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Édité et traduit par Brigitte Gauvin ; Catherine Jacquemard ; Marie-Agnès Lucas-Avenel.XX. De clautio [le silure1identificationThomas de Cantimpré évoque, en citant Pline (Plin. nat. 9, 145), un poisson nommé glanis ou clautius : le nom glanis est bien employé par Pline et c’est le calque du du grec γλάνις. Les informations délivrées par Pline sur le glanis, et reprises par Thomas de Cantimpré, remontent à Aristote (Arist. HA 621 a 21 - b 2). La description détaillée d’Aristote permet de reconnaître dans le glanis un des plus grands poissons d’eau douce d’Europe centrale et orientale, le silure, qu’il s’agisse du silure glane ou salut (Silurus glanis Linné, 1758), ou du silure grec (Silurus aristotelis Agassiz, 1856) : voir D’Arcy Thompson 1947, 43-44 ; De Saint-Denis 1947, 42 et 104-106. En revanche le nom clautius proposé comme synonyme de glanis par Thomas de Cantimpré résulte d’un simple contresens sur le texte de Pline. Thomas de Cantimpré a déjà traité du silure glane au livre 6 (TC 6, 26) mais sous la dénomination glamanez. En TC 6, 26, le nom et la description du glamanez viennent de la traduction d’Aristote par Michel Scot. Il était impossible à Thomas de Cantimpré de reconnaître que le clautius/glanis de Pline et le glamanez de Michel Scot n’étaient qu’un seul et même poisson, le glanis d’Aristote.]
[β] TC
[α] Le clautius2explicationLe terme clautius provient d’un contresens sur le passage de Pline (Plin. nat. 9, 145) consacré au comportement astucieux du poisson nommé glanis (Plin.nat. 9, 145) : Cautius qui glanis uocatur auersus mordet hamos nec deuorat, sed esca spoliat, « plus précautionneusement, le poisson nommé glanis mord les poissons à contresens et ne les avale pas, mais il les dépouille de l’appât » (De Saint-Denis 1955, 83). La tradition manuscrite a transmis la leçon clautius/glaucius à la place de l’adverbe cautius, « plus précautionneusement » que le contexte réclame. La forme clautius/glaucius a alors été interprétée comme une autre appellation du glanis :clautius qui glanis uocatur, « le clautius qui est appelé glanis »., qui s’appelle le glanis, à ce qu’en dit Pline, mord par derrière les appâts des hameçons et s’emploie à les décrocher sans les avaler.[β] Ce poisson représente ceux qui, bien qu’ils donnent l’apparence de fuir le vice de la fornication, de peur d’engendrer éventuellement des enfants qui seraient une preuve à charge contre eux, cependant, se souillent impudemment avec les à-côtés de la fornication comme les baisers, les batifolages interdits et les attouchements coupables.
Notes d'identification :
1. Thomas de Cantimpré évoque, en citant Pline (Plin. nat. 9, 145), un poisson nommé glanis ou clautius : le nom glanis est bien employé par Pline et c’est le calque du du grec γλάνις. Les informations délivrées par Pline sur le glanis, et reprises par Thomas de Cantimpré, remontent à Aristote (Arist. HA 621 a 21 - b 2). La description détaillée d’Aristote permet de reconnaître dans le glanis un des plus grands poissons d’eau douce d’Europe centrale et orientale, le silure, qu’il s’agisse du silure glane ou salut (Silurus glanis Linné, 1758), ou du silure grec (Silurus aristotelis Agassiz, 1856) : voir D’Arcy Thompson 1947, 43-44 ; De Saint-Denis 1947, 42 et 104-106. En revanche le nom clautius proposé comme synonyme de glanis par Thomas de Cantimpré résulte d’un simple contresens sur le texte de Pline. Thomas de Cantimpré a déjà traité du silure glane au livre 6 (TC 6, 26) mais sous la dénomination glamanez. En TC 6, 26, le nom et la description du glamanez viennent de la traduction d’Aristote par Michel Scot. Il était impossible à Thomas de Cantimpré de reconnaître que le clautius/glanis de Pline et le glamanez de Michel Scot n’étaient qu’un seul et même poisson, le glanis d’Aristote.
Notes d'explication :
2. Le terme clautius provient d’un contresens sur le passage de Pline (Plin. nat. 9, 145) consacré au comportement astucieux du poisson nommé glanis (Plin.nat. 9, 145) : Cautius qui glanis uocatur auersus mordet hamos nec deuorat, sed esca spoliat, « plus précautionneusement, le poisson nommé glanis mord les poissons à contresens et ne les avale pas, mais il les dépouille de l’appât » (De Saint-Denis 1955, 83). La tradition manuscrite a transmis la leçon clautius/glaucius à la place de l’adverbe cautius, « plus précautionneusement » que le contexte réclame. La forme clautius/glaucius a alors été interprétée comme une autre appellation du glanis :clautius qui glanis uocatur, « le clautius qui est appelé glanis ».