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Édité et traduit par Brigitte Gauvin ; Catherine Jacquemard ; Marie-Agnès Lucas-Avenel.XXVIII. De ipothamo [l’hippopotame1identificationLes appellations ipothamus de Thomas de Cantimpré et ipodromus d’Albert le Grand désignent un même animal, l’hippopotame (Hippopotamus amphibius Linné, 1758).]
[β] Plin. nat.8, 95
[β] Sol. coll.32, 30
[γ] JV Or.88
[δ] Sol. coll.32, 31
[ε] Plin. nat.8, 96
[ζ] Sol. coll.32, 31
[η] JV Or.88
[θ] Plin. nat.8, 95
[ι] Plin. nat.11, 227
[κ] Plin. nat.8, 96
[α] L’hippopotame, à ce que dit Pline2explicationLe marqueur de citation est erroné puisque ce passage vient de Jacques de Vitry et non de Pline. Notons que pour ce chapitre, de manière exceptionnelle, Thomas de Cantimpré ne prend pas ses informations chez Aristote mais puise à trois autres sources, deux anciennes, Pline et Solin, et une récente, Jacques de Vitry, dont l’Historia orientalis fut rédigée entre 1216 et 1227., est une bête qui de la même manière habite dans le Nil. Il naît sur la terre : il a autant de force dans l’eau et sur terre. Il est ordinairement plus grand que l’éléphant. Il a le museau relevé en arrière, les sabots fendus, la queue en tire-bouchon, [β] les dents prurigineuses3traductionCette indication curieuse s’explique par les aléas de la transmission textuelle. Au départ, Pline écrit et dentibus aprorum aduncis, « et des dents recourbées de sanglier » ; Solin reprend cette observation de manière plus synthétique, en écrivant : aprinis dentibus, « avec des dents de sanglier » ; mais on trouve aussi, dans la tradition manuscrite de Solin, aprugineis dentibus qui a le même sens, si ce n’est que le terme rare aprugineis a gêné les copistes : aprugineis est donc devenu, chez Jacques de Vitry, ferrugineis (« des dents couleur de fer », voir Grossel 2005, 262), ou prurigineis (« des dents prurigineuses », voir Donnadieu 2008, 362). Dans le texte de Thomas de Cantimpré, on retrouve les deux versions : le terme fautif et la périphrase exacte. et recourbées, semblables aux défenses des sangliers ; [γ] mais il a le dos et le hennissement du cheval. La nuit, il broute les récoltes, qu’il atteint en marchant comme à reculons, afin que lorsqu’il rebrousse chemin, le chasseur, dupé par ses empreintes, ne puisse lui tendre aucun piège. [δ] Lorsque cette bête est gonflée pour avoir trop mangé, elle recherche très avidement des roseaux fraîchement coupés [ε] ou des épines acérées et se roule longtemps au milieu de ceux-ci jusqu’à ce qu’elle se blesse en s’entaillant une veine de la patte, afin de se purger par cette saignée. [ζ] Il a les pieds plus sensibles aux blessures que toute autre partie du corps. Il soigne sa plaie avec diligence, jusqu’à ce que la blessure ait cicatrisé4explicationL’hippopotame passait pour être l’inventeur de la saignée (cf. Plin. nat. 28, 121 : hippopotamio, repertore detrahendi sanguinis, ut diximus. ; voir aussi Plin. nat. 8, 96) et on lui attribuait des connaissances médicales, comme la capacité à faire cicatriser une plaie avec un emplâtre d’argile.. [η] On le trouve principalement dans les contrées de l’Inde. [θ] Son dos est impénétrable, à moins d’être imbibé d’eau. [ι] Avec sa peau, on tourne des lances5explicationIl s’agit des hampes de javelot (cf. Hdt. 2, 71).. [κ] Scaurus introduisit cette bête ainsi que cinq crocodiles dans les jeux romains, à ce que dit Pline.
Notes d'identification :
1. Les appellations ipothamus de Thomas de Cantimpré et ipodromus d’Albert le Grand désignent un même animal, l’hippopotame (Hippopotamus amphibius Linné, 1758).
Notes d'explication :
2. Le marqueur de citation est erroné puisque ce passage vient de Jacques de Vitry et non de Pline. Notons que pour ce chapitre, de manière exceptionnelle, Thomas de Cantimpré ne prend pas ses informations chez Aristote mais puise à trois autres sources, deux anciennes, Pline et Solin, et une récente, Jacques de Vitry, dont l’Historia orientalis fut rédigée entre 1216 et 1227. |
4. L’hippopotame passait pour être l’inventeur de la saignée (cf. Plin. nat. 28, 121 : hippopotamio, repertore detrahendi sanguinis, ut diximus. ; voir aussi Plin. nat. 8, 96) et on lui attribuait des connaissances médicales, comme la capacité à faire cicatriser une plaie avec un emplâtre d’argile. |
5. Il s’agit des hampes de javelot (cf. Hdt. 2, 71).
Notes de traduction :
3. Cette indication curieuse s’explique par les aléas de la transmission textuelle. Au départ, Pline écrit et dentibus aprorum aduncis, « et des dents recourbées de sanglier » ; Solin reprend cette observation de manière plus synthétique, en écrivant : aprinis dentibus, « avec des dents de sanglier » ; mais on trouve aussi, dans la tradition manuscrite de Solin, aprugineis dentibus qui a le même sens, si ce n’est que le terme rare aprugineis a gêné les copistes : aprugineis est donc devenu, chez Jacques de Vitry, ferrugineis (« des dents couleur de fer », voir Grossel 2005, 262), ou prurigineis (« des dents prurigineuses », voir Donnadieu 2008, 362). Dans le texte de Thomas de Cantimpré, on retrouve les deux versions : le terme fautif et la périphrase exacte.