CopierCopier dans le presse-papierPour indiquer l’adresse de consultation« Thomas de Cantimpré - Livre de la Nature — Livre VII. Les poissons de mer ou de rivière.  », in Bibliothèque Ichtya, état du texte au 07/12/2024. [En ligne : ]
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Édité et traduit par Brigitte Gauvin ; Catherine Jacquemard ; Marie-Agnès Lucas-Avenel.

X. De accipendre [l’esturgeon1identificationOn trouve concurremment en latin les formes accipender et accipenser (acipenser). De Saint-Denis 1947, 1-3, identifie l’accipenser comme étant l’esturgeon, en particulier sous l’espèce ordinaire : Acipenser sturioLinné, 1758. Les mentions et descriptions de l’accipenser sont nombreuses dans la tradition latine : Cic. fin. 2, 25 ; 2, 91 ; tusc. 3, 43 ; Hor. sat. 2, 246 ; Ov. hal. 134 ; Mart. 13, 91 ; Plin. nat 9, 60 ; 32, 145 et 153 ; Ambr. hex. 5, 1, 2 ; Hier. epist. 45, 5 ; Macrobe (Macr. sat. 3, 16, 1) lui consacre un long développement. Les chapitres Esox (ch. 32) et Sturio (ch. 70) concernent également l’esturgeon.]

Lieux parallèles : AM, [Accipender] (24, 10 (10)) ; VB, De abrenone, et achande et accipendre, albirez alphoraz (17, 29) ; HS, Accipender (4, 1).
2. [α] Plin. nat.9, 60
[β] TC
[α] L’esturgeon est un poisson, à ce qu’en dit Pline, très prisé des Anciens2explicationLes auteurs anciens (en particulier Macr. sat. 3, 16) s’accordent pour voir dans la chair de l’esturgeon un mets de choix. Que l’esturgeon ait été moins apprécié à l’époque de Pline peut s’expliquer par une évolution des goûts et de la mode, mais aussi par des différences entre les espèces : la chair de certains esturgeons (par exemple, celle du grand esturgeon, Acipenser huso Linné, 1758) est de qualité médiocre ou même mauvaise. Sur cette question, voir De Saint-Denis 1947, 2.. Il est le seul à avoir sur tout le corps les écailles tournées vers la bouche, contrairement à la disposition habituelle chez tous les poissons3explicationDe Saint-Denis 1947, 3 (note reprise dans De Saint-Denis 1955, 117, n. 1) explique que la particularité notée par Plin. nat. 9, 60, ne peut pas faire référence à des « écailles imbriquées à rebours et se recouvrant de la queue vers la tête », mais qu’elle peut, en revanche, constituer une allusion aux rangées longitudinales d’écussons osseux qui garnissent la peau des esturgeons. En revanche, l’hypothèse de Kitchell & Resnick 1999, 1663, n. 50, qui vont jusqu’à supposer une corruption dans la tradition manuscrite de Pline, est intéressante, mais sans doute trop hasardeuse. Selon eux, le texte original de Pline, squamis in os [os, ossis] conversis, « des écailles passées à l’état osseux », aurait fait l’objet d’une mésinterprétation et aurait été à tort corrigé en squamis in os versis, « des écailles tournées vers la tête »..[β] Ce poisson représente les clercs habiles à instruire et à plaider une cause, qui transforment généralement la protection du corps ecclésial, dont les fidèles sont les membres, en joute oratoire, sans prendre garde d’observer qu’il n’est aucune fin à la controverse. Et, tandis que la plupart ne se soucient pas de penser à Dieu et aux scrupules de leur conscience, ils tentent de faire valoir le faux à la place du vrai ou le vrai dans le faux des arguties : hélas, malheur à de tels hommes et malheur à eux, une seconde et une troisième fois encore ! Ce sont les malheurs de la faute et ceux du châtiment4explicationL’expression miseriae culpae et poenae, « les malheurs de la faute et ceux du châtiment », recouvre la distinction entre mala culpae, « les maux de la faute » et mala poenae, « les maux du châtiment »..

Notes d'identification :

1. On trouve concurremment en latin les formes accipender et accipenser (acipenser). De Saint-Denis 1947, 1-3, identifie l’accipenser comme étant l’esturgeon, en particulier sous l’espèce ordinaire : Acipenser sturioLinné, 1758. Les mentions et descriptions de l’accipenser sont nombreuses dans la tradition latine : Cic. fin. 2, 25 ; 2, 91 ; tusc. 3, 43 ; Hor. sat. 2, 246 ; Ov. hal. 134 ; Mart. 13, 91 ; Plin. nat 9, 60 ; 32, 145 et 153 ; Ambr. hex. 5, 1, 2 ; Hier. epist. 45, 5 ; Macrobe (Macr. sat. 3, 16, 1) lui consacre un long développement. Les chapitres Esox (ch. 32) et Sturio (ch. 70) concernent également l’esturgeon.

Notes d'explication :

2. Les auteurs anciens (en particulier Macr. sat. 3, 16) s’accordent pour voir dans la chair de l’esturgeon un mets de choix. Que l’esturgeon ait été moins apprécié à l’époque de Pline peut s’expliquer par une évolution des goûts et de la mode, mais aussi par des différences entre les espèces : la chair de certains esturgeons (par exemple, celle du grand esturgeon, Acipenser huso Linné, 1758) est de qualité médiocre ou même mauvaise. Sur cette question, voir De Saint-Denis 1947, 2. | 

3. De Saint-Denis 1947, 3 (note reprise dans De Saint-Denis 1955, 117, n. 1) explique que la particularité notée par Plin. nat. 9, 60, ne peut pas faire référence à des « écailles imbriquées à rebours et se recouvrant de la queue vers la tête », mais qu’elle peut, en revanche, constituer une allusion aux rangées longitudinales d’écussons osseux qui garnissent la peau des esturgeons. En revanche, l’hypothèse de Kitchell & Resnick 1999, 1663, n. 50, qui vont jusqu’à supposer une corruption dans la tradition manuscrite de Pline, est intéressante, mais sans doute trop hasardeuse. Selon eux, le texte original de Pline, squamis in os [os, ossis] conversis, « des écailles passées à l’état osseux », aurait fait l’objet d’une mésinterprétation et aurait été à tort corrigé en squamis in os versis, « des écailles tournées vers la tête ». | 

4. L’expression miseriae culpae et poenae, « les malheurs de la faute et ceux du châtiment », recouvre la distinction entre mala culpae, « les maux de la faute » et mala poenae, « les maux du châtiment ».