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Édité et traduit par Brigitte Gauvin ; Catherine Jacquemard ; Marie-Agnès Lucas-Avenel.XXXII. De luligine [le calmar ou l’exocet1identificationThomas de Cantimpré distingue le monstre, luligo, du poisson, lolligo (VII, 44), qu’il décrit à partir de deux sources différentes : Pline et Aldhelm. Or, sous le nom lolligo, Pline, selon De Saint-Denis, désigne deux animaux : un poisson volant, l’exocet (Exocoetus volitans Linné, 1758), et un céphalopode, le calmar (Loligo vulgaris Lamarck, 1758). Cependant, cette distinction ne s’impose pas, et la loligo de Pline désigne probablement le calmar (voir VII, 44, note d’identification). Dès lors, comme il est probable que luligo soit une variante du nom plinien, l’animal décrit ici désigne aussi le calmar, bien qu’il ne soit caractérisé que par sa capacité à s’élever dans les airs comme les oiseaux — ce qui fait plutôt penser à l’exocet. En l’absence du texte d’Aldhelm, qui s’est sans doute appuyé sur la brève affirmation fournie par Plin. nat IX, 84 : Lolligo etiam uolitat extra aquam, il est impossible de savoir quelle est la part qu’a prise Thomas de Cantimpré dans la rédaction de cette notice et la création de ce monstrum. ?]
[α] La luligo [l’exocet] est un monstre marin, à ce que dit Aldhelm2explicationL’auteur nommé Adelinus dans l’édition de Boese est Aldhelm, abbé de Malmesbury (639 ?–709), auteur des Enigmata. On lui a également longtemps attribué le Liber monstrorum. Voir Adhelm sur data.BnF. Le nom Adelinus vient probablement d’une mélecture d’Adelmus., si étonnant qu’on croirait assurément que la nature s’est amusée en le créant ; et elle l’a créé pour qu’on le préfère à presque toutes les bêtes de la mer. Cet animal, en effet, dont la peau est couverte d’écailles3explicationComme la seiche, le calmar a une peau lisse couverte de chromatophores, qui lui permettent de changer de couleur. L’exocet, en revanche, est bien pourvu d’écailles., explore les profondeurs de la mer avec les bancs de poissons. Mais quand il est fatigué des flots de la mer, il prend son envol grâce aux ailes couvertes de plumes4explicationCet élément est fantaisiste. Le calmar a un sac effilé portant des nageoires en forme de triangle qui peuvent être assimilées à des ailes, mais bien évidemment pas de plumes. Voir De Saint-Denis 1943, 150-151 ; 1947, 58. que la nature lui a données dans ce but et gagne les cieux avec les oiseaux. Cependant, une fois qu’il s’est élevé dans les airs, le monstre ne peut supporter le souffle des vents, mais très vite, lorsqu’il est ballotté par des vents contraires, il est contraint de rejoindre les flots et se laisse glisser dans les profondeurs.
Notes d'identification :
1. Thomas de Cantimpré distingue le monstre, luligo, du poisson, lolligo (VII, 44), qu’il décrit à partir de deux sources différentes : Pline et Aldhelm. Or, sous le nom lolligo, Pline, selon De Saint-Denis, désigne deux animaux : un poisson volant, l’exocet (Exocoetus volitans Linné, 1758), et un céphalopode, le calmar (Loligo vulgaris Lamarck, 1758). Cependant, cette distinction ne s’impose pas, et la loligo de Pline désigne probablement le calmar (voir VII, 44, note d’identification). Dès lors, comme il est probable que luligo soit une variante du nom plinien, l’animal décrit ici désigne aussi le calmar, bien qu’il ne soit caractérisé que par sa capacité à s’élever dans les airs comme les oiseaux — ce qui fait plutôt penser à l’exocet. En l’absence du texte d’Aldhelm, qui s’est sans doute appuyé sur la brève affirmation fournie par Plin. nat IX, 84 : Lolligo etiam uolitat extra aquam, il est impossible de savoir quelle est la part qu’a prise Thomas de Cantimpré dans la rédaction de cette notice et la création de ce monstrum.
Notes d'explication :
2. L’auteur nommé Adelinus dans l’édition de Boese est Aldhelm, abbé de Malmesbury (639 ?–709), auteur des Enigmata. On lui a également longtemps attribué le Liber monstrorum. Voir Adhelm sur data.BnF. Le nom Adelinus vient probablement d’une mélecture d’Adelmus. |
3. Comme la seiche, le calmar a une peau lisse couverte de chromatophores, qui lui permettent de changer de couleur. L’exocet, en revanche, est bien pourvu d’écailles. |
4. Cet élément est fantaisiste. Le calmar a un sac effilé portant des nageoires en forme de triangle qui peuvent être assimilées à des ailes, mais bien évidemment pas de plumes. Voir De Saint-Denis 1943, 150-151 ; 1947, 58.