Fichier nativement numérique.
Édité et traduit par Brigitte Gauvin ; Catherine Jacquemard ; Marie-Agnès Lucas-Avenel.Introduction : Généralités
[β] Arist. HA, 504 b 22 MS
[γ] Arist. HA, 536 b 32 MS
[α] Aucun poisson, selon Aristote, n’a de cou, ni de verge, ni de testicules ou de mamelles.[β] Nous en retirons cependant le dauphin, le cète, et tous les autres monstres marins, et cela parce qu’ils engendrent des êtres semblables à eux. Ils possèdent, en effet, des mamelles grâce auxquelles ils allaitent leurs petits, qui sont cependant non au-dessus mais le long de la fosse génitale1traductionCe sens de juncturae est rare et vient de la traduction de Michel Scot. ; et les mamelles ne sont pas saillantes, mais ils possèdent comme deux canaux, d’où sort le le lait et les petits suivent leurs mères.[γ] À titre de vérification, c’est un fait qu’on peut observer à l’œil nu, en n’importe quel lieu où les monstres marins mettent bas. Tous les poissons et les animaux à carapace molle dorment un peu. On ne peut cependant pas le prouver en examinant la fermeture des paupières, puisqu’ils n’ont pas de paupières, mais c’est pendant leur sommeil qu’ils se font attraper à la main ou frapper d’un coup de trident de fer. Et il faut noter qu’ils ne bougent pas, quand ils dorment, si ce n’est leur queue, et encore à peine.
[ε] ?
[ζ] Plin. nat.10, 192-193
[δ] Augustin semble vouloir que les poissons possèdent une âme. Il prétend, en effet, qu’ils ont de la mémoire. Il dit, en effet, qu’il existe dans la région de Bullis une source pleine de poissons, qui nagent groupés, en faisant des allers et retours avec les gens qui se déplacent au-dessus d’eux, s’arrêtent quand ils s’arrêtent, et attendent qu’ils leur jettent quelque nourriture parce qu’ils en ont pris l’habitude.[ε] Une glose dit que, par une sorte d’instinct, les poissons s’éloignent lorsque le pays où ils demeurent habituellement va être dévasté. Et ce n’est pas surprenant, car, si les gens, à l’usage desquels Dieu les a réservés, ne sont pas là, la cause cessant, l’effet cessera comme de juste.[ζ] Les poissons possèdent aussi le sens de l’ouïe ; on recommande donc le silence aux pêcheurs2explicationLes poissons osseux possèdent une oreille interne avec un labyrinthe servant à l’audition et à l’équilibration. Les otolithes réagissent aux ondes sonores et permettent ainsi aux poissons de percevoir les sons, même à des fréquences très basses ; mais la ligne latérale est aussi un percepteur sensoriel pour les bruits (Muus & alii 1998, 14)..
[θ] Arist. HA, 591 a 18 MS
[ι] ?
[κ] Arist. HA, 591 a 26 MS
[λ] Arist. HA, 597 b 31 MS
[μ] Arist. HA, 598 a 17 MS
[ν] Arist. HA, 598 a 30 MS
[ξ] ?
[ο] Arist. HA, 505 a 1 MS
[π] Arist. HA, 566 a 27 MS
[ρ] TC
[ς] Boet. cons.I, 1, 5
[σ] Arist. HA, 567 a 30 MS
[τ] Arist. HA, 566 a 3 MS
[υ] Arist. HA, 568 a 22 MS
[φ] Plin. nat.11, 129
[χ] Plin. nat.9, 56
[ψ] TC
[η] On ne verra jamais un poisson s’accoupler avec des poissons d’une autre espèce, mais ils suivent l’ordre établi par la nature quant à leur sexe et à leur espèce3explicationOn peut observer quelques rares cas d’hybridation chez les cyprinidés, par exemple entre gardon et rotengle, qui est un des très rares cas où l’hybridation est féconde (Muus & Dahlström 2003, 16).. Qu’il soit couvert de honte l’homme misérable qui transgresse les bornes de la nature, qui, plus fou que toutes les bêtes, croit que le permis et l’interdit se valent, et qui méprise son sexe et sa place en profanateur impudent.[θ] Tous les poissons de la mer se mangent entre eux, exception faite de l’animal qu’on appelle le fastaleon4explicationC’est le mulet ou muge, qui ne mange en effet que des plantes et qui est, de ce fait, difficile à appâter..[ι] La raison en est que l’animal en question n’est pas du tout carnivore.[κ] Aucun animal marin ne mange ses petits, du moins pas avant qu’ils n’aient atteint leur aspect définitf et semblable à celui de leurs parents5explicationUn bon nombre d’espèces de poissons est cannibale. En eau douce, le brochet en est un exemple bien connu : il s’attaque aux alevins, aux brochetons, mais aussi aux brochets adultes..[λ] La chair des poissons qui séjournent près des rives est plus ferme et plus saine ; mais celle des poissons qui séjournent dans les profondeurs, plus humide et moins saine.[μ] Tous les poissons de roche sont gras.[ν] Et tous les bancs de poissons suivent un chef.[ξ] Aucun poisson prédateur ne nage en groupe, il en est ainsi du brochet et de ses semblables6explicationLe brochet est en effet un poisson solitaire et territorial, de même que la lote de rivière, l’anguille ou le silure..[ο] Tout poisson qui a un opercule a ses branchies sur la tête7explicativeLe texte d’Aristote a été considérablement tronqué et déformé..[π] On n’a jamais vu de poisson qui s’accouple avec un poisson d’une autre espèce.[ρ] Qu’il soit donc couvert de honte l’homme, le pire de tous les animaux, qui transgresse les limites fixées aux créatures et, contre les règles naturelles, en ennemi de la nature, s’accouple avec des bêtes immondes.[ς] Ce n’est donc pas à tort dans le Livre des Consolations de Boèce qu’on voit des représentations de la sagesse porter un vêtement déchiré à l’endroit où l’espèce humaine se trouvait figurée.[σ] Il faut, en outre, savoir, à propos des poissons, qu’une grande partie, et la plus nombreuse, des œufs qu’ils pondent, périt sous le coup de circonstances multiples et variées. Et ce n’est pas étonnant car, si tous parvenaient à maturité, ils se multiplieraient à l’excès[τ] Ceux des poissons qui sont mâles ont leurs canaux pleins de semence, si bien qu’on voit leur semence s’écouler à l’extérieur assez souvent.[υ] Les petits poissons se reproduisent dans des eaux peu profondes, de préférence à proximité de racines de saules ou d’autres arbres.[φ] Il existe des poissons, à ce que dit Pline, qui sont, par nature, d’une telle légèreté, que, s’ils ne possédaient pas des têtes exagérément disproportionnées par rapport à leur corps, ils ne pourraient pas s’enfoncer dans l’eau8explicationLes poissons osseux ont pour la plupart une vessie natatoire qui leur permet de modifier leur capacité de flottaison selon qu’ils l’emplissent d’air ou la vident. Mais les poissons à grosse tête comme le gobie ou le chabot sont la plupart du temps des poissons de fond, chez qui la vessie natatoire s’atrophie naturellement (Muus & alii 1998, 11-12).. [χ] Ceux des poissons qui sont femelles sont plus grands que ne le sont les mâles9explicationOn retrouvera cette idée plus bas, attribuée cette fois à l’Experimentator.. On attrape mieux les poissons avant le lever du soleil, car c’est le moment où l’on trompe le mieux la vue des poissons. Ils voient aussi bien de nuit que de jour. S’ils avalent de l’huile, ils meurent10philologieIl y a visiblement un problème dans la transmission de Pline, car celui-ci dit exactement le contraire : l’huile est l’aliment que les poissons préfèrent ; ensuite vient l’eau de pluie.. [ψ] Une grande partie des œufs périt chez les poissons, quand la femelle pond en se déplaçant. Et cela au contraire de ces religieux11traductionLa phrase est correcte, mais peu compréhensible puisqu’on attend un parallèle plutôt qu’une opposition. Contra pose problème. Pourrait-on le comprendre comme « cet exemple dénonce l’attitude des religieux » ? Mais nulle part ailleurs chez Thomas de Cantimpré contra n’a ce sens., qui, en circulant par curiosité, perdent les fruits des bonnes œuvres. Malheur donc à ceux dont la profession ou le service [ne] les amène [pas] souvent à négliger leur force d’âme en circulant à l’extérieur12traductionLe texte pose problème et le sens général du passage est très confus. La négation semble aller à l’encontre du sens attendu. On comprend mal ce que désigne sepe (l’adverbe « souvent » ? Les substantifs « clôture » ou « filet » ?). Le sens de l’expression ab animi virtute n’est pas clair ici. Enfin, pour éviter de construire dissimulo de manière absolue, nous avons choisi de faire de ab animi virtute le complément de dissimulant, qui devrait par ailleurs être au subjonctif, en donnant à ce verbe le sens de « négliger ». On peut suspecter une tradition corrompue ou une lacune..
[αα] Arist. HA, 570 a 25 MS
[αβ] Arist. HA, 601 a 23? MS
[αγ] Arist. HA, 601 a 27 MS
[αδ] Arist. HA, 601 b 9 MS
[αε] Arist. HA, 601 b 24 MS
[αζ] Arist. HA, 589 a 11 MS
[αη] Arist. HA, 597 b 31 MS
[αθ] Arist. HA, 537 a 4 MS
[αι] TC?
[ακ] Arist. HA, 543 a 30 MS
[αλ] Plin. nat.9, 69
[αμ] Plin. nat.32, 141
[ω] Certains poissons se génèrent d’eux-mêmes, sans accouplement : les uns à partir des déjections des autres poissons, d’autres directement de la terre, et d’autres de cette pourriture délitée qu’on voit flotter à la surface de l’eau comme de l’huile13explicationCette explication de la reproduction spontanée, reprise par Pline, n’est plus acceptée aujourd’hui mais la reproduction des poissons reste mystérieuse à bien des égards. Même avec les moyens scientifiques modernes, on ne sait encore presque rien sur la reproduction des anguilles, de même qu’on ne connaît pas la durée de la gestation du requin blanc..[αα] Avant la saison des naissances ou des accouplements, ils circulent librement, mâles et femelles nagent ensemble en bancs ; mais, à la saison des naissances ou des accouplements, ils se déplacent chacun avec son partenaire.[αβ] Certains poissons s’affaiblissent quand ils font leurs petits, et c’est pour cette raison qu’on les attrape alors plus facilement qu’à un autre moment14explicationDe nombreuses espèces d’animaux aquatiques meurent après avoir frayé, soit parce qu’ils sont épuisés, comme les poissons anadromes, soit parce qu’ils sont arrivés au terme de leur brève existence, comme les poulpes..[αγ] La sécheresse est préjudiciable aux poissons ;[αδ] et la plupart des poissons engraissent par temps de pluie, car la pluie leur réussit comme aux plantes terrestres. C’est pourquoi on les voit nager à la surface et se jouer de la pluie qui tombe.[αε] Tous les poissons qui ont, par nature, une pierre dans la tête, souffrent plus de l’hiver que ceux qui n’en ont pas ; et en voici la raison, c’est que la pierre qu’ils ont dans la tête refroidit leur cerveau15explicationLes otolithes sont une concrétion minérale de l’oreille interne qui joue un rôle dans l’équilibration et dans l’audition ; ils n’existent que chez les poissons osseux. Ils sont déjà présents chez le poisson à l’état fœtal et grandissent tout au long de sa vie.. Voilà pourquoi, quand le froid menace, ce type de poissons gagne les grandes profondeurs.[αζ] Tous les monstres marins et toutes les espèces de poissons qui se déplacent respirent par conséquent.[αη] La chair des poissons qui aiment nager au fond de l’eau est plus humide et moins saine à consommer.[αθ] Il existe une multitude de poissons au plus profond des fonds marins[αι] qui ne se montrent que rarement ou jamais à la vue des hommes.[ακ] Le développement de tous les œufs des poissons de mer est rapide et pressé16explicationLa maturation des œufs s’effectue plus ou moins rapidement selon la température de l’eau et la durée de la lumière du jour ; chez les saumons, l’incubation peut durer de 70 à 200 jours selon l’environnement (Muus & Dahlström 2003, 66)..[αλ] Certains poissons, à ce qu’en dit Pline, ont des branchies à plusieurs lames, d’autres à une seule lame et d’autres à double lame17explicationLes poissons osseux (Téléostéens) ont quatre paires de branchies sous chaque opercule ; la branchie se compose d’un os, l’arc branchial, sur lequel s’insèrent deux lames branchiales constituées de fins filaments au nombre de 200 environ. Les poissons cartilagineux (Chondrichtyens) n’ont pas d’opercule, mais 5 à 7 fentes branchiales, qui s’ouvrent séparément à l’extérieur.. Ceux-ci18traductionPline a hiis et non hii ; le texte de Pline signifiait : par elles (= les branchies) ils rejettent l’eau avalée par la bouche. M. Cipriani donne hii. recrachent l’eau qu’ils ont avalée par la bouche. La dureté des écailles, qui ne sont pas semblables chez tous, est un signe de vieillesse19explicationLes poissons osseux sont couverts d’écailles, contrairement aux poissons cartilagineux qui n’en ont pas et possèdent à la place des dents cutanées, minuscules et serrées chez le requin, grandes et dispersées chez la raie. Parmi les poissons à écailles, certains ont des écailles lisses comme l’anguille, le hareng ou le saumon, d’autres des écailles dites rugueuses, dont le bord postérieur se termine par une pointe carénée, comme les labres ou les chabots. Les écailles n’apparaissent qu’après le stade juvénile ; elles s’accroissent en même temps que le poisson, se régénèrent en cas de fissure et leur nombre est constant (Muus & alii 1998, 8-9)..[αμ] Si on frotte du bois avec le poumon d’un poisson de mer, on le verra s’enflammer comme de l’huile.[αν] C’est pourquoi on a l’habitude de tirer aussi de l’huile des poumons de certains poissons de mer.
[αο] Arist. HA, 538 a 22 MS
[απ] Arist. HA, 567 a 25 MS
[αρ] Arist. HA, 567 b 13 MS
[ας] Arist. HA, 568 a 11 MS
À ce qu’en dit l’Expérimentateur :[αξ] Il y a des poissons qui ne touchent pas le récipient qui sert à les attraper, à moins qu’il ne soit neuf. Ils possèdent, en effet, le sens du toucher. Et il y en a, à ce qu’en dit Aristote, qui ne le possèdent pas, et on les prend plus facilement. [αο] Chez les poissons, les femelles sont plus allongées que les mâles et leur chair est plus ferme. La chair des poissons est plus ferme au niveau du dos et à l’avant que sur le reste du corps.[απ] On ne trouve pas d’œufs dans les poissons, sauf dans ceux qui s’accouplent20explicationLes poissons peuvent être ovipares, ce qui est le cas le plus fréquent : la femelle pond des œufs que le mâle vient féconder. Mais il existe aussi des poissons ovovivipares, qui se reproduisent par accouplement. La femelle donne alors naissance à des alevins, mais ceux-ci ont grandi dans un œuf dont la membrane se fissure peu avant la naissance : c’est par exemple le cas de l’aiguillat commun (Squalus acanthias Linné, 1758). On trouve enfin un très petit nombre de poissons vivipares. Ils se reproduisent par accouplement, comme les gobies et les gambusies. Dans le ventre de la mère, les alevins se nourrissent d’ovules ou peuvent pratiquer le cannibalisme intra-utérin, comme chez les goodeidés ou les requins-taupes..[αρ] La plupart font leurs petits sur les bords des fleuves, s’ils en sont à proximité, et cela parce que c’est un endroit où il n’y a pas de vent, où il fait chaud, et où l’eau douce est abondante.[ας] Les poissons des marais, pour la plupart, sont féconds à cinq mois ; et tous les poissons font généralement des petits à l’âge d’un an21explicationLes espèces de grande taille atteignent la maturité sexuelle beaucoup plus tardivement : les esturgeons, par exemple, sont matures entre sept et neuf ans pour les mâles, entre huit et quatorze pour les femelles ; chez les brochets, le mâle est mûr à deux ans, la femelle à quatre..
[ασ] Les poissons s’efforcent toujours de revenir sur leur lieu de naissance, quelle que soit la distance qu’ils aient à descendre ou à remonter dans le fleuve ; et cela les précipite souvent dans les dangers22explicationLes poissons anadromes, en effet, fraient dans les fleuves ; les petits, après avoir effectué le trajet jusqu’à la mer, où ils grandissent, remontent les fleuves quanrd ils sont adultes pour frayer à leur tour, comme le saumon, certaines truites, l’alose ou l’esturgeon, parfois à l’endroit même où ils sont nés. Sans même mentionner les dangers signalés par Thomas de Cantimpré, l’épreuve est si épuisante que la plupart des poissons anadromes meurent après avoir frayé (Muus & Dahlström 2003, 15). .
[αυ] Bas. hex.7, 3, 16
[αφ] Bas. hex.7, 4, 1
[ατ] Certains poissons engraissent avec l’Auster, d’autres avec l’Aquilon23sourcesCette remarque vient d’Arist. 602 a 23-25. Elle figure à nouveau ci-dessous sous une attribution à l’Experimentator. Elle sera souvent reprise par Thomas de Cantimpré de manière erronée à propos de différentes espèces pour parler des périodes de reproduction, impinguantur (« ils engraissent ») étant confondu avec impregnantur (« ils sont fécondés »).. Il y a une technique de pêche, à ce qu’en dit l’Expérimentateur, qui consiste à creuser un fossé le long d’une rivière, de sorte que l’eau du fleuve passe dans le fossé, et à y déposer des morceaux de bois, et alors les poissons arrivent de la rivière et s’y cachent pour se reposer ; et cela surtout en hiver24explicationC’est une technique utilisée aussi pour créer des viviers (Mane 1991, 232-234)..À ce qu’en dit Basile le Grand :[αυ] Observe comment chaque espèce de poissons s’en tient à l’espace qui lui a été accordé, et comment aucune n’occupe le territoire d’une autre, mais comment chacune se satisfait de son propre séjour. Assurément aucun arpenteur ne leur a assigné de lotissements délimités par un mur de clôture ou encore n’a placé de bornes à respecter ! Au contraire, tous ont part à l’intérêt commun.[αφ] Mais nous, nous ne sommes pas ainsi, car nous avons dépassé avec audace les barrières fixées par nos ancêtres, nous sommes passés dans les pâturages de nos voisins et nous avons uni leurs demeures à nos demeures et leurs champs à nos champs.
Notes philologiques :
10. Il y a visiblement un problème dans la transmission de Pline, car celui-ci dit exactement le contraire : l’huile est l’aliment que les poissons préfèrent ; ensuite vient l’eau de pluie.
Notes de source :
23. Cette remarque vient d’Arist. 602 a 23-25. Elle figure à nouveau ci-dessous sous une attribution à l’Experimentator. Elle sera souvent reprise par Thomas de Cantimpré de manière erronée à propos de différentes espèces pour parler des périodes de reproduction, impinguantur (« ils engraissent ») étant confondu avec impregnantur (« ils sont fécondés »).
Notes d'explication :
2. Les poissons osseux possèdent une oreille interne avec un labyrinthe servant à l’audition et à l’équilibration. Les otolithes réagissent aux ondes sonores et permettent ainsi aux poissons de percevoir les sons, même à des fréquences très basses ; mais la ligne latérale est aussi un percepteur sensoriel pour les bruits (Muus & alii 1998, 14). |
3. On peut observer quelques rares cas d’hybridation chez les cyprinidés, par exemple entre gardon et rotengle, qui est un des très rares cas où l’hybridation est féconde (Muus & Dahlström 2003, 16). |
4. C’est le mulet ou muge, qui ne mange en effet que des plantes et qui est, de ce fait, difficile à appâter. |
5. Un bon nombre d’espèces de poissons est cannibale. En eau douce, le brochet en est un exemple bien connu : il s’attaque aux alevins, aux brochetons, mais aussi aux brochets adultes. |
6. Le brochet est en effet un poisson solitaire et territorial, de même que la lote de rivière, l’anguille ou le silure. |
8. Les poissons osseux ont pour la plupart une vessie natatoire qui leur permet de modifier leur capacité de flottaison selon qu’ils l’emplissent d’air ou la vident. Mais les poissons à grosse tête comme le gobie ou le chabot sont la plupart du temps des poissons de fond, chez qui la vessie natatoire s’atrophie naturellement (Muus & alii 1998, 11-12). |
9. On retrouvera cette idée plus bas, attribuée cette fois à l’Experimentator. |
13. Cette explication de la reproduction spontanée, reprise par Pline, n’est plus acceptée aujourd’hui mais la reproduction des poissons reste mystérieuse à bien des égards. Même avec les moyens scientifiques modernes, on ne sait encore presque rien sur la reproduction des anguilles, de même qu’on ne connaît pas la durée de la gestation du requin blanc. |
14. De nombreuses espèces d’animaux aquatiques meurent après avoir frayé, soit parce qu’ils sont épuisés, comme les poissons anadromes, soit parce qu’ils sont arrivés au terme de leur brève existence, comme les poulpes. |
15. Les otolithes sont une concrétion minérale de l’oreille interne qui joue un rôle dans l’équilibration et dans l’audition ; ils n’existent que chez les poissons osseux. Ils sont déjà présents chez le poisson à l’état fœtal et grandissent tout au long de sa vie. |
16. La maturation des œufs s’effectue plus ou moins rapidement selon la température de l’eau et la durée de la lumière du jour ; chez les saumons, l’incubation peut durer de 70 à 200 jours selon l’environnement (Muus & Dahlström 2003, 66). |
17. Les poissons osseux (Téléostéens) ont quatre paires de branchies sous chaque opercule ; la branchie se compose d’un os, l’arc branchial, sur lequel s’insèrent deux lames branchiales constituées de fins filaments au nombre de 200 environ. Les poissons cartilagineux (Chondrichtyens) n’ont pas d’opercule, mais 5 à 7 fentes branchiales, qui s’ouvrent séparément à l’extérieur. |
19. Les poissons osseux sont couverts d’écailles, contrairement aux poissons cartilagineux qui n’en ont pas et possèdent à la place des dents cutanées, minuscules et serrées chez le requin, grandes et dispersées chez la raie. Parmi les poissons à écailles, certains ont des écailles lisses comme l’anguille, le hareng ou le saumon, d’autres des écailles dites rugueuses, dont le bord postérieur se termine par une pointe carénée, comme les labres ou les chabots. Les écailles n’apparaissent qu’après le stade juvénile ; elles s’accroissent en même temps que le poisson, se régénèrent en cas de fissure et leur nombre est constant (Muus & alii 1998, 8-9). |
20. Les poissons peuvent être ovipares, ce qui est le cas le plus fréquent : la femelle pond des œufs que le mâle vient féconder. Mais il existe aussi des poissons ovovivipares, qui se reproduisent par accouplement. La femelle donne alors naissance à des alevins, mais ceux-ci ont grandi dans un œuf dont la membrane se fissure peu avant la naissance : c’est par exemple le cas de l’aiguillat commun (Squalus acanthias Linné, 1758). On trouve enfin un très petit nombre de poissons vivipares. Ils se reproduisent par accouplement, comme les gobies et les gambusies. Dans le ventre de la mère, les alevins se nourrissent d’ovules ou peuvent pratiquer le cannibalisme intra-utérin, comme chez les goodeidés ou les requins-taupes. |
21. Les espèces de grande taille atteignent la maturité sexuelle beaucoup plus tardivement : les esturgeons, par exemple, sont matures entre sept et neuf ans pour les mâles, entre huit et quatorze pour les femelles ; chez les brochets, le mâle est mûr à deux ans, la femelle à quatre. |
22. Les poissons anadromes, en effet, fraient dans les fleuves ; les petits, après avoir effectué le trajet jusqu’à la mer, où ils grandissent, remontent les fleuves quanrd ils sont adultes pour frayer à leur tour, comme le saumon, certaines truites, l’alose ou l’esturgeon, parfois à l’endroit même où ils sont nés. Sans même mentionner les dangers signalés par Thomas de Cantimpré, l’épreuve est si épuisante que la plupart des poissons anadromes meurent après avoir frayé (Muus & Dahlström 2003, 15). |
24. C’est une technique utilisée aussi pour créer des viviers (Mane 1991, 232-234).
Notes de traduction :
1. Ce sens de juncturae est rare et vient de la traduction de Michel Scot. |
11. La phrase est correcte, mais peu compréhensible puisqu’on attend un parallèle plutôt qu’une opposition. Contra pose problème. Pourrait-on le comprendre comme « cet exemple dénonce l’attitude des religieux » ? Mais nulle part ailleurs chez Thomas de Cantimpré contra n’a ce sens. |
12. Le texte pose problème et le sens général du passage est très confus. La négation semble aller à l’encontre du sens attendu. On comprend mal ce que désigne sepe (l’adverbe « souvent » ? Les substantifs « clôture » ou « filet » ?). Le sens de l’expression ab animi virtute n’est pas clair ici. Enfin, pour éviter de construire dissimulo de manière absolue, nous avons choisi de faire de ab animi virtute le complément de dissimulant, qui devrait par ailleurs être au subjonctif, en donnant à ce verbe le sens de « négliger ». On peut suspecter une tradition corrompue ou une lacune. |
18. Pline a hiis et non hii ; le texte de Pline signifiait : par elles (= les branchies) ils rejettent l’eau avalée par la bouche. M. Cipriani donne hii.