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Édité et traduit par Brigitte Gauvin ; Catherine Jacquemard ; Marie-Agnès Lucas-Avenel.XXXIV. De monachis maris [« les moines de mer » : les anges de mer1identificationOn connaît le phoque moine (Monachus monachus Hermann, 1779), qui est aussi appelé le phoque de Méditerranée. Mais celui-ci n’a rien d’un monstre dangereux, et il évite plutôt les hommes qu’il ne cherche à les attirer. On pourrait penser au monkfish des Anglais, « l’ange » en français, espèce de squale (Squalus squatina Linné, 1758). De fait, Latham et al. 2002 recense, s. v. Monachus, le piscis monachus, qu’il reconnaît comme étant le Squatina angelus d’après Gerv. Tilb. 3, 63 (illic [in oceano Britannico] piscis monachus ad medium ventrem squama monachali piscem tegit), qui, comme Thomas de Cantimpré et Albert le Grand (AM 24, 85 (45)) s’accordent à localiser l’animal dans la mer de Bretagne. Cependant, Kitchell & Resnick 1999, 1693, n. 235, renoncent à l’identifier. Parmi les sources possibles de Thomas de Cantimpré, on peut ajouter le De naturis rerum d’Alexandre Neckam, II, 25 : Monachum repraesentat piscis alius. Voir encore Leclercq-Marx 2006, §5. À la Renaissance encore, le nom latin du poisson semble avoir éveillé l’imagination des savants : Guillaume Rondelet, Libri de piscibus marinis, livre XVI, ch. 20, « De pisce monachi habitu », l’a décrit et représenté comme un calmar géant à tête de moine.]
[α] Les moines de mer sont des monstres marins qui tirent leur nom de leur nature2explicationSelon Cipriani 2017, 71, cette formule indique la plupart du temps que l’informateur principal est Thomas de Cantimpré lui-même.. Les animaux de cette espèce habitent dans la mer de Bretagne. Dans ses parties inférieures, ils ont la configuration d’un poisson, tandis que, dans ses parties supérieures, ils ont en partie l’aspect de l’homme. Ils ont la tête d’un moine qui vient d’être rasé : sur le haut du crâne, ils ont une tonsure blanche et un cercle noir autour de la tête au-dessus de la zone des oreilles, comme le cercle qui est laissé par les cheveux sur la tête du moine ou du clerc, et qui s’étend largement. Ce monstre aime à attirer les hommes qui se promènent sur le rivage, il joue devant eux et s’approche en bondissant. S’il voit qu’un homme prend plaisir à le voir jouer, il s’en réjouit et joue d’autant plus à la surface des eaux. Et s’il voit que l’homme, émerveillé, s’approche, il s’approche lui aussi et, si l’occasion lui en est fournie, il l’attrape, l’entraîne dans les profondeurs et se repaît ainsi de ses chairs. Son visage n’est pas tout à fait semblable à celui de l’homme, parce qu’il a un nez de poisson et une bouche attachée au nez.
Notes d'identification :
1. On connaît le phoque moine (Monachus monachus Hermann, 1779), qui est aussi appelé le phoque de Méditerranée. Mais celui-ci n’a rien d’un monstre dangereux, et il évite plutôt les hommes qu’il ne cherche à les attirer. On pourrait penser au monkfish des Anglais, « l’ange » en français, espèce de squale (Squalus squatina Linné, 1758). De fait, Latham et al. 2002 recense, s. v. Monachus, le piscis monachus, qu’il reconnaît comme étant le Squatina angelus d’après Gerv. Tilb. 3, 63 (illic [in oceano Britannico] piscis monachus ad medium ventrem squama monachali piscem tegit), qui, comme Thomas de Cantimpré et Albert le Grand (AM 24, 85 (45)) s’accordent à localiser l’animal dans la mer de Bretagne. Cependant, Kitchell & Resnick 1999, 1693, n. 235, renoncent à l’identifier. Parmi les sources possibles de Thomas de Cantimpré, on peut ajouter le De naturis rerum d’Alexandre Neckam, II, 25 : Monachum repraesentat piscis alius. Voir encore Leclercq-Marx 2006, §5. À la Renaissance encore, le nom latin du poisson semble avoir éveillé l’imagination des savants : Guillaume Rondelet, Libri de piscibus marinis, livre XVI, ch. 20, « De pisce monachi habitu », l’a décrit et représenté comme un calmar géant à tête de moine.
Notes d'explication :
2. Selon Cipriani 2017, 71, cette formule indique la plupart du temps que l’informateur principal est Thomas de Cantimpré lui-même.