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Édité et traduit par Brigitte Gauvin ; Catherine Jacquemard ; Marie-Agnès Lucas-Avenel.XXIII. De focha [le phoque1identification Comme helchus/felchus, foca (du grec φώκη) désigne, de manière générale, l’espèce des phoques (Phocidae Gray, 1821), mais il n’est pas sûr que Thomas de Cantimpré ait vu un seul et même animal derrière ces deux dénominations. Vincent de Beauvais, cependant, qui établit explicitement le lien entre helcus/felchus, koki et vitulus marinus, finit aussi par réunir les deux chapitres felchus et focha en un seul.]
[β] Arist. HA, 608 b 22-25 MS
[γ] ?
[δ] Arist. HA, 608 b 25 MS
[ε] TC
[α] Le phoque ou bœuf marin, à ce que dit l’Experimentator, est l’animal le plus fort de son espèce.[β] Il ne change pas facilement de lieu mais reste toujours dans le lieu où la nature l’a fait naître. C’est un animal bagarreur et agressif, non pas, cependant, envers les autres animaux, mais envers ceux de son clan. Aristote2explicationLes explications fournies par Aristote (Arist. HA 608 b 24-27) sont légèrement différentes dans le texte grec, et la traduction de Michel Scot, soigneusement suivie et glosée par Thomas de Cantimpré, est fautive. Selon Aristote, les combats entre phoques ont lieu au sein d’un même sexe, et non entre mâles et femelles : « Les phoques se battent, dit-on, quand ils sont au même endroit, mâle contre mâle et femelle contre femelle, jusqu’à ce que l’un d’eux ait tué ou chassé son adversaire : et tous les petits en font autant » (Louis 1969, 65). : Il n’arrête pas en effet de se battre avec sa femelle, jusqu’à ce qu’il la tue. Quand il l’a tuée il se débarrasse de sa dépouille [γ] et prend une autre femelle. Et ainsi il ne cesse pas de prendre des femelles jusqu’à ce qu’il meure de sa belle mort ou périsse sous les coups victorieux de sa femelle3explicationOn trouve cette agressivité chez les éléphants de mer (Mirounga angustirostris Gill, 1866), une sous-espèce de phoques dont les mâles, qui pèsent trois à quatre tonnes, se livrent au moment de la reproduction à de terribles combats. Mais ces animaux n’étaient pas connus en Europe occidentale au Moyen Âge. Peut-être est-il fait allusion ici au léopard de mer (Hydrurga leptonix Blainville, 1820), une espèce de phoque particulièrement agressive, qui peut s’en prendre à ses congénères et constitue le plus redoutable prédateur de l’Arctique après l’orque.. [δ] Ses fils, tout aussi agressifs,[ε] vivent de proies.
|| [ζ] Le phoque, à ce que dit le livre des Cyranides, a des mains semblables à celles de l’homme et la tête d’un veau4traductionCette précision est issue des Cyranides (2, lettre Φ), mais elle ne figure pas dans la version latine : « Le phoque marin est un très bel animal, bien connu ; il a des mains humaines et le mufle d’une petite vache. » (Traduction du texte grec par F. de Mély, Les lapidaires de l’Antiquité et du Moyen Âge, tome III, Les lapidaires grecs, Paris, chez Ernest Leroux, 1902, p. 61). ||
Notes d'identification :
1. Comme helchus/felchus, foca (du grec φώκη) désigne, de manière générale, l’espèce des phoques (Phocidae Gray, 1821), mais il n’est pas sûr que Thomas de Cantimpré ait vu un seul et même animal derrière ces deux dénominations. Vincent de Beauvais, cependant, qui établit explicitement le lien entre helcus/felchus, koki et vitulus marinus, finit aussi par réunir les deux chapitres felchus et focha en un seul.
Notes d'explication :
2. Les explications fournies par Aristote (Arist. HA 608 b 24-27) sont légèrement différentes dans le texte grec, et la traduction de Michel Scot, soigneusement suivie et glosée par Thomas de Cantimpré, est fautive. Selon Aristote, les combats entre phoques ont lieu au sein d’un même sexe, et non entre mâles et femelles : « Les phoques se battent, dit-on, quand ils sont au même endroit, mâle contre mâle et femelle contre femelle, jusqu’à ce que l’un d’eux ait tué ou chassé son adversaire : et tous les petits en font autant » (Louis 1969, 65). |
3. On trouve cette agressivité chez les éléphants de mer (Mirounga angustirostris Gill, 1866), une sous-espèce de phoques dont les mâles, qui pèsent trois à quatre tonnes, se livrent au moment de la reproduction à de terribles combats. Mais ces animaux n’étaient pas connus en Europe occidentale au Moyen Âge. Peut-être est-il fait allusion ici au léopard de mer (Hydrurga leptonix Blainville, 1820), une espèce de phoque particulièrement agressive, qui peut s’en prendre à ses congénères et constitue le plus redoutable prédateur de l’Arctique après l’orque.
Notes de traduction :
4. Cette précision est issue des Cyranides (2, lettre Φ), mais elle ne figure pas dans la version latine : « Le phoque marin est un très bel animal, bien connu ; il a des mains humaines et le mufle d’une petite vache. » (Traduction du texte grec par F. de Mély, Les lapidaires de l’Antiquité et du Moyen Âge, tome III, Les lapidaires grecs, Paris, chez Ernest Leroux, 1902, p. 61)