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XVI. De delphinis [les dauphins1]

2. [α] Sol. coll. 12, 3
[β] Plin. nat. 9, 20
[γ] Sol. coll. 12, 4
[δ] Arist. HA, 566 b 21-23 MS5
[ε] Sol. coll. 12, 4
[ζ] Arist. HA, 566 b 18-21 MS
[η] Sol. coll. 12, 4
[θ] Sol. coll. 12, 4
[ι] Sol. coll. 12, 5
[κ] Arist. HA, 536 a 2-4 MS
[λ] Arist. HA, 503 a 2 MS
[μ] Plin. nat. 11, 137
[ν] Arist. HA, 537 a 30- 537 b 3 MS
[ξ] Arist. HA, 566 b 23-25 MS
[ο] Sol. coll. 12, 6
[π] Plin. nat. 9, 28
[ρ] Arist. HA, 506 b 4-5
[α] Il y a aussi dans la mer, à ce que disent Jacques de Vitry et Solin, des dauphins, bêtes aux apparences très diverses2. [β] Aucune créature plus rapide n’habite la mer. Et s’ils n’avaient la bouche, située sous le rostre, presque au milieu du ventre, aucun poisson n’échapperait à leur vélocité. Mais la providence de la nature les freine, puisqu’ils ne peuvent attraper et garder leurs proies que s’ils sont sur le dos, à l’envers3. [γ] Le dauphin met ses petits au monde au bout de dix mois de gestation. Lorsque les femelles mettent bas, les mâles dévorent leur progéniture 4[δ] et les mères se cachent avec leurs petits. Elles les aiment en effet très tendrement et pendant une longue période elles les emmènent derrière elles, et ils suivent leur mère sous l’eau. [ε] Mais quand les petits sont parvenus à la force de l’âge, s’ils ne sont pas robustes, leurs mères les accompagnent encore6. [ζ] Les petits des dauphins, selon Aristote, grandissent vite et continuent à grandir jusqu’à l’âge de dix ans. Les petits, à dix mois révolus, commencent à s’accoupler et se reproduisent7. Les dauphins ne mettent bas qu’en été, jamais en hiver. [η] Les mères allaitent les petits. Parfois elles abritent leurs petits, lorsqu’ils sont tout jeunes, dans leur bouche8. [θ] Ils n’ont pas la bouche au même endroit que les autres bêtes, mais sur le ventre, et contrairement aux autres animaux vivant dans les eaux, ils sont les seuls à avoir une langue mobile. Leurs nageoires dorsales sont pointues [ι] et lorsque ces bêtes sont en colère, elles se dressent bien droites. Mais lorsqu’ils sont paisibles, elles se dissimulent dans des replis du corps9. On dit qu’ils ne respirent pas dans l’eau, et qu’ils n’inspirent l’air nécessaire à la vie qu’à l’extérieur de l’eau. Ils ont pour voix un gémissement, semblable à celui d’un homme, [κ] et cela vient de ce qu’ils ont un poumon et une veine rugueuse10 ; leur langue n’est pas libre, et leurs lèvres ne parviennent pas à former des sons distincts. [λ] Ils n’ont pas d’oreilles, mais un orifice leur en tient lieu. [μ] Les dauphins n’ont pas non plus d’organes olfactifs visibles, et cependant ils ont un odorat très développé. [ν] Ils dorment à la surface de l’eau, de sorte qu’on peut les entendre ronfler. [ξ] Ils vivent très longtemps, jusqu’à cent quarante ans ; c’est ce qu’assure l’Experimentator, <et on l’a vu> après avoir coupé la queue d’un dauphin11. [ο] Ils entendent très bien lorsque souffle l’Aquilon ; mais, lorsque c’est l’Auster, ils sont privés d’ouïe12. La musique les charme, ils aiment le chant des flûtes et, lorsqu’ils l’entendent, ils s’approchent en bancs. [π] Alors que des marins, en mer, s’apprêtaient à tuer Arion, le citharède, celui-ci obtint d’eux de pouvoir chanter, auparavant, en s’accompagnant à la cithare. Les dauphins se réunirent pour entendre son chant ; alors qu’il s’était jeté dans la mer, l’un d’eux le recueillit et le transporta jusqu’au rivage13. [ρ] Selon Aristote, il est le seul animal à n’avoir pas de fiel.
3. [ς] Arist. HA, 631 a 8-20 MS
[σ] Plin. nat. 9, 33
[τ] Exp.?
[υ] ?
[φ] TC
[χ] ?
[ς] Les petits dauphins restent toujours ensemble, comme en troupeau, et ils ont deux grands dauphins comme gardiens. Et si l’un d’eux meurt, les autres l’emportent sur leurs épaules et le gardent jusqu’à ce qu’une tempête le rejette sur le rivage. Ils gardent leurs morts, afin que les autres poissons ne les mangent pas. Ils ont en effet les uns pour les autres une affection extraordinaire. [σ] De là vient qu’on rapporte, d’après le témoignage de Pline,cette histoire : un dauphin avait été capturé par le roi de Carie ; les autres, formant une foule immense, affluèrent au port, où le dauphin était retenu prisonnier. Comme ils pleuraient et semblaient implorer sa pitié, le roi ordonna qu’on le libérât. [τ] Selon l’Experimentator, si un homme mange de la chair de dauphin et qu’il tombe à la mer, il est aussitôt dévoré par les dauphins si ceux-ci le trouvent. [υ] Mais, s’il n’en a pas mangé, ils le portent sur leurs rostres, l’amènent au rivage et le défendent contre les autres poissons. [φ] Comment peut-il se faire que les dauphins sachent qu’un homme a mangé du dauphin ? Je ne peux le comprendre, à moins que ce ne soit un secret de la nature dans lequel se révèle l’admirable puissance de Dieu, comme dans bien d’autres choses. [χ] Une foule d’autres poissons suit les dauphins. Les pêcheurs le savent et pêchent dans leur sillage.
4. [ψ] Sol. coll. 12, 7
[ω] Sol. coll. 12, 8
[αα] Sol. coll. 12, 9
[αβ] Sol. coll. 12, 10
[αγ] Sol. coll. 12, 11
[ψ] Sous le principat d’Auguste, en Campanie, un enfant commença à apprivoiser un dauphin en lui donnant des morceaux de pain ; ensuite, l’animal prit confiance au point de venir manger dans la main de l’enfant ; puis, comme l’enfant avait pris de l’assurance, il sauta sur le dos du dauphin et se fit porter par celui-ci. [ω] Au début, cela parut prodigieux à ceux qui assistaient à la scène, mais ensuite ce spectacle se répéta si longtemps que cela cessa d’être un prodige. Or, bien des années plus tard, l’enfant mourut ; comme le dauphin ne le voyait pas revenir pour ses habituelles chevauchées, qu’il l’attendait à un lieu déterminé et que l’enfant ne venait pas, le dauphin s’éteignit sous les yeux de la foule. Mecenatus, Fabianus14 et Solin rapportent le fait dans leurs écrits. [αα] Près d’Hippone, une ville d’Afrique située en bord de mer, un dauphin fut nourri par les habitants de la ville ; il s’offrit à leurs caresses et transporta souvent des passagers qu’on installait sur son dos. Comme un proconsul d’Afrique, Flavien, l’avait enduit d’onguents, l’animal, assoupi par le parfum, nouveau pour lui, gisait à la surface des flots houleux comme s’il était mort. [αβ] Histoire de la Perse : Près de la ville d’Iasos, dans le royaume de Babylone15, un dauphin s’éprit d’un enfant. Alors que l’enfant revenait au rivage, après leurs jeux habituels, l’animal le suivit avec trop d’exaltation : il fut entraîné sur le sable et s’échoua. [αγ] En outre, près de la même ville, les flots agités avaient tué un autre enfant, appelé Herianus, pendant qu’il chevauchait un dauphin sur la mer dans des circonstances semblables ; le dauphin le ramena au rivage et, comme s’il reconnaissait sa culpabilité, il expia sa faute en se laissant mourir16.