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Édité et traduit par Brigitte Gauvin ; Catherine Jacquemard ; Marie-Agnès Lucas-Avenel.XXXIII. De ludolacra [le loup1identificationCe poisson semble être le loup (Dicentrarchus labrax Linné, 1758). Kitchell & Resnick 1999, 1687, voient dans le mot ludolachra une déformation du nom labrax dont parle Aristote, qui mentionne ses quatre nageoires (en grec πτέρυξ), mot qui signifie à la fois « aile » et « nageoire ». Michel Scot, dans sa traduction (Arist. HA 489 b 28 MS), rend le terme par ala, qui signifie « aile », très rarement « nageoire ». Il est difficile de savoir quelle représentation concrète les hommes du Moyen Âge se faisaient de cet animal (poisson ou poisson ailé). Les illustrateurs des manuscrits de Thomas de Cantimpré ont tous choisi de représenter l’animal comme un poisson pourvu de quatre ailes ou un oiseau. La tradiction de Michel Scot permet par ailleurs de saisir partiellement comment on est arrivé au poisson fabuleux ludolachra : Animalia vero aquosa natabilia habent alas, sicut piscis. Et ex eo est quod habet quatuor alas, duas in facie et duas in dorso ejus sicut piscis qui vocatur harchea kidolatra, « Mais les animaux qui vivent dans l’eau et nagent ont des nageoires, comme les poissons. Et parmi eux certains possèdent quatre nageoires, deux sur le devant et deux sur le dos comme le poisson qu’on appelle harchea kidolatra » : le texte grec porte χρύσοφρυς καὶ λάϐραξ (la dorade et le loup) ; Michel Scot garde bien lachra, dans lequel on reconnaît le λάϐραξ du texte grec, le καὶ est peut-être à reconnaître dans les syllabes ki ou kido ; quant au reste du mot, qui ne rappelle rien du grec, il semble très déformé. Le passage ensuite à ludolachra reste mystérieux.]
[β] Arist. HA, 489 b 23 MS
[γ] ?
[α] La ludolachra est un animal marin hautement remarquable, à ce que dit Aristote, par sa nature et sa configuration. [β] Elle a quatre ailes diposées de la manière suivante : deux sur le devant et deux sur le dos, [γ] dont elle se sert avec une étonnante rapidité pour aller d’un endroit à un autre, partout où elle en a envie.
Notes d'identification :
1. Ce poisson semble être le loup (Dicentrarchus labrax Linné, 1758). Kitchell & Resnick 1999, 1687, voient dans le mot ludolachra une déformation du nom labrax dont parle Aristote, qui mentionne ses quatre nageoires (en grec πτέρυξ), mot qui signifie à la fois « aile » et « nageoire ». Michel Scot, dans sa traduction (Arist. HA 489 b 28 MS), rend le terme par ala, qui signifie « aile », très rarement « nageoire ». Il est difficile de savoir quelle représentation concrète les hommes du Moyen Âge se faisaient de cet animal (poisson ou poisson ailé). Les illustrateurs des manuscrits de Thomas de Cantimpré ont tous choisi de représenter l’animal comme un poisson pourvu de quatre ailes ou un oiseau. La tradiction de Michel Scot permet par ailleurs de saisir partiellement comment on est arrivé au poisson fabuleux ludolachra : Animalia vero aquosa natabilia habent alas, sicut piscis. Et ex eo est quod habet quatuor alas, duas in facie et duas in dorso ejus sicut piscis qui vocatur harchea kidolatra, « Mais les animaux qui vivent dans l’eau et nagent ont des nageoires, comme les poissons. Et parmi eux certains possèdent quatre nageoires, deux sur le devant et deux sur le dos comme le poisson qu’on appelle harchea kidolatra » : le texte grec porte χρύσοφρυς καὶ λάϐραξ (la dorade et le loup) ; Michel Scot garde bien lachra, dans lequel on reconnaît le λάϐραξ du texte grec, le καὶ est peut-être à reconnaître dans les syllabes ki ou kido ; quant au reste du mot, qui ne rappelle rien du grec, il semble très déformé. Le passage ensuite à ludolachra reste mystérieux.