CopierCopier dans le presse-papierPour indiquer l’adresse de consultation« Thomas de Cantimpré - Livre de la Nature — Livre VII. Les poissons de mer ou de rivière.  », in Bibliothèque Ichtya, état du texte au 21/11/2024. [En ligne : ]
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Édité et traduit par Brigitte Gauvin ; Catherine Jacquemard ; Marie-Agnès Lucas-Avenel.

XXVI. De corvis maris [les « corbeaux de mer » : le corb ? le maigre ?1identification« Corbeau » est une appellation expressive courante pour désigner, par analogie de couleur, un poisson noir, par exemple, le corb (Sciaena umbra Linné, 1758), l’ombrine (Umbrina cirrosa Linné, 1758) ou le maigre (Argyrosomus regius Asso, 1801). En latin classique, on trouve, dans cet usage, deux noms qui ont peut-être été utilisés indifféremment, corvus (Plin. nat. 32, 146 ; Isid. orig. 12, 6, 13) et coracinus (Plin. nat. 5,51 ; 9, 57 ; 9, 68 ; 32, 56 ; 32, 70 ; 32, 106 ; 32, 127 ; 32, 145...). Coracinus, calqué du grec κορακίνος a sans doute servi, comme son étymon grec, à nommer deux espèces différentes, le coracin du Nil (Labrus niloticus Linné, 1758) et le coracin vulgaire ou petit castagneau (Sparus chromis Linné, 1758) ; voir De Saint-Denis 1943, 143-144 et 1947, 27-28. Les emplois de corvus, contrairement à ceux de coracinus, sont très elliptiques et ne permettent pas une identification précise. Toutefois, il nous semble peu probable que corvus et coracinus aient été synonymes. On peut déduire des indications fournies par Pline (Plin. nat. 32, 146) et par Isidore de Séville (Isid. orig. 12, 6, 13) que le corvus est un poisson de mer, et qu’il pousse des grognements caractéristiques. Ces deux renseignements plaident en faveur d’une identification avec le corb ou avec le maigre qui émettent tous deux, en période de frai, des sortes de grognements ou de croassements (on parle pour le maigre de seillements) caractéristiques.]

Lieux parallèles : AM, [Corvi maris] (24, 28 (20)) ; VB, De congro, et corem, et corvo (17, 46) ; HS, Corvus marinus (4, 24).
2. [α] Isid. orig.12, 6, 13
[β] TC
[α] Les corbeaux de mer sont ainsi nommés à cause de leurs cris2explicationAndré 1986, 188, n. 343, réfute l’étymologie proposée par Isidore de Séville parce qu’à la suite de Cotte 1944, 54-56 et de De Saint-Denis 1947, 27-28, il assimile corvus et coracinus et considère que le corvus est le coracin. Mais si on peut reconnaître dans le corvus le corb ou le maigre, l’étymologie proposée par Isidore de Séville devient plausible. La particularité des cris du corb et du maigre jointe à leur particularité de couleur peut expliquer leur dénomination., à ce qu’en dit Isidore. En effet, ils tirent de leur poitrine des grognements et, trahis par leurs voix, se font attraper3zoologieEn période de frai, le maigre et le corb émettent des cris sous l’action des leurs muscles abdominaux contre leurs vessies natatoires. La pêche à l’écoute est bien attestée, par exemple, dans l’estuaire de la Gironde, pour le maigre dont les pécheurs repéraient traditionnellement les seillements avant de tendre leurs filets (voir Quéméner 2002, 9, Deschamps 2009, 181) ; pour un témoignage plus ancien : Encyclopédie 1765, t. XI, p. 84)..[β] Ils représentent alors les impatients qui, même s’ils dissimulent extérieurement leur impatience dans leur œuvre de charité, cependant regimbent en leur cœur et, pour cette raison, se laissent bien souvent prendre aux collets du diable.

Notes d'identification :

1. « Corbeau » est une appellation expressive courante pour désigner, par analogie de couleur, un poisson noir, par exemple, le corb (Sciaena umbra Linné, 1758), l’ombrine (Umbrina cirrosa Linné, 1758) ou le maigre (Argyrosomus regius Asso, 1801). En latin classique, on trouve, dans cet usage, deux noms qui ont peut-être été utilisés indifféremment, corvus (Plin. nat. 32, 146 ; Isid. orig. 12, 6, 13) et coracinus (Plin. nat. 5,51 ; 9, 57 ; 9, 68 ; 32, 56 ; 32, 70 ; 32, 106 ; 32, 127 ; 32, 145...). Coracinus, calqué du grec κορακίνος a sans doute servi, comme son étymon grec, à nommer deux espèces différentes, le coracin du Nil (Labrus niloticus Linné, 1758) et le coracin vulgaire ou petit castagneau (Sparus chromis Linné, 1758) ; voir De Saint-Denis 1943, 143-144 et 1947, 27-28. Les emplois de corvus, contrairement à ceux de coracinus, sont très elliptiques et ne permettent pas une identification précise. Toutefois, il nous semble peu probable que corvus et coracinus aient été synonymes. On peut déduire des indications fournies par Pline (Plin. nat. 32, 146) et par Isidore de Séville (Isid. orig. 12, 6, 13) que le corvus est un poisson de mer, et qu’il pousse des grognements caractéristiques. Ces deux renseignements plaident en faveur d’une identification avec le corb ou avec le maigre qui émettent tous deux, en période de frai, des sortes de grognements ou de croassements (on parle pour le maigre de seillements) caractéristiques.

Notes d'explication :

2. André 1986, 188, n. 343, réfute l’étymologie proposée par Isidore de Séville parce qu’à la suite de Cotte 1944, 54-56 et de De Saint-Denis 1947, 27-28, il assimile corvus et coracinus et considère que le corvus est le coracin. Mais si on peut reconnaître dans le corvus le corb ou le maigre, l’étymologie proposée par Isidore de Séville devient plausible. La particularité des cris du corb et du maigre jointe à leur particularité de couleur peut expliquer leur dénomination.