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XLVI. De syrenis [les sirènes1]

2. [α]  Physiol. B 12
[β] TC?
[γ]  LM, I, 7
[δ]  Physiol. B12
[ε] ?
[α] Les sirènes sont des animaux dotés d’une voix, à ce que dit le Physiologus ; depuis la tête jusqu’au nombril, elles ont l’apparence d’une femme de grande taille2 [β] avec un visage effrayant et des cheveux très longs et hérissés sur la tête. Elles se montrent avec leurs petits qu’elles portent dans leurs bras. En effet, elles les allaitent avec les mamelles volumineuses que porte leur poitrine. Lorsque les marins aperçoivent des sirènes, ils ont très peur et leur jettent alors une bouteille vide, afin qu’elles jouent avec celle-ci pendant que le navire passe. C’est ce qu’attestent ceux qui déclarent en avoir vu.3. [γ] Le reste du corps des sirènes, à ce qu’écrit Aldhelm, est pareil à celui d’un aigle, avec des pattes dotées de serres faites pour déchirer. En outre, elles ont, à l’extrémité de leur corps, une queue couverte d’écailles, dont elles se servent comme d’une rame pour nager dans les abîmes4. [δ] Leur voix produit un chant mélodieux et très doux, qui charme et attire les navigateurs, puis les plonge dans le sommeil ; une fois qu’ils sont assoupis, les sirènes les mettent en pièces de leurs griffes. [ε] Ces bêtes séjournent, dit-on, dans certaines îles aux abîmes profonds et parfois dans les flots. Mais quelques marins font preuve de sagesse : ils se bouchent hermétiquement les oreilles et ainsi ils passent librement sans que le chant mortel des sirènes les invite au sommeil5.
3. [ζ] Isid. orig. 11, 3, 31
[η] TC
[ζ] Isidore explique que les sirènes ne sont pas véritablement des animaux monstrueux, mais des prostituées, qui réduisaient à la misère les hommes qui croisaient leur chemin. Elles furent dotées d’ailes et de serres, car l’amour vole et blesse. Elles séjournent dans les fleuves, c’est-à-dire dans le torrent de la luxure. [η] Cependant la plupart, et même presque tous les philosophes, ainsi que certains commentateurs des saints ne sont pas de l’avis d’Isidore et affirment que les sirènes sont véritablement des monstres marins. Dès lors, nous croyons qu’elles sont véritablement des monstres de la mer dépourvus de raison6. Il ne faut pas croire que leur chant soit articulé, de sorte qu’on puisse distinguer les syllabes et les mots ; au contraire, il est assurément dépourvu de mots distincts, comme le chant des oiseaux.