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LVI. De mulo [le « mulet » : le surmulet ou le rouget barbet1]

2. [α] Plin. nat. 9, 64
[β] ?
[γ] Plin. nat. 9, 66
[δ] TC
[α] Le mulet est un poisson de mer, à ce que dit Pline, qui jouit d’une réputation sans pareille et n’est servi qu’à la table des nobles. En effet, il est très rare. Il ne s’élève pas en viviers ni en piscines, et il ne se rencontre que dans l’océan septentrional, dans sa partie la plus proche de l’occident. Du reste, il existe plusieurs espèces de mulets, qui se nourrissent d’algues, d’huîtres, de limon et de la chair d’autres poissons. On repère les plus prisés à leur barbillon double sur la lèvre inférieure2. [β] Ils se nourrissent de ce qui croît le long des rives à l’air pur3. [γ] Les fins gourmets prétendent qu’un mulet de qualité, quand il meurt, change de couleur et qu’on peut lui voir des teintes très différentes4. [δ] On pourrait dire que ces deux espèces de poissons représentent les deux formes de la puissance séculière des princes. Les premiers, les plus vils, qui deviennent la proie des démons, vivent du bien des pauvres et de vanité frivole : voilà la chair et l’algue qui les nourrissent ! Mais les seconds, les plus nobles, qui vivent, la conscience tranquille, des revenus que Dieu, dans sa largesse, leur a accordés en propre, se distinguent par la double vertu de leur grâce auprès de Dieu et des hommes : voilà leur double barbillon ! Et après leur mort, ils se font reconnaître à l’auréole chatoyante des mérites de leurs diverses vertus et sont présentés à la table du roi céleste, nourriture choisie par les anges pour le Seigneur.