CopierCopier dans le presse-papierPour indiquer l’adresse de consultation« Thomas de Cantimpré - Livre de la Nature — Livre VII. Les poissons de mer ou de rivière.  », in Bibliothèque Ichtya, état du texte au 21/11/2024. [En ligne : ]
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Édité et traduit par Brigitte Gauvin ; Catherine Jacquemard ; Marie-Agnès Lucas-Avenel.

LV. De mure marino [le « rat de mer » : la tortue d’eau douce1identificationLe nom mus, muris sert à désigner le rat ou la souris, ou d’autres animaux selon l’épithète qui lui est adjointe. L’animal ici nommé mus marinus pose des problèmes d’identification en raison de la mauvaise lecture faite par Pline d’un passage d’Aristote, comme l’a montré De Saint-Denis 1947, 72-73. Celui-ci rappelle en effet qu’en grec, μῦς servait à désigner deux animaux distincts, dont le premier était un coquillage, la moule commune (Plin. nat. 9, 115 : In nostro mari reperiri solebant crebrius circa Bosporum Thracium, rufi ac parui in conchis quas myas appellant : « On trouvait dans notre mer, et, en plus grande abondance, dans les parages du bosphore de Thrace, de petites perles rousses dans des coquilles appelées myes »), et le second, un animal qu’Aristote rangeait parmi les cétacés (Arist. HA 519 a 23), et Oppien parmi les poissons de roche et de sable (Opp. hal. 1, 174), peut-être le tétrodon. En revanche, continue De Saint-Denis, ce que Pline dit du mus marinus, en Plin. nat. 9, 166, correspond à la description de la tortue d’eau douce d’Aristote (Arist. HA 558 a 7-11), sans doute en raison d’une mélecture : ἡ δ’ἑμύς ou ὁ δ’ἐμύς aurait été lu par Pline ou écrit sur le texte qu’il consultait ἡ δὲ μῦς ou ὁ δὲ μῦς. Cette tortue d’eau douce est l’Emys lutaria Linné, 1758. Kitchell & Resnick 1999, 1692, n. 228, confirment l’analyse de De Saint-Denis, mais proposent d’y reconnaître une tortue de mer : la Testudo coriacea Vandelli, 1761 ou Dermochelys coriacea Linné, 1766, qui vit dans les océans et la Méditerranée ; voir encore D’Arcy Thompson 1947, 167-168.]

Lieux parallèles : AM, [Mus marinus] (24, 81 (??)) ; HS, Mus marinus (4, 57).
2. [α] Plin. nat.9, 166
[α] Le rat de mer vient à terre et creuse dans le sol un trou où il pond ses œufs, puis le recouvre de terre. Trente jours plus tard, il revient, rouvre le trou et accompagne ses petits jusqu’à l’eau. Dans les premiers temps, les petits sont aveugles comme les petits de presque tous les animaux aquatiques2explicationPline a attribué au rat de mer tout ce qu’Aristote dit de la tortue d’eau douce à la suite d’un rapprochement fallacieux entre le latin mus, « le rat », et le grec ἐμύϛ, la tortue. La ponte dans le sable provient bien d’Aristote, et le fait est exact ; mais le retour de la mère au bout d’un mois pour conduire les petits à l’eau et la cécité de ceux-ci sont des ajouts fantaisistes de Pline (voir Gauvin 2022, 259-261)..

Notes d'identification :

1. Le nom mus, muris sert à désigner le rat ou la souris, ou d’autres animaux selon l’épithète qui lui est adjointe. L’animal ici nommé mus marinus pose des problèmes d’identification en raison de la mauvaise lecture faite par Pline d’un passage d’Aristote, comme l’a montré De Saint-Denis 1947, 72-73. Celui-ci rappelle en effet qu’en grec, μῦς servait à désigner deux animaux distincts, dont le premier était un coquillage, la moule commune (Plin. nat. 9, 115 : In nostro mari reperiri solebant crebrius circa Bosporum Thracium, rufi ac parui in conchis quas myas appellant : « On trouvait dans notre mer, et, en plus grande abondance, dans les parages du bosphore de Thrace, de petites perles rousses dans des coquilles appelées myes »), et le second, un animal qu’Aristote rangeait parmi les cétacés (Arist. HA 519 a 23), et Oppien parmi les poissons de roche et de sable (Opp. hal. 1, 174), peut-être le tétrodon. En revanche, continue De Saint-Denis, ce que Pline dit du mus marinus, en Plin. nat. 9, 166, correspond à la description de la tortue d’eau douce d’Aristote (Arist. HA 558 a 7-11), sans doute en raison d’une mélecture : ἡ δ’ἑμύς ou ὁ δ’ἐμύς aurait été lu par Pline ou écrit sur le texte qu’il consultait ἡ δὲ μῦς ou ὁ δὲ μῦς. Cette tortue d’eau douce est l’Emys lutaria Linné, 1758. Kitchell & Resnick 1999, 1692, n. 228, confirment l’analyse de De Saint-Denis, mais proposent d’y reconnaître une tortue de mer : la Testudo coriacea Vandelli, 1761 ou Dermochelys coriacea Linné, 1766, qui vit dans les océans et la Méditerranée ; voir encore D’Arcy Thompson 1947, 167-168.

Notes d'explication :

2. Pline a attribué au rat de mer tout ce qu’Aristote dit de la tortue d’eau douce à la suite d’un rapprochement fallacieux entre le latin mus, « le rat », et le grec ἐμύϛ, la tortue. La ponte dans le sable provient bien d’Aristote, et le fait est exact ; mais le retour de la mère au bout d’un mois pour conduire les petits à l’eau et la cécité de ceux-ci sont des ajouts fantaisistes de Pline (voir Gauvin 2022, 259-261).