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Édité et traduit par Brigitte Gauvin ; Catherine Jacquemard ; Marie-Agnès Lucas-Avenel.XXXVI. De eracliodibus [les loches d’étang ?]1identificationCe chapitre de Thomas de Cantimpré remonte vraisemblablement à Pline, qui mentionne lui-même Théophraste comme source de ses informations :Piscium genera etiamnum a Theophrasto mira produntur. […] Circa Heracleam et Cromnam et multifariam in Ponto unum genus esse quod extremas fluminum aquas sectetur cauernasque sibi faciat in terra atque in his uiuat, etiam reciprocis amnibus siccato littore ; effodi ergo, motu demum corporum uiuere eos adprobante (Plin. nat. 9, 175-176), « Des espèces de poissons extraordinaires sont encore citées par Théophraste. […] Dans les régions d’Héraclée, de Cromna, et un peu partout dans le Pont il y a une espèce qui vient tout au bord des cours d’eau, se creuse des trous dans la terre et y vit, même lorsque le retrait des fleuves laisse le rivage à sec ; on les déterre donc, seul le mouvement de leur corps révélant leur existence » (De Saint-Denis 1955, 93). Dans leur commentaire d’Albert le Grand (AM 24, 52 (33)), Kitchell & Resnick 1999, 1683, reprennent l’identification faite par Cuvier selon laquelle il s’agirait de la loche d’étang (Misgurnus fossilis Linné, 1758), qui peut vivre longtemps, enterrée, dans le lit des rivières asséchées ou dans la vase du fond des étangs. Elle tombe alors en léthargie, ses fonctions vitales étant réduites au minimum, et peut ainsi survivre à une année d’assèchement (Muus & Dalström 2003, 142). Comme pour le poisson babilonicus, qui figurerait lui aussi chez Théophraste, ils indiquent comme source le De mirabilibus auscultationibus, du Pseudo-Aristote.
[α] À ce qu’écrit Théophraste2sourcesThomas ne cite Théophraste que de seconde main d’après Pline., on trouve les poissons eracliodes dans les environs d’Héraclée du Pont. Cette espèce recherche les dernières eaux des rivières en creusant les terres qui sont au milieu entre les fleuves. Et il est étonnant de voir la peine qu’elle prend pour changer une eau contraire3traductionComme le souligne R. W. Sharples (Theophrastus of Eresius : sources on biology, Brill, 1995, p. 87-88), le propos de Thomas est un peu confus. Peut-être faut-il voir dans contrariam une mélecture de contra aliam et comprendre « pour changer une eau contre une autre » ?. Elle se fait aussi des trous dans le sol, où elle vit même quand les rivières refluent4explicationCes poissons sont aussi mentionnés par Sénèque dans les Questions naturelles, 3, 16, 5, comme la preuve que la terre contient de l’eau : Inde, ut Theophrastus affirmat, pisces quibusdam locis eruuntur : « De là vient qu’en certains endroits, à ce qu’assure Théophraste, des poissons sont tirés de terre » (Oltramare 1929, 133)..
Notes d'identification :
1. Ce chapitre de Thomas de Cantimpré remonte vraisemblablement à Pline, qui mentionne lui-même Théophraste comme source de ses informations :Piscium genera etiamnum a Theophrasto mira produntur. […] Circa Heracleam et Cromnam et multifariam in Ponto unum genus esse quod extremas fluminum aquas sectetur cauernasque sibi faciat in terra atque in his uiuat, etiam reciprocis amnibus siccato littore ; effodi ergo, motu demum corporum uiuere eos adprobante (Plin. nat. 9, 175-176), « Des espèces de poissons extraordinaires sont encore citées par Théophraste. […] Dans les régions d’Héraclée, de Cromna, et un peu partout dans le Pont il y a une espèce qui vient tout au bord des cours d’eau, se creuse des trous dans la terre et y vit, même lorsque le retrait des fleuves laisse le rivage à sec ; on les déterre donc, seul le mouvement de leur corps révélant leur existence » (De Saint-Denis 1955, 93). Dans leur commentaire d’Albert le Grand (AM 24, 52 (33)), Kitchell & Resnick 1999, 1683, reprennent l’identification faite par Cuvier selon laquelle il s’agirait de la loche d’étang (Misgurnus fossilis Linné, 1758), qui peut vivre longtemps, enterrée, dans le lit des rivières asséchées ou dans la vase du fond des étangs. Elle tombe alors en léthargie, ses fonctions vitales étant réduites au minimum, et peut ainsi survivre à une année d’assèchement (Muus & Dalström 2003, 142). Comme pour le poisson babilonicus, qui figurerait lui aussi chez Théophraste, ils indiquent comme source le De mirabilibus auscultationibus, du Pseudo-Aristote.
Notes de source :
2. Thomas ne cite Théophraste que de seconde main d’après Pline.
Notes d'explication :
4. Ces poissons sont aussi mentionnés par Sénèque dans les Questions naturelles, 3, 16, 5, comme la preuve que la terre contient de l’eau : Inde, ut Theophrastus affirmat, pisces quibusdam locis eruuntur : « De là vient qu’en certains endroits, à ce qu’assure Théophraste, des poissons sont tirés de terre » (Oltramare 1929, 133).
Notes de traduction :
3. Comme le souligne R. W. Sharples (Theophrastus of Eresius : sources on biology, Brill, 1995, p. 87-88), le propos de Thomas est un peu confus. Peut-être faut-il voir dans contrariam une mélecture de contra aliam et comprendre « pour changer une eau contre une autre » ?