il s’agit alors de l’homme intérieur. Par exemple saint Augustin, dans le De trinitate (livres IX-XI), montre comment l’âme est mémoire, intelligence et amour, mais la complexité de la question l’amène à envisager plusieurs autres triades. De manière assez proche, dans les bestiaires, le lion personnifie dans ses mœurs l’incarnation, la passion et la résurrection, ce qui lui vaut de figurer en première place.. Qu’y a-t-il en effet sous le ciel qui puisse sembler plus admirable que ces monstres, le cète ou la baleine, comparables assurément, par leur grandeur, à l’immensité des montagnes ou des plaines ? On ne voit pas couramment chez nous, dans la mer Méditerranée, de grands cètes adultes, mais c’est le cas dans l’océan ou dans les mers que nous n’avons guère l’habitude de traverser. Outre les cètes, il existe d’autres monstres de la mer qui, par leur diversité ou leur grandeur, proclament le caractère admirable de Dieu. En effet, presque tous les quadrupèdes que possède la terre ont leur semblable, ou peu s’en faut, dans la mer3explicationSur les contreparties marines du monde terrestre, voir Leclercq-Marx 2006.. Mais la mer présente aussi fréquemment des créatures semblables aux oiseaux et aux serpents. Et il ne faut pas croire, comme certains l’ont pensé, que les monstres de ce genre sont le produit d’unions adultères ; Dieu, au contraire, les a créés à l’origine, parmi les premiers animaux4explicationDans la Genèse, Dieu crée les eaux le deuxième jour et les peuple de créatures marines le cinquième jour, en même temps que le ciel et avant de peupler la Terre ; les monstres marins y sont explicitement mentionnés (Gen. 1, 21 : Creavitque Deus cete grandia, et omnem animam viventem atque motabilem, quam produxerant aquæ in species suas « Dieu créa les grands monstres marins, tous les êtres vivants et remuants, selon leur espèce, dont grouillèrent les eaux »).. Parmi eux, certains rampent, d’autres courent, d’autres sautent, d’autres encore volent. Mais tous ont en commun de nager. La plupart d’entre eux possède des écailles, d’autres des peaux très dures, presque tous ont des nageoires et des queues de poisson, ou se déplacent grâce à des membres qui tiennent lieu de bras. Quelques-uns viennent chercher leur souffle à l’air libre, comme les animaux terrestres. Mais pour la plupart, ils respirent dans l’eau, en puisant le peu d’air qui s’y trouve, comme les poissons.

Notes d'explication :

1. Les généralités sont ici particulièrement peu nombreuses, sans doute à cause du caractère multiple et divers des « monstres ». Elles seront beaucoup plus étendues dans le livre VII consacré aux poissons, qui forment un domaine mieux connu, plus certain, à propos duquel les savoirs (alimentation, déplacement, reproduction) sont mieux maîtrisés. | 

2. Le thème biblique de l’homme image de Dieu vient de la Genèse (gen. 2,7 : Formavit igitur Dominus Deus hominem de limo terrae, et inspiravit in faciem ejus spiraculum vitae, et factus est homo in animam viventem, « Le Seigneur Dieu modela l’homme avec de la poussière prise du sol. Il insuffla dans ses narines l’haleine de vie, et l’homme devint un être vivant ») : l’homme reçoit la vie dans un face à face, dans un visage contre visage, ce qui le distingue déjà des animaux qui sont simplement modelés. Au fur et à mesure que la théologie trinitaire s’est mise en place avec les Pères de l’Église, l’homme a été défini comme image de la Trinité. Il s’agit alors de l’homme intérieur. Par exemple saint Augustin, dans le De trinitate (livres IX-XI), montre comment l’âme est mémoire, intelligence et amour, mais la complexité de la question l’amène à envisager plusieurs autres triades. De manière assez proche, dans les bestiaires, le lion personnifie dans ses mœurs l’incarnation, la passion et la résurrection, ce qui lui vaut de figurer en première place. | 

3. Sur les contreparties marines du monde terrestre, voir Leclercq-Marx 2006. | 

4. Dans la Genèse, Dieu crée les eaux le deuxième jour et les peuple de créatures marines le cinquième jour, en même temps que le ciel et avant de peupler la Terre ; les monstres marins y sont explicitement mentionnés (Gen. 1, 21 : Creavitque Deus cete grandia, et omnem animam viventem atque motabilem, quam produxerant aquæ in species suas « Dieu créa les grands monstres marins, tous les êtres vivants et remuants, selon leur espèce, dont grouillèrent les eaux »).