CopierCopier dans le presse-papierPour indiquer l’adresse de consultation« Thomas de Cantimpré - Livre de la Nature — Livre VI. Les monstres marins.  », in Bibliothèque Ichtya, état du texte au 21/11/2024. [En ligne : ]
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Édité et traduit par Brigitte Gauvin ; Catherine Jacquemard ; Marie-Agnès Lucas-Avenel.

XIII. De canibus marinis [les « chiens de mer » : les squales1identificationL’appellation « chien de mer » recouvre plus de cent espèces de squales, par exemple l’émissole commune (Mustelus mustelus Linné, 1758), l’aiguillat commun (Squalus acanthias Linné, 1758) ou la grande roussette (Scyliorhinus stellaris Linné, 1758).]

Lieux parallèles : AM, [Canes marini] (24, 37 (26)) ; VB, De caab et cane marino (17, 103) ; HS, Canis marinus (4, 17).
2. [α] Plin. nat.9, 92
[α] Les chiens de mer sont des bêtes marines, selon Pline, que leur souffle et leur agressivité rendent redoutables2explicationCe chapitre pose un problème de source. En effet, Thomas de Cantimpré commet un sérieux contresens sur un passage de Pline qui décrit des chiens attaquant un poulpe venu à terre : « On croyait affronter un monstre. En effet il repoussait les chiens de son souffle redoutable, tantôt les fouettant du bout de ses tentacules, tantôt leur assénant de ses bras les plus forts comme des coups de massue ; et on eut du mal à le tuer, en le perçant de nombreux tridents. » Se trompant sur la fonction de canes, ne comprenant pas que les chiens attaquent le poulpe, il réunit sous l’étiquette canis marinus des informations concernant le céphalopode.. Ils sont en effet les ennemis de tous les êtres vivants, qui cèdent à leurs coups. Ils ont des dents très puissantes en forme de clous3explicationCette dernière phrase est une parfaite illustration de la manière dont le texte d’une source se trouve facilement corrompu. Chez Pline, les chiens sont frappés (concussos) par les bras les plus puissants du poulpe (brachiis robustioribus) qui assènent des coups comme des massues (modo clauarum) ; chez Thomas les bras (brachiis) deviennent des dents (bronchos) et les massues (claua, ae, f) deviennent des clous (clauus, i, m). Thomas de Cantimpré reconstruit ensuite une phrase autour de ces deux termes, adaptant peut-être ainsi les éléments venus de Pline à ce que lui-même sait des squales..
3. [β] ?
[β] Leur peau fait fuir les chiens terrestres.
4. [γ] Plin. nat.9, 92
[γ] Dans la mer ils chassent d’innombrables bancs de poissons comme les chiens4explicationC’est cette manière de chasser en meute qui a valu à ces espèces le nom de chiens de mer. La deuxième partie de la notice, dans laquelle Thomas de Cantimpré glose sa source, peut évoquer d’autres passages de l’œuvre, par exemple la manière dont les orques attaquent les baleines ou celle dont les dauphins servent de rabatteurs pour aider les pêcheurs. qui, sur terre, chassent les bêtes sauvages, sauf qu’ils ne peuvent pas aboyer ; mais en guise d’aboiement ils émettent un souffle terrifiant. Pourchassant donc les bancs de poissons, ils les acculent dans des passages étroits et, de cette manière, quand ils les ont ainsi acculés, ils les attaquent et les tuent cruellement. Mais les pêcheurs, qui connaissent les lieux dans lesquels les poissons se réfugient au terme de leur fuite, les attrapent en les piégeant dans leurs filets. Il est difficile de tuer ces bêtes, et on y parvient en leur assénant de nombreux coups de trident.

Notes d'identification :

1. L’appellation « chien de mer » recouvre plus de cent espèces de squales, par exemple l’émissole commune (Mustelus mustelus Linné, 1758), l’aiguillat commun (Squalus acanthias Linné, 1758) ou la grande roussette (Scyliorhinus stellaris Linné, 1758).

Notes d'explication :

2. Ce chapitre pose un problème de source. En effet, Thomas de Cantimpré commet un sérieux contresens sur un passage de Pline qui décrit des chiens attaquant un poulpe venu à terre : « On croyait affronter un monstre. En effet il repoussait les chiens de son souffle redoutable, tantôt les fouettant du bout de ses tentacules, tantôt leur assénant de ses bras les plus forts comme des coups de massue ; et on eut du mal à le tuer, en le perçant de nombreux tridents. » Se trompant sur la fonction de canes, ne comprenant pas que les chiens attaquent le poulpe, il réunit sous l’étiquette canis marinus des informations concernant le céphalopode. | 

3. Cette dernière phrase est une parfaite illustration de la manière dont le texte d’une source se trouve facilement corrompu. Chez Pline, les chiens sont frappés (concussos) par les bras les plus puissants du poulpe (brachiis robustioribus) qui assènent des coups comme des massues (modo clauarum) ; chez Thomas les bras (brachiis) deviennent des dents (bronchos) et les massues (claua, ae, f) deviennent des clous (clauus, i, m). Thomas de Cantimpré reconstruit ensuite une phrase autour de ces deux termes, adaptant peut-être ainsi les éléments venus de Pline à ce que lui-même sait des squales. | 

4. C’est cette manière de chasser en meute qui a valu à ces espèces le nom de chiens de mer. La deuxième partie de la notice, dans laquelle Thomas de Cantimpré glose sa source, peut évoquer d’autres passages de l’œuvre, par exemple la manière dont les orques attaquent les baleines ou celle dont les dauphins servent de rabatteurs pour aider les pêcheurs.