Capitulum XIIII2apparatcaput 13 1536.
Balaena
Balaena (Épernay, BM, Inc. 3017)
[α] Isid. orig.12, 6, 73sourcesBallenae autem sunt inmensae magnitudinis bestiae, ab emittendo et fundendo aquas uocatae ; ceteris enim bestiis maris altius iaciunt undas : βάλλειν enim graece emittere dicitur.
Isidorus. [α] Balaena est immensae magnitudinis bestia, ab emittendo et fundendo aquas vocata. Ceteris enim bestiis maris altius jacit undas. Balin4philologieL’étymologie proposée par Isidore de Séville, qui rapproche le latin ballaena (avec la géminée) du verbe grec βάλλειν, « lancer », est fantaisiste (voir De Saint-Denis 1947, 13-14 ; André 1986, 187, n. 338). Une autre étymologie, plus raisonnable, a été proposée dès l’Antiquité par Festus, cité par Paul Diacre (Paul. Fest. 26, 6), qui fait descendre le latin ballaena du grec φάλαινα, « la baleine ». Cependant, les dictionnaires étymologiques de Ernout & Meillet 1967, s. v. ballaena, et de Chantraine 1990, s. v. φάλαινα, préfèrent voir dans le latin ballaena et le grec φάλαινα deux mots de même origine mais sans emprunt du latin au grec. Ils suggèrent un rapport avec φαλλός qui désigne le pénis et supposent en amont une famille indo-européenne de mots signifiant « se gonfler ». autem Graece dicitur emittere.
[β] Plin. nat.9, 126sourcesIn Gaditano oceano non ante brumam conspici eas tradunt, condi autem statis temporibus in quodam sinu placido et capaci, mire gaudentis ibi parere ; hoc scire orcas, infestam his beluam et cuius imago nulla repraesentatione exprimi possit alia quam carnis inmensae dentibus truculentae.
[γ] Plin. nat.9, 1311sourcesInrumpunt ergo in secreta ac uitulos earum aut fetas uel etiamnum grauidas lancinant morsu incursuque ceu Liburnicarum rostris fodiunt. Illae ad flexum inmobiles, ad repugnandum inertes et pondere suo oneratae, tunc quidem utero graues pariendiue poenis inualidae, solum auxilium nouere in altum profugere et se toto defendere oceano. Contra orcae occurrere laborant seseque opponere et caueatas angustiis trucidare, in vada urguere, saxis inlidere. Spectantur ea proelia ceu mari ipso sibi irato, nullis in sinu uentis, fluctibus uero ad anhelitus ictusque quantos nulli turbines uoluunt.
[δ] Plin. nat.9, 1624sourcesOra ballaenae habent in frontibus ideoque summa aqua natantes in sublime nimbos efflant.
[ε] Plin. nat.9, 1927sourcesBranchiae non sunt ballaenis nec delphinis. Haec duo genera fistula spirant, quae ad pulmonem pertinet, ballaenis a fronte, delphinis a dorso.
Plinius libro nono5philologieL’Hortus sanitatis, via Vincent de Beauvais, puise ici ses informations dans Plin. nat. 9, 8-19, et les restitue fidèlement. Nous reprenons la traduction proposée par De Saint-Denis 1955, 41-44, sauf les expressions en romain qui rendent compte des variantes de l’Hortus sanitatis.. [β] Balaenas in Gaditano oceano non ante brumam7apparatbrunam 1491 prunam Prüss1. conspici tradunt, condi autem aestatis temporibus in quodam sinu placido8apparatplacito Prüss1. et capa
[ζ] Plin. nat.9, 4131sourcesQuae pilo uestiuntur animal pariunt, ut pristis, ballaena, uitulus.
Item30apparatidem 1536.. [ζ] Quae pilo vestiuntur animalia pariunt, ut pristis32apparatpristes 1536. balaena vitulus.
[η] Plin. nat.10, 21033sourcesNam delphini ballaenaeque stertentes etiam audiuntur.
Idem in libro decimo. [η] Balaenae ac delphini dormiunt. Nam etiam stertentes audiuntur.
[θ] Sol. coll.52, 4235sourcesIndica maria balaenas habent ultra spatia quattuor iugerum, sed et quos physeteras nuncupant, qui enormes supra molem ingentium columnarum, ultra antennas se nauium extollunt, haustosque fistulis fluctus ita eructant ut nimbosa alluuie plerumque deprimant alueos nauigantium.
Solinus34philologieSolin emprunte ses informations à Plin. nat. 9, 4 et Plin. nat. 9, 8.. [θ] Indica maria balaenas ultra spatia quattuor jugerum habent. Sed quos fascituras nuncupant, qui enormes supra molem ingentium columnarum, ultra navium antemnas se extollunt, haustosque fistulis fluctus ita eructuant36apparateructant VB. ut nimbosa alluvie plerumque navigantium alveos deprimant.
[ι] TC nat.6, 6, 18-19
[κ] TC nat.6, 6, 12-18
Ex Libro de naturis rerum37philologieLa matière du long développement que Thomas de Cantimpré accorde au cète, tel qu’on peut le lire dans l’édition Boese du Liber de natura rerum, est distribuée, dans le Speculum naturale, entre le chapitre que Vincent de Beauvais consacre à la baleine (ch. 34) et ceux qu’il consacre au cète (ch. 41, 42, 43). L’édition Boese témoigne cependant d’un état de la tradition manuscrite qui comportait, en plus du chapitre De cetho du livre 6 De monstris, un chapitre intitulé De cetho uel ballena au livre 7 De piscibus (entre TC 7, 18 et 7, 19) ; c’est peut-être à cet état de l’œuvre de Thomas de Cantimpré que remonte la répartition observée dans le Speculum naturale, plus qu’à un tri opéré par Vincent de Beauvais lui-même. L’Hortus sanitatis, via Vincent de Beauvais, reproduit fidèlement le contenu de la notice de Thomas de Cantimpré, mais il en modifie l’organisation interne en déplaçant le fragment TC 6, 6, 18-19, en début de citation. Le texte de Thomas de Cantimpré résulte ici de la combinaison de deux sources : Pline, auquel Thomas de Cantimpré renvoie pour le fragment TC 6, 6, 12-13, et l’Experimentator, dont la référence ouvre la séquence TC 6, 6, 13-19. La nature de l’œuvre désignée par Thomas de Cantimpré sous le nom d’Experimentator et les formes possibles sous lesquelles elle est parvenue jusqu’à nous font encore aujourd’hui l’objet de vifs débats (voir le traitement très récent de la question dans Van den Abeele 2011 ; avec de fortes réserves, en particulier sur l’analyse et la restitution proposées par Deus 1998). Thomas de Cantimpré présente l’Experimentator, l’une de ses sources privilégiées pour les livres 4 à 9 sur les animaux, comme une compilation contemporaine : Inveni etiam librum quendam suppresso auctoris nomine, quem modernis temporibus compilatum audivi (TC, Prologue, 36-39), et les fragments qui sont mis au compte de l’Experimentator laissent entrevoir un traité qui faisait la part belle aux usages médicinaux et magiques tirés des animaux.. [ι] Balaenae, branchias non habentes, fistula spirant, quod raro in marinis animalibus invenitur. [κ] Fetus suos gestant cum infirmantur et invalidi sunt ; et si parvi sunt, eos in ore suscipiunt. Hoc idem imminente tempestate faciunt, et post tempestatem illos evomunt. Quoniam38apparatquando VB. propter defectum aquae fetus impediuntur ne matrem sequantur, mater aquam in ore receptam instar fluvii ad eos ejicit ut sic inhaerentes terrae liberet39philologieL’emprunt à l’Experimentator se poursuit avec ce nouvel exemple de la sollicitude maternelle des baleines, peut-être inspiré des phénomènes d’échouage sur le rivage. On trouve chez Barthélemy l’Anglais une notice similaire, placée sous le patronage de Iorach, qui laisse supposer que l’Experimentator et Iorach ont puisé à une même tradition, qui a sans doute circulé entre Orient et Occident : catulos suos amore mire diligit et eos in pelago longo tempore circumducit ; quod si eos ab arenarum cumulis impedire contigerit, aquae multitudinem in ore collectam super eos fundit, et sic eos a periculo liberans ad profundum pelagi reuocat (De proprietatibus rerum, livre XIII, De aqua, ch. 26, De piscibus, 1650, p. 587). Voir, pour ce rapprochement, Draelants 2000, 266.. Adultos etiam diu comitatur. Adolescunt autem celeriter et decem annis crescunt40philologieThomas de Cantimpré n’enferme pas ses citations dans des limites strictes, et ce passage, bien qu’intégré dans un renvoi à l’Experimentator, semble bien remonter à Pline, invoqué par Thomas de Cantimpré juste auparavant (à moins qu’il ne s’agisse d’une transmission indirecte via l’Experimentator). La similitude est en effet très claire avec Plin. nat. 9, 21 : Quin et adultos diu comitantur magna erga partum caritate. Adolescunt celeriter, X annis putantur ad summam magnitudinem peruenire..
Notes d’apparat :
2. caput 13 1536. |
7. brunam 1491 prunam Prüss1. |
8. placito Prüss1. |
9. miri 1536. |
10. orchas VBd ut semper. |
12. et 1536. |
13. fetus 1491 Prüss1 VB . |
14. etiam nondum 1491 Prüss1 VB etiam nimi 1536. |
15. inerte 1536 merces 1491 Prüss1. |
16. onerare 1491. |
17. profugere VB. |
18. contra 1536. |
19. seseque 1536. |
20. cautium 1536. |
21. urgere iter. 1491. |
22. satis 1491 Prüss1. |
23. volvant 1491 Prüss1 1536 VB. |
25. annotantes 1491 Prüss1. |
26. summa 1491 Prüss1 VB. |
28. pertinet VB2. |
29. delphinas 1491 Prüss1 1536 delphinus VB2. |
30. idem 1536. |
32. pristes 1536. |
36. eructant VB. |
38. quando VB.
Notes philologiques :
4. L’étymologie proposée par Isidore de Séville, qui rapproche le latin ballaena (avec la géminée) du verbe grec βάλλειν, « lancer », est fantaisiste (voir De Saint-Denis 1947, 13-14 ; André 1986, 187, n. 338). Une autre étymologie, plus raisonnable, a été proposée dès l’Antiquité par Festus, cité par Paul Diacre (Paul. Fest. 26, 6), qui fait descendre le latin ballaena du grec φάλαινα, « la baleine ». Cependant, les dictionnaires étymologiques de Ernout & Meillet 1967, s. v. ballaena, et de Chantraine 1990, s. v. φάλαινα, préfèrent voir dans le latin ballaena et le grec φάλαινα deux mots de même origine mais sans emprunt du latin au grec. Ils suggèrent un rapport avec φαλλός qui désigne le pénis et supposent en amont une famille indo-européenne de mots signifiant « se gonfler ». |
5. L’Hortus sanitatis, via Vincent de Beauvais, puise ici ses informations dans Plin. nat. 9, 8-19, et les restitue fidèlement. Nous reprenons la traduction proposée par De Saint-Denis 1955, 41-44, sauf les expressions en romain qui rendent compte des variantes de l’Hortus sanitatis. |
34. Solin emprunte ses informations à Plin. nat. 9, 4 et Plin. nat. 9, 8. |
37. La matière du long développement que Thomas de Cantimpré accorde au cète, tel qu’on peut le lire dans l’édition Boese du Liber de natura rerum, est distribuée, dans le Speculum naturale, entre le chapitre que Vincent de Beauvais consacre à la baleine (ch. 34) et ceux qu’il consacre au cète (ch. 41, 42, 43). L’édition Boese témoigne cependant d’un état de la tradition manuscrite qui comportait, en plus du chapitre De cetho du livre 6 De monstris, un chapitre intitulé De cetho uel ballena au livre 7 De piscibus (entre TC 7, 18 et 7, 19) ; c’est peut-être à cet état de l’œuvre de Thomas de Cantimpré que remonte la répartition observée dans le Speculum naturale, plus qu’à un tri opéré par Vincent de Beauvais lui-même. L’Hortus sanitatis, via Vincent de Beauvais, reproduit fidèlement le contenu de la notice de Thomas de Cantimpré, mais il en modifie l’organisation interne en déplaçant le fragment TC 6, 6, 18-19, en début de citation. Le texte de Thomas de Cantimpré résulte ici de la combinaison de deux sources : Pline, auquel Thomas de Cantimpré renvoie pour le fragment TC 6, 6, 12-13, et l’Experimentator, dont la référence ouvre la séquence TC 6, 6, 13-19. La nature de l’œuvre désignée par Thomas de Cantimpré sous le nom d’Experimentator et les formes possibles sous lesquelles elle est parvenue jusqu’à nous font encore aujourd’hui l’objet de vifs débats (voir le traitement très récent de la question dans Van den Abeele 2011 ; avec de fortes réserves, en particulier sur l’analyse et la restitution proposées par Deus 1998). Thomas de Cantimpré présente l’Experimentator, l’une de ses sources privilégiées pour les livres 4 à 9 sur les animaux, comme une compilation contemporaine : Inveni etiam librum quendam suppresso auctoris nomine, quem modernis temporibus compilatum audivi (TC, Prologue, 36-39), et les fragments qui sont mis au compte de l’Experimentator laissent entrevoir un traité qui faisait la part belle aux usages médicinaux et magiques tirés des animaux. |
39. L’emprunt à l’Experimentator se poursuit avec ce nouvel exemple de la sollicitude maternelle des baleines, peut-être inspiré des phénomènes d’échouage sur le rivage. On trouve chez Barthélemy l’Anglais une notice similaire, placée sous le patronage de Iorach, qui laisse supposer que l’Experimentator et Iorach ont puisé à une même tradition, qui a sans doute circulé entre Orient et Occident : catulos suos amore mire diligit et eos in pelago longo tempore circumducit ; quod si eos ab arenarum cumulis impedire contigerit, aquae multitudinem in ore collectam super eos fundit, et sic eos a periculo liberans ad profundum pelagi reuocat (De proprietatibus rerum, livre XIII, De aqua, ch. 26, De piscibus, 1650, p. 587). Voir, pour ce rapprochement, Draelants 2000, 266. |
40. Thomas de Cantimpré n’enferme pas ses citations dans des limites strictes, et ce passage, bien qu’intégré dans un renvoi à l’Experimentator, semble bien remonter à Pline, invoqué par Thomas de Cantimpré juste auparavant (à moins qu’il ne s’agisse d’une transmission indirecte via l’Experimentator). La similitude est en effet très claire avec Plin. nat. 9, 21 : Quin et adultos diu comitantur magna erga partum caritate. Adolescunt celeriter, X annis putantur ad summam magnitudinem peruenire.
Notes de source :
3. Ballenae autem sunt inmensae magnitudinis bestiae, ab emittendo et fundendo aquas uocatae ; ceteris enim bestiis maris altius iaciunt undas : βάλλειν enim graece emittere dicitur. |
6. In Gaditano oceano non ante brumam conspici eas tradunt, condi autem statis temporibus in quodam sinu placido et capaci, mire gaudentis ibi parere ; hoc scire orcas, infestam his beluam et cuius imago nulla repraesentatione exprimi possit alia quam carnis inmensae dentibus truculentae. |
11. Inrumpunt ergo in secreta ac uitulos earum aut fetas uel etiamnum grauidas lancinant morsu incursuque ceu Liburnicarum rostris fodiunt. Illae ad flexum inmobiles, ad repugnandum inertes et pondere suo oneratae, tunc quidem utero graues pariendiue poenis inualidae, solum auxilium nouere in altum profugere et se toto defendere oceano. Contra orcae occurrere laborant seseque opponere et caueatas angustiis trucidare, in vada urguere, saxis inlidere. Spectantur ea proelia ceu mari ipso sibi irato, nullis in sinu uentis, fluctibus uero ad anhelitus ictusque quantos nulli turbines uoluunt. |
24. Ora ballaenae habent in frontibus ideoque summa aqua natantes in sublime nimbos efflant. |
27. Branchiae non sunt ballaenis nec delphinis. Haec duo genera fistula spirant, quae ad pulmonem pertinet, ballaenis a fronte, delphinis a dorso. |
31. Quae pilo uestiuntur animal pariunt, ut pristis, ballaena, uitulus. |
33. Nam delphini ballaenaeque stertentes etiam audiuntur. |
35. Indica maria balaenas habent ultra spatia quattuor iugerum, sed et quos physeteras nuncupant, qui enormes supra molem ingentium columnarum, ultra antennas se nauium extollunt, haustosque fistulis fluctus ita eructant ut nimbosa alluuie plerumque deprimant alueos nauigantium.