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Édité et traduit par Brigitte Gauvin ; Catherine Jacquemard ; Marie-Agnès Lucas-Avenel.|| VIII. De cervo marino [le « cerf marin1identificationCet étrange animal provient des Cyranides, dont la première traduction latine date de 1169, et il est vraisemblablement le fruit d’une mauvaise lecture. En effet, dans la version grecque, le livre IV des Cyranides, qui concerne les animaux marins, comporte à la lettre Pi un chapitre intitulé *Peri pneumonos, « Sur le poumon de mer », consacré à la méduse. Celle-ci est décrite sans ambiguïté dans la première phrase : « Le poumon marin est un animal informe, qui ne nage pas, replié sur lui-même ». La traduction latine, quant à elle, présente à la lettre Pi un chapitre intitulé De cicno marino. Le début du chapitre commence ainsi : Pulmonarius, id est cicnus marinus, ce qui explique l’incohérence alphabétique apparente. Si Thomas de Cantimpré a repris sous la forme polmorarius, assez proche, l’un des noms de l’animal, pulmonarius, il est en revanche probable que son cervus soit un cicnus malmené par la transmission manuscrite. Par ailleurs la traduction latine de 1169 a supprimé deux phrases, dont la première qui décrivait l’animal ; ce qu’il en reste ne permettait guère de se livrer à une identification. Ce chapitre ne figure pas dans toutes les versions du Liber de natura rerum, et Albert le Grand ne l’a pas repris. » : la méduse]
[α] Il existe un cerf marin,à ce que dit le livre des Cyranides, qu’on appelle polmorarius. Il dresse au-dessus des flots sa tête garnie de bois et invite les oiseaux à venir se poser sur lui, comme pour les inciter à se reposer ou à manger ses chairs. Mais tandis que les oiseaux se reposent, il les attrape soudain et les dévore après les avoir tués2traductionLe texte latin des Cyranides indique simplement : « Le pulmonarius, c’est-à-dire le cygne marin, guérit la goutte et les engelures des pieds si on l’utilise en application sur les pieds. Il fait en sorte que tous les oiseaux du ciel viennent souvent voler au-dessus de lui afin de les attraper, quand ils le picorent. En fumigation, les os de cet animal détournent tous les maux, comme le fait aussi l’étoile <de mer>, c’est-à-dire l’astir. » Thomas de Cantimpré supprime comme souvent les indications à portée médicale et, sans doute inspiré par le terme cervus, il ajoute le détail des bois qui servent de perchoir aux oiseaux.
Notes d'identification :
1. Cet étrange animal provient des Cyranides, dont la première traduction latine date de 1169, et il est vraisemblablement le fruit d’une mauvaise lecture. En effet, dans la version grecque, le livre IV des Cyranides, qui concerne les animaux marins, comporte à la lettre Pi un chapitre intitulé *Peri pneumonos, « Sur le poumon de mer », consacré à la méduse. Celle-ci est décrite sans ambiguïté dans la première phrase : « Le poumon marin est un animal informe, qui ne nage pas, replié sur lui-même ». La traduction latine, quant à elle, présente à la lettre Pi un chapitre intitulé De cicno marino. Le début du chapitre commence ainsi : Pulmonarius, id est cicnus marinus, ce qui explique l’incohérence alphabétique apparente. Si Thomas de Cantimpré a repris sous la forme polmorarius, assez proche, l’un des noms de l’animal, pulmonarius, il est en revanche probable que son cervus soit un cicnus malmené par la transmission manuscrite. Par ailleurs la traduction latine de 1169 a supprimé deux phrases, dont la première qui décrivait l’animal ; ce qu’il en reste ne permettait guère de se livrer à une identification. Ce chapitre ne figure pas dans toutes les versions du Liber de natura rerum, et Albert le Grand ne l’a pas repris.
Notes de traduction :
2. Le texte latin des Cyranides indique simplement : « Le pulmonarius, c’est-à-dire le cygne marin, guérit la goutte et les engelures des pieds si on l’utilise en application sur les pieds. Il fait en sorte que tous les oiseaux du ciel viennent souvent voler au-dessus de lui afin de les attraper, quand ils le picorent. En fumigation, les os de cet animal détournent tous les maux, comme le fait aussi l’étoile <de mer>, c’est-à-dire l’astir. » Thomas de Cantimpré supprime comme souvent les indications à portée médicale et, sans doute inspiré par le terme cervus, il ajoute le détail des bois qui servent de perchoir aux oiseaux.