CopierCopier dans le presse-papierPour indiquer l’adresse de consultation« Thomas de Cantimpré - Livre de la Nature — Livre VII. Les poissons de mer ou de rivière.  », in Bibliothèque Ichtya, état du texte au 03/12/2024. [En ligne : ]
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Édité et traduit par Brigitte Gauvin ; Catherine Jacquemard ; Marie-Agnès Lucas-Avenel.

XLIX. De murenis [la murène1identificationLa murène bien connue des Anciens est la Muraena helena Linné, 1758, qu’on trouve communément en Méditerranée : voir De Saint-Denis 1947, 70 ; D’Arcy Thompson 1947, 162-165 ; André 1986, 206, n. 390 ; Kitchell & Resnick 1999, 1689, n. 205.]

Lieux parallèles : AM, [Murenae] (24, 74 (??)) ; HS, Murena (4, 59).
2. [α] Isid. orig.12, 6, 43
[β] Ambr. hex.5, 7, 18
[γ] TC
[δ] Isid. orig.12, 6, 43
[ε] Plin. nat.9, 76
[ζ] Plin. nat.9, 77
[η] ?
[θ] Plin. nat.32, 12
[ι] Plin. nat.32, 58
[α] Les murènes, à ce qu’on prétend, sont seulement de sexe féminin ; elles sont fécondées par le serpent2explicationCette légende remonte à Pline, qui l’attribue à Licinius Macer, et fut reprise par tous les auteurs grecs et latins., ce qui les oblige à sortir s’accoupler sur la terre ferme. C’est pour cette raison que les pêcheurs les font venir en sifflant comme les serpents.[β] Ambroise dit qu’un serpent sur le point d’aller trouver une murène pour s’accoupler avec elle commence par cracher tout son venin.[γ] Il est ainsi signifié à quel point un mari doit être bienveillant envers son épouse, eux qui s’unissent pour être deux en une seule chair3sourceErunt duo in carne una : Gn 2, 24 reprise par Matthieu 19, 5 ; Marc 10, 8 ; Paul (1Cor 6, 16 et Ep 5, 34).. [δ] On les tue, difficilement, à coups de bâtons et de maillets ; si on les frappe à la tête, on a de la peine à en venir à bout, mais si c’est à la queue, on les tue sur le coup.[ε] La murène fraie en n’importe quel mois, alors que tous les autres poissons fraient à des époques déterminées. Ses œufs grandissent très rapidement4explicationAristote indique que ce sont les petits, et non les œufs, qui ont une croissance rapide (Arist. HN 543 a 21).. Aristote appelle mirnus [smyros] le mâle qui procrée et il ne dit pas qu’elles sont fécondées par un serpent. Il dit aussi qu’il y a une différence entre eux : elles sont bigarrées et sans consistance tandis que le mirnus est vigoureux et de couleur uniforme ; il possède des dents à l’extérieur de la bouche. Pline : en Gaule septentrionale, toutes les murènes ont sept taches sur la mâchoire droite, qui brillent comme la Grande Ourse tant que l’animal est en vie, mais qui s’éteignent quand il meurt5explicationIl y a ici confusion entre la murène et la lamproie (Petromyzontidae Bonaparte, 1832), parfois appelée murena chez les auteurs latins, autre poisson anguiforme vivant en eau douce ou en eau de mer, dont les sept paires de fentes branchiales font comme sept taches sur le côté de la tête. Elles étaient nombreuses dans les rivières d’Aquitaine, dans la Loire mais aussi dans la Seine et dans les rivières de l’Est de la France, ainsi que dans les rivières d’Europe centrale..[ζ] On prétend qu’elles deviennent enragées quand on leur a fait goûter du vinaigre.Aristote : [η] Il est dangereux de manger des murènes, à moins de les avoir auparavant fait cuire, très longtemps et très soigneusement, dans du vin et de les avoir assez copieusement assaisonnées d’épices aromatiques, notamment de poivre. Il est prouvé qu’elles regorgent de liquide toxique, ce qui leur permet de résister à la cuisson6explicationLe sérum sanguin de la murène de Méditerranée (Muraena helena Linné, 1758) est en effet extrêmement toxique. Sa chair est excellente mais doit être cuite au moins à 75 °C. .[θ] Les murènes, à ce que dit Pline, se plaisent au milieu des roseaux et des branchages, et, si, par hasard, elles se laissent enfermer dans un filet, elles s’en échappent en se contorsionnant7explicationLes murènes vivent au contraire exclusivement en mer dans des sites rocheux. Plin. 32, 12 ne mentionne pas l’habitat des murènes, mais il signale bien la force de l’animal capable par ses torsions d’élargir les mailles d’un filet..[ι] La morsure de la murène est venimeuse8explicationLa morsure de la murène est septique, notamment à cause des débris alimentaires en putréfaction dans les espaces interdentaires., mais on la soigne avec la cendre de sa tête.

Notes d'identification :

1. La murène bien connue des Anciens est la Muraena helena Linné, 1758, qu’on trouve communément en Méditerranée : voir De Saint-Denis 1947, 70 ; D’Arcy Thompson 1947, 162-165 ; André 1986, 206, n. 390 ; Kitchell & Resnick 1999, 1689, n. 205.

Notes d'explication :

2. Cette légende remonte à Pline, qui l’attribue à Licinius Macer, et fut reprise par tous les auteurs grecs et latins. | 

4. Aristote indique que ce sont les petits, et non les œufs, qui ont une croissance rapide (Arist. HN 543 a 21). | 

5. Il y a ici confusion entre la murène et la lamproie (Petromyzontidae Bonaparte, 1832), parfois appelée murena chez les auteurs latins, autre poisson anguiforme vivant en eau douce ou en eau de mer, dont les sept paires de fentes branchiales font comme sept taches sur le côté de la tête. Elles étaient nombreuses dans les rivières d’Aquitaine, dans la Loire mais aussi dans la Seine et dans les rivières de l’Est de la France, ainsi que dans les rivières d’Europe centrale. | 

6. Le sérum sanguin de la murène de Méditerranée (Muraena helena Linné, 1758) est en effet extrêmement toxique. Sa chair est excellente mais doit être cuite au moins à 75 °C.  | 

7. Les murènes vivent au contraire exclusivement en mer dans des sites rocheux. Plin. 32, 12 ne mentionne pas l’habitat des murènes, mais il signale bien la force de l’animal capable par ses torsions d’élargir les mailles d’un filet. | 

8. La morsure de la murène est septique, notamment à cause des débris alimentaires en putréfaction dans les espaces interdentaires.