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XLVIII. De lucio [le brochet1]

2. [α]  LR
[β] Arist. HA, 602 a 23 MS
[γ] Plin. nat. 32, 13
[α] Le brochet, à ce que dit le Livre des choses, est un poisson qu’on appelle aussi le loup de rivière2. S’il dispose d’eau douce3, dans un fleuve, et de nourriture en quantité suffisante, il forcit jusqu’à atteindre, au fil du temps, une taille considérable4. Il se nourrit de poissons et de tout ce qui se déplace comme les grenouilles. Voici comment il dévore un poisson qui lui est comparable en taille : lorsqu’il a vaincu sa proie, il engloutit d’abord la tête dans sa gueule ; une fois la tête avalée, il passe progressivement à la suite, jusqu’à ce qu’il ait tout absorbé. Il refuse d’épargner un congénère, soit parce qu’il est naturellement cruel, soit par qu’il est avide de nourriture et assoiffé de victimes. Il s’en prend même à sa descendance, dès lors qu’elle a pris forme de poisson5. Il a dans le cerveau un pierre pareille à du cristal, mais cela quand il a atteint un âge très avancé6. [β] Les brochets se reproduisent, à ce qu’en dit Aristote, quand souffle le vent du Nord, de même que les poissons qui grandissent en longueur7. [γ] Le brochet a moins d’habileté dans les profondeurs8. [δ] La femelle brochet, lorsqu’elle a été fécondée, remonte le courant le plus loin possible de l’endroit où elle a l’habitude de demeurer ; elle pond là ses œufs, mais qu’il s’agisse de ses petits ne l’empêche pas de les manger, et cela à cause de sa cruauté naturelle, parce qu’elle est avide de nourriture et assoiffée de victimes9. D’autres ont affirmé qu’elle remonte le courant parce qu’elle recherche des eaux plus douces, car une eau est d’autant plus douce qu’elle est proche de sa source10. [ε] Il y a un poisson qui a des écailles pointues et de nageoires piquantes11 : si le loup de rivière l’attrape par la tête, il l’engloutit rapidement ; mais s’il s’en saisit par la queue, il n’arrive à rien, parce que les aspérités de sa proie se rebroussent en sens contraire.