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Édité et traduit par Brigitte Gauvin ; Catherine Jacquemard ; Marie-Agnès Lucas-Avenel.XXXV. De ezochio marino [l’« ezochius marin » : le cachalot1identificationL’ezochius marinus est sans aucun doute le cachalot (Physeter macrocephalus Linné, 1758). Thomas de Cantimpré est le seul parmi les encyclopédistes à parler de cet animal. Cipriani 2017, 75-77, montre que le chapitre est divisé en deux parties : la première, une description, est sans doute due à Thomas lui-même, comme le montre la précision des détails ; la seconde partie, la chasse, provient de la Vita de saint Arnoul de Soissons.]
[α] L’ezochius est un poisson de mer qu’on appelle vulgairement esui. Il se déploie en longueur jusqu’à près de soixante-dix coudées, et en hauteur ou en largeur, il atteint quatorze pieds. Sa mâchoire inférieure comporte deux os pareils à des poutres, il s’y trouve quarante-deux dents très grandes. En revanche, la mâchoire supérieure ne possède aucune dent, mais, dans les os de la mâchoire supérieure, il y a des cavités, en même nombre que les dents, dans lesquelles les dents de la mâchoire inférieure, lorsqu’elle touche la mâchoire supérieure, se logent comme dans des boîtes2explicationCes particularités sont caractéristiques de la bouche et de la dentition du cachalot : les adultes perdent leurs dents de la mâchoire supérieure ; seule la mâchoire inférieure est dotée de dents, généralement entre 20 et 26 de chaque côté, dont la taille peut varier entre 10 à 30 cm.. Il possède sur le front, contrairement aux dispositions naturelles ordinaires, un œil qui peut atteindre quatre pieds de large. Il possède une bouche si énorme qu’il peut enfermer dans la fente de sa bouche une barque qui contient douze hommes. Il a une telle quantité de viscères que la masse de ceux-ci excède celle des instestins de quarante bœufs. C’est un animal exceptionnellement gras. On l’attrape de cette manière. Il sort de la mer pour gagner les eaux douces3explicationIl arrive que des cachalots soient observés dans les estuaires, comme celui du Saint-Laurent, mais cela reste assez rare.. Lorsque les pêcheurs l’ont repéré, ils le pourchassent avec des balistes et des arcs. Quand, dans sa fuite, il est parvenu dans des passages si étroits qu’il ne peut ni avancer, ni revenir en arrière, à cause de l’acharnement de ses poursuivants, il aspire de l’eau tel le tourbillon de Scylla et inonde brutalement ses adversaires d’une telle masse d’eau qu’il en engloutit la plupart comme s’ils étaient emportés dans les flots4explicationCe phénomère correspond à la respiration du cachalot, qui expulse un jet de gaz et d’eau pouvant atteindre 15 mètres de haut. Ce n’est pas un moyen de défense.. Quand il voit que cet effort a été vain, il essaie une autre défense. Il replie sa queue sur sa tête et la détend si violemment sur ceux qui s’approchent que presque tous ceux qu’il atteint ne peuvent échapper à la mort. Mais ensuite, s’il a été attrapé et vaincu, lorsqu’il recoit le coup mortel, il pousse un cri d’un sonorité si horrible à entendre, sans rien d’animal ni d’humain, que seul un démon paraît capable de l’avoir lancé.
Notes d'identification :
1. L’ezochius marinus est sans aucun doute le cachalot (Physeter macrocephalus Linné, 1758). Thomas de Cantimpré est le seul parmi les encyclopédistes à parler de cet animal. Cipriani 2017, 75-77, montre que le chapitre est divisé en deux parties : la première, une description, est sans doute due à Thomas lui-même, comme le montre la précision des détails ; la seconde partie, la chasse, provient de la Vita de saint Arnoul de Soissons.
Notes d'explication :
2. Ces particularités sont caractéristiques de la bouche et de la dentition du cachalot : les adultes perdent leurs dents de la mâchoire supérieure ; seule la mâchoire inférieure est dotée de dents, généralement entre 20 et 26 de chaque côté, dont la taille peut varier entre 10 à 30 cm. |
3. Il arrive que des cachalots soient observés dans les estuaires, comme celui du Saint-Laurent, mais cela reste assez rare. |
4. Ce phénomère correspond à la respiration du cachalot, qui expulse un jet de gaz et d’eau pouvant atteindre 15 mètres de haut. Ce n’est pas un moyen de défense.