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Édité et traduit par Brigitte Gauvin ; Catherine Jacquemard ; Marie-Agnès Lucas-Avenel.XXIX. De koki [le phoque1identificationLe koki est le phoque (famille des Phocidae Gray, 1821, peut-être Phoca vitulina Linné, 1758). Le nom koki est issu du grec φώκη, le φ étant la plupart du temps transcrit k après le passage par l’arabe.]
[β] Arist. HA, 566 b 27 - 567 a 12 MS
[γ] Arist. HA, 501 a 22 MS
[δ] Arist. HA, 498 b 14 MS
[ε] Arist. HA, 497 a 12-13 MS
[ζ] Arist. HA, 498 a 33-40 MS
[α] Le phoque est un animal marin, selon Aristote . [β] Mais il vit aussi bien sur terre que dans la mer. Il ne peut respirer dans l’eau. Il dort près de la mer, sur la terre, et demeure là la plupart du temps. C’est là qu’il met bas ses petits. Mais il n’en a que deux ou trois2explicationLa femelle ne met qu’un petit au monde à la fois. Chez la plupart des phoques, le petit est sevré au bout de deux semaines et doit alors se nourrir seul, de plancton et de petits poissons. Chez le phoque commun, l’allaitement dure de quatre à huit semaines.. Lors de la mise bas il expulse aussi un placenta et il a des petits en toute période de l’année, comme l’homme. Au bout de douze jours après la mise bas, les petits suivent leur mère jusqu’à la mer et ce de nombreuses fois par jour, afin de s’habituer aux eaux de la mer3explicationCes informations sur la mise bas et l’éducation des petits on déjà été données supra au chapitre XXII, De helco, de même que celles qui suivent sur le cri de l’animal et la manière de le tuer. Mais elles venaient de Plin. nat. 9, 41.. Cet animal a des mamelles qui lui permettent de nourrir ses petits. Son corps est cartilagineux, comme la seiche, et ses os sont moins robustes qu’il ne faudrait, si bien qu’il a parfois du mal à se déplacer sur ses pattes faibles et à se tenir sur ses pieds4explicationLes phoques, comme les morses et les otaries, appartiennent à la famille des pinnipèdes, animaux qui ont des pattes en forme de nageoires. Ils possèdent bien quatre pattes. Les pattes arrière, dont on ne distingue que les extrémités, ne servent que sous l’eau ; leurs muscles sont soutenus, quand le phoque nage, par les vertèbres élargies du bas de la colonne vertébrale. Quant aux pattes avant, les phoques ne s’en servent que comme nageoires, et ils rampent quand ils sont à terre, contrairement aux otaries qui peuvent s’appuyer sur elles pour avancer ; grâce à elles, elles peuvent grimper sur les rochers et même sauter.. Son déplacement doit plus à sa forte volonté et à sa souplesse5traductionLevitas ne peut ici désigner la légèreté, mais peut signifier la souplesse ; on ne peut pas cependant omettre complètement la possibilité qu’il s’agisse de l’autre levitas, avec e long, au sens de « corps lisse, poli » : sur la glace ou sur un rivage plat, en effet, le phoque se déplace en glissant. de son corps qu’à sa force physique. On a du mal à le tuer, sauf à coups de maillet. Son cri ressemble à celui du taureau, et ce surtout quand on le tue. L’appareil génital de la femelle du phoque est comme celui de la femme, et dans son ventre on trouve un pénis qui permet l’accouplement6explicationCette remarque étrange vient d’une erreur de traduction de Michel Scot. Aristote écrit en effet : « Et la femelle a également le même organe génital qu’une brebis ; mais ressemble pour tout le reste à une femme » (Louis 1968, 88). Le mot grec traduit par P. Louis par les termes « organe génital » est αίδιον, qui en grec désigne à la fois l’appareil génital mâle et l’appareil femelle. En traduisant ce mot, ou son équivalent en arabe, par virga en parlant de la femelle, Michel Scot aboutit à une absurdité : Et in ejus femina invenitur virga sicut invenitur in natura <feminae>. Si la formulation de Thomas de Cantimpré peut éventuellement être comprise autrement grâce à l’ambigüité du pronom eius, qui renvoie à la femelle mais pourrait renvoyer à phocae, l’encyclopédiste suit vraisemblablement Michel Scot. Le reste du chapitre, un des plus documentés sur le plan zoologique, témoigne une fois encore de la qualité de certaines observations d’Aristote et illustre le caractère ouvertement naturaliste que Thomas de Cantimpré a voulu donner à son ouvrage.. [γ] Il a des dents très pointues, [δ] une petite queue comme le cerf, des reins comme ceux de la vache. [ε] Dans son ventre il n’y a pas de sang, et en voici la raison : deux veines, qui arrivent sous les reins, se ramifient en ceux-ci et ne parviennent pas jusqu’au ventre ; et c’est pourquoi le ventre de cet animal n’est pas irrigué. Mais les autres membres du corps ont du sang qui ne gèle jamais. [ζ] Cet animal a quatre pieds dotés d’articulations, cinq doigts à chaque pied, et la forme du pied est celle d’une queue de poisson7explicationLes pattes-nageoires des pinnipèdes possèdent des doigts très allongés et reliés entre eux par de la peau, ce qui forme des palmes..
Notes d'identification :
1. Le koki est le phoque (famille des Phocidae Gray, 1821, peut-être Phoca vitulina Linné, 1758). Le nom koki est issu du grec φώκη, le φ étant la plupart du temps transcrit k après le passage par l’arabe.
Notes d'explication :
2. La femelle ne met qu’un petit au monde à la fois. Chez la plupart des phoques, le petit est sevré au bout de deux semaines et doit alors se nourrir seul, de plancton et de petits poissons. Chez le phoque commun, l’allaitement dure de quatre à huit semaines. |
3. Ces informations sur la mise bas et l’éducation des petits on déjà été données supra au chapitre XXII, De helco, de même que celles qui suivent sur le cri de l’animal et la manière de le tuer. Mais elles venaient de Plin. nat. 9, 41. |
4. Les phoques, comme les morses et les otaries, appartiennent à la famille des pinnipèdes, animaux qui ont des pattes en forme de nageoires. Ils possèdent bien quatre pattes. Les pattes arrière, dont on ne distingue que les extrémités, ne servent que sous l’eau ; leurs muscles sont soutenus, quand le phoque nage, par les vertèbres élargies du bas de la colonne vertébrale. Quant aux pattes avant, les phoques ne s’en servent que comme nageoires, et ils rampent quand ils sont à terre, contrairement aux otaries qui peuvent s’appuyer sur elles pour avancer ; grâce à elles, elles peuvent grimper sur les rochers et même sauter. |
6. Cette remarque étrange vient d’une erreur de traduction de Michel Scot. Aristote écrit en effet : « Et la femelle a également le même organe génital qu’une brebis ; mais ressemble pour tout le reste à une femme » (Louis 1968, 88). Le mot grec traduit par P. Louis par les termes « organe génital » est αίδιον, qui en grec désigne à la fois l’appareil génital mâle et l’appareil femelle. En traduisant ce mot, ou son équivalent en arabe, par virga en parlant de la femelle, Michel Scot aboutit à une absurdité : Et in ejus femina invenitur virga sicut invenitur in natura <feminae>. Si la formulation de Thomas de Cantimpré peut éventuellement être comprise autrement grâce à l’ambigüité du pronom eius, qui renvoie à la femelle mais pourrait renvoyer à phocae, l’encyclopédiste suit vraisemblablement Michel Scot. Le reste du chapitre, un des plus documentés sur le plan zoologique, témoigne une fois encore de la qualité de certaines observations d’Aristote et illustre le caractère ouvertement naturaliste que Thomas de Cantimpré a voulu donner à son ouvrage. |
7. Les pattes-nageoires des pinnipèdes possèdent des doigts très allongés et reliés entre eux par de la peau, ce qui forme des palmes.
Notes de traduction :
5. Levitas ne peut ici désigner la légèreté, mais peut signifier la souplesse ; on ne peut pas cependant omettre complètement la possibilité qu’il s’agisse de l’autre levitas, avec e long, au sens de « corps lisse, poli » : sur la glace ou sur un rivage plat, en effet, le phoque se déplace en glissant.