CopierCopier dans le presse-papierPour indiquer l’adresse de consultation« Thomas de Cantimpré - Livre de la Nature — Livre VI. Les monstres marins.  », in Bibliothèque Ichtya, état du texte au 18/01/2025. [En ligne : ]
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Édité et traduit par Brigitte Gauvin ; Catherine Jacquemard ; Marie-Agnès Lucas-Avenel.

V. De barchora [le murex, la tortue de mer1identificationLa barchora, dont le nom vient de la porphyra grecque (le murex), est le produit d’une lecture trop rapide du texte d’Aristote : suite à une contamination de deux passages qui traitent de l’alimentation des testacés, l’animal se trouve ainsi pourvu des caractéristiques de deux animaux très différents, le murex (Murex Linné, 1758) et la tortue de mer (Chelonioidea Bauer, 1893).]

Lieux parallèles : AM, [Barchera] (24, 19 (20)) ; VB, De barchora (17, 102) ; HS, Barchora (4, 12).
2. [α] Arist. HA, 590 b 1-2 MS
[β] Arist. HA, 590 b 4-10 MS
[γ] ?
[α] La barchora, à ce que dit Aristote, est un animal marin et mange de petits poissons2traductionCe passage du texte d’Aristote (Arist. HA 590 b 1 MS) concerne le murex : « Et les animaux qui se meuvent et qui sont carnassiers se nourrissent de petits poissons, comme la barchora ; et puisqu’elle mange des petits poissons, on lui jette pour cette raison des petits poissons. ». [β] L’orifice <buccal>3explicationIl s’agit du bec de la tortue, particulièrement dur, qui lui permet de briser la coquille des mollusques. de cet animal forme une bouche plus dure que celle de tous les autres animaux, quels qu’ils soient, puisque, s’il saisit une pierre dans sa bouche, il la brise. Cet animal sort parfois sur la rive et y broute l’herbe. Et il doit alors revenir dans l’eau et s’y plonger, afin que son dos ne se dessèche pas sous l’ardeur du soleil, sans quoi il ne pourrait plus se tourner comme il faut.4traductionCe premier passage du texte d’Aristote (Arist. HA 590 b 2 MS) concerne la tortue : « Et la tortue marine mange des coquillages et son bec est plus dur que celui de tous les autres animaux puisque, si elle prend une pierre dans son bec, elle la mange, la broie ; elle sort aussi sur la rive et se nourrit d’herbe. Et quand elle revient dans l’eau, elle monte à la surface et y nage, si bien qu’elle se dessèche au soleil ; puisqu’il ne lui est pas aisé de retourner dans l’eau dans une autre heure. » La traduction de Michel Scot introduit un élément temporel, in alia hora, plutôt obscur ; Thomas de Cantimpré déforme le texte de Michel Scot, qui suit fidèlement Aristote : c’est quand elle est dans l’eau, à la surface, que la tortue risque le dessèchement, et non sur terre.[γ] Les pêcheurs attrapent cet animal grâce à de tout petits poissons qu’ils jettent dans la mer après les avoir enfilés vivants sur une ligne. Ces petits poissons, ne pouvant s’enfuir mais frétillant tous ensemble, sont exposés aux morsures de l’animal dont nous avons parlé. Et celui-ci, tout occupé pendant ce temps à les avaler l’un après l’autre, se fait capturer.5explicationNous n’avons pu identifier la source de ce commentaire, qui fait penser à la pêche à la palangre, ligne munie de nombreux hameçons sur lesquels on enfile des appâts : peut-être est-ce un rapprochement fait par Thomas de Cantimpré lui-même à partir du passage d’Aristote selon lequel on jette de petits poissons aux murex ? Mais si les tortues de mer sont actuellement victimes de ce type de pêche, destiné à la capture d’autres poissons, celui-ci n’a jamais été utilisé pour pêcher cet animal, et encore moins pour pêcher les murex.

Notes d'identification :

1. La barchora, dont le nom vient de la porphyra grecque (le murex), est le produit d’une lecture trop rapide du texte d’Aristote : suite à une contamination de deux passages qui traitent de l’alimentation des testacés, l’animal se trouve ainsi pourvu des caractéristiques de deux animaux très différents, le murex (Murex Linné, 1758) et la tortue de mer (Chelonioidea Bauer, 1893).

Notes d'explication :

3. Il s’agit du bec de la tortue, particulièrement dur, qui lui permet de briser la coquille des mollusques. | 

5. Nous n’avons pu identifier la source de ce commentaire, qui fait penser à la pêche à la palangre, ligne munie de nombreux hameçons sur lesquels on enfile des appâts : peut-être est-ce un rapprochement fait par Thomas de Cantimpré lui-même à partir du passage d’Aristote selon lequel on jette de petits poissons aux murex ? Mais si les tortues de mer sont actuellement victimes de ce type de pêche, destiné à la capture d’autres poissons, celui-ci n’a jamais été utilisé pour pêcher cet animal, et encore moins pour pêcher les murex.

Notes de traduction :

2. Ce passage du texte d’Aristote (Arist. HA 590 b 1 MS) concerne le murex : « Et les animaux qui se meuvent et qui sont carnassiers se nourrissent de petits poissons, comme la barchora ; et puisqu’elle mange des petits poissons, on lui jette pour cette raison des petits poissons. » | 

4. Ce premier passage du texte d’Aristote (Arist. HA 590 b 2 MS) concerne la tortue : « Et la tortue marine mange des coquillages et son bec est plus dur que celui de tous les autres animaux puisque, si elle prend une pierre dans son bec, elle la mange, la broie ; elle sort aussi sur la rive et se nourrit d’herbe. Et quand elle revient dans l’eau, elle monte à la surface et y nage, si bien qu’elle se dessèche au soleil ; puisqu’il ne lui est pas aisé de retourner dans l’eau dans une autre heure. » La traduction de Michel Scot introduit un élément temporel, in alia hora, plutôt obscur ; Thomas de Cantimpré déforme le texte de Michel Scot, qui suit fidèlement Aristote : c’est quand elle est dans l’eau, à la surface, que la tortue risque le dessèchement, et non sur terre.