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XXXI. De echino [le rémora, l’oursin1]

2. [α] Isid. orig. 12, 6, 34
[α] JV, or. 90
[β] TC
[γ] Ambr. hex. 5, 20, 64
[δ] TC
[α] L’echinus [le rémora], à ce qu’en disent Isidore et Jacques, est un poisson d’un demi-pied2, d’une si grande force qu’en se fixant sur un navire, il l’empêche de bouger. Que les vents se précipitent, que les tempêtes se déchaînent, que les flots soient démontés : le bateau reste immobile, comme enraciné, et il ne peut ni avancer ni reculer, parce qu’un petit poisson le bloque par sa seule force d’adhérence*. [β] Cela a paru bien sûr incroyable à beaucoup, mais les meilleures autorités se montrent si affirmatives et s’accordent si bien entre elles sur ce point qu’il ne reste de place pour aucun doute possible. À s’accorder sur ce point, on trouve en premier le bienheureux Ambroise*, en second Jacques d’Acre*, en troisième Aristote*, en quatrième le bienheureux Isidore* et en cinquième Basile le Grand*. Nous avons scupuleusement introduit dans notre propos la liste de nos sources car il est étonnant et merveilleux, au-delà de toute mesure, qu’un petit poisson, d’un demi-pied, sans aucune violence, mais par sa seule force d’adhérence, immobilise un immense bateau9, avec toute sa charge à l’intérieur, sans qu’il ne puisse bouger même d’un point. Où sont-ils les sots et stupides, je ne dis pas philosophes, mais immondes hérétiques, qui dénigrent la foi des chrétiens en reprochant à ses articles de faire fi de la nature et des propriétés de l’homme ? Dis-moi, serpent abominable, ce qui peut sembler le plus incroyable : qu’une vierge conçoive et enfante sans la semence d’un homme, ou qu’un petit poisson d’un demi-pied, par sa force d’adhérence, puisse retenir immobile la lourde masse d’un bateau contre les souffles des vents les plus puissants ? Je crois que la raison t’indiquera qu’il est plus facile à une vierge d’enfanter qu’au petit poisson echinus d’immobiliser un bateau10, [γ] car il est bien établi que les juments, les chattes, les perdrix11 et les vautours, selon le témoignage du bienheureux Ambroise, et bien d’autres animaux encore, conçoivent et procréent sans union de semences ni accouplement avec un mâle, mais seulement sous l’action du souffle et de l’odeur. [δ] Il s’agit, à tout le moins, de deux merveilles comparables, si on les rapporte à la nature et aux capacités de l’homme. Cependant la naissance virginale l’emporte avec éclat, car le Christ est Dieu tout-puissant, qui a pu naître ainsi, parce qu’il a voulu naître ainsi, tandis qu’il n’est pas d’autre raison au prodige stupéfiant du poisson echinus, que de proclamer les merveilles de Dieu dans ses créatures et de confondre ainsi la sottise des hérétiques qui ne veulent rien croire de ce qui s’écarte du cours habituel de la nature.
3. [ε] Plin. nat. 9, 100
[η] Arist. HA, 505 b 20-24 MS
[θ] Ambr. hex. 5, 9, 24
[θ] Plin. nat. 9, 100
[θ] Bas. hex. 7, 5, 8
[ι] Plin. nat. 9, 100
[κ] TC?
[λ] Jn, 7, 28
[ε] Il existe des echini [des oursins], de la famille des crustacés, à ce qu’en dit Pline, qui ont des piquants en place et usage des pieds. À la naissance, ils sont blancs autour de la couronne12. Leurs œufs sont amers et au nombre de cinq13. Ils ont la bouche au milieu du corps, ils sont de la couleur du verre et ressemblent approximativement à des scorpions14. [ζ] Ils ont dans la bouche, en guise de dents, des piquants douloureux15. [η] Un assez grand nombre de personnes se servent de ce poisson [rémora] pour nuire à leurs ennemis16. De fait, ce poisson n’est pas comestible : son ingestion est mortelle car il détruit l’état d’équilibre de l’homme. Ce poisson possède, sous le ventre, des nageoires qui lui servent de pieds17. [θ] Comme l’écrivent le bienheureux Ambroise, Pline et Basile le Grand, le poisson echinus [oursin] est souvent signe annonciateur de tempête ou de beau temps et il indique aux marins le temps à venir. En effet, lorsqu’il prévoit une bourrasque, il s’empare d’un solide caillou qu’il transporte à la manière d’un lest, il le traîne comme s’il s’agissait d’une ancre et il évite ainsi de se laisser emporter par les flots18. Ce ne sont donc pas ses propres forces qui le sauvent, mais il garde son équilibre et la maîtrise de lui-même grâce à un poids étranger. [ι] À cette vue, les marins prennent leurs précautions et à l’exemple de l’echinus [l’oursin], ils jettent leurs ancres pour stabiliser leurs bateaux. [κ] Et ce, à l’opposé de ceux qui ne veulent pas se soumettre au gouvernement d’autrui, mais périssent sous le gouvernement de leur propre volonté ! Au contraire le Christ a dit : [λ] Je ne suis pas venu faire ma volonté mais celle de celui qui m’a envoyé.