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XXXII. De ezoceto [l’esturgeon ?1]

2. [α] TC?
[α] L’ezox est un très grand poisson du Danube que les Suèves nomment husen2. Ce poisson est lisse sur tout le corps3 et il n’a aucune aspérité ni au physique ni au moral, car c’est un animal très doux et craintif, lui qui est incapable de se défendre même d’un tout petit poisson. C’est ainsi qu’il se laisse malmener par la petite épinoche et qu’elle le fait fuir. L’esturgeon cherche volontiers à se frotter contre lui pour jouer, mais dès que l’ezox l’aperçoit, il s’enfuit vers les cachettes qu’il a l’habitude de creuser dans les rives pour se protéger ; mais c’est parfois en vain, car l’esturgeon, insistant, le débusque de son refuge. L’esturgeon poursuit donc l’ezox dans sa fuite et comme tous deux sont de grands poissons qui ne peuvent pas passer inaperçus, même dans les eaux les plus agitées, car ils bougent en tous sens et provoquent des remous devant eux, ils se font souvent prendre ensemble par les pêcheurs. Une fois qu’on l’a pris, on lui donne à boire du vin ou du lait, parce qu’il peut survivre plusieurs jours s’il a été auparavant enivré d’une grande quantité de vin : on peut ainsi le transporter jusqu’à des lieux éloignés pour le manger, mais il n’est pas ivre avant d’avoir bu quatre setiers de vin. Il est si grand que trois ou quatre chevaux attelés à un chariot peuvent à peine le tirer4. Il donne une chair très douce et très semblable d’aspect et de goût à celle du porc. L’ezox n’a qu’un seul intestin, des os peu nombreux, petits et plutôt cartilagineux que solides, mais toutefois les os de sa tête sont nombreux et solides5. Et dans ce poisson sont représentés ceux qui, dotés d’une grande âme, se proposent d’atteindre la vertu, mais échouent à réaliser leur objectif.