CopierCopier dans le presse-papierPour indiquer l’adresse de consultation« Thomas de Cantimpré - Livre de la Nature — Livre VI. Les monstres marins.  », in Bibliothèque Ichtya, état du texte au 21/11/2024. [En ligne : ]
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Édité et traduit par Brigitte Gauvin ; Catherine Jacquemard ; Marie-Agnès Lucas-Avenel.

XXXIX. De orcha [l’orque ou épaulard1identificationSur l’identification de l’orcha (Orcinus orca Linné, 1758) décrit ici d’après Pline, il n’y a pas d’hésitation (voir De Saint-Denis 1947, 41). L’orque est un dauphin géant, dont le comportement agressif est bien connu, même si elle peut être apprivoisée. C’est un chasseur redoutable qui se nourrit d’autres poissons et mammifères marins, et sa traque peut l’amener très près des plages. Voir aussi TC VII, 7, s.v. aries.]

Lieux parallèles : AM, [Orcha] (24, 89 (46)) ; VB De nereide et orcha (17, 121) ; HS, Nereides et orcha (4, 64).
2. [α] Plin. nat.9, 12
[β] Plin. nat.9, 13
[γ] TC
[α] L’orque est un monstre marin, à ce que dit Pline, qu’on ne saurait mieux représenter que par l’image d’une immense montagne de chair.[β] Armées de dents redoutables, elles font irruption dans les retraites des cètes : elles déchirent à coups de dents leurs petits, ou encore les baleines qui ont mis bas, ou même celles qui sont pleines. Les baleines, incapables de se tourner, inaptes à la contre-attaque, accablées par leur poids et pourvues de nageoires sans force, ne connaissent d’autre recours que la fuite en haute mer et l’abri de tout l’océan. Au contraire, les orques, ces bêtes aussi tenaces que cruelles, s’efforcent de leur couper la retraite et de s’opposer à elles, de massacrer celles qui se sont laissé surprendre dans des passages étroits, de les pousser sur les bancs de sable, de les jeter contre les rochers[γ] Les baleines, croyons-nous, représentent les âmes innocentes et simples, qui ne connaisssent ni le bien ni le mal : lorsque celles-ci ont rejoint la communauté des êtres vertueux et qu’elles ont commencé à mener une vie retirée et éloignée du monde ainsi qu’à s’épanouir en accouchant de bonnes œuvres qui lui sont inspirées par la crainte de Dieu, aussitôt l’orque, ce monstre du terrible gouffre des Enfers, le diable, se met à les poursuivre par les tourments divers de la tentation  ; il s’emploie tantôt à les massacrer en les acculant dans les passes de la pauvreté, tantôt à les pousser sur les bas-fonds de la luxure, tantôt à les précipiter contre de dangereux écueils, c’est-à-dire l’insensibilité du cœur. Mais comme elles ne connaissent pas le malheur et ne savent pas résister — grâce aux fréquentes purifications du cœur qu’assurent les prières et les jeunes ou la confession —, brisées par le désespoir, elles se réfugient dans la mer vaste et effrayante, et, renonçant à leur premier engagement de chasteté, qui les fiançait au Christ, elles deviennent très aisément la proie de ce mal ancien à cause de ce monstre si cruel.

Notes d'identification :

1. Sur l’identification de l’orcha (Orcinus orca Linné, 1758) décrit ici d’après Pline, il n’y a pas d’hésitation (voir De Saint-Denis 1947, 41). L’orque est un dauphin géant, dont le comportement agressif est bien connu, même si elle peut être apprivoisée. C’est un chasseur redoutable qui se nourrit d’autres poissons et mammifères marins, et sa traque peut l’amener très près des plages. Voir aussi TC VII, 7, s.v. aries.