Copier dans le presse-papierPour indiquer l’adresse de consultation« Thomas de Cantimpré - Livre de la Nature — Livre VII. Les poissons de mer ou de rivière. », in Bibliothèque Ichtya,
état du texte au 21/11/2024. [En ligne : ]
Copier dans le presse-papierSource de référence
Fichier nativement numérique.
Édité et traduit par Brigitte Gauvin ; Catherine Jacquemard ; Marie-Agnès Lucas-Avenel.LXXXIX. De venth qui et aristosus [le venth qui est aussi l’aristosus : l’alose finte1identificationD’après Kitchell & Resnick 1999, 1705 et n. 322, le venth est l’alose finte (Alosa agone Scopoli, 1786 ou Alosa finta Cuvier, 1829). Cipriani 2017, 97 pense que la description de la pêche est caractéristique des informations tirées du Liber rerum, voire d’une description personnelle de Thomas de Cantimpré, ce que semble confirmer la précision des indications culinaires.]
2. [α] TC?
[β] Ha, 1, 14
[γ] Ha, 1, 15
[δ] TC?
[α] Le poisson qu’on appelle communément le venth se nomme en latin l’aristosus [« plein d’arêtes »] et à juste titre car il présente un nombre incalculable d’arêtes. C’est le moins cher de tous les poissons comestibles. Il se rencontre souvent dans les eaux douces, celles que le flux et le reflux de la mer rend saumâtres. La chair de ce poisson est armée, à l’intérieur, de nombreuses, et même d’innombrables, arêtes, si bien qu’elle n’est pas facile à manger. Sa chair n’a aucun prix et suscite le dégoût. Il s’ensuit que c’est la nourriture des pauvres et des gens de peu. Voici comment on l’attrape : on tend des filets le long ou en travers de la rivière et, devant les filets, on tend une sorte d’arc qui flotte sur l’eau. On suspend une clochette au sommet de l’arc2explicationCe genre de dispositif existe encore, mais il sert à avertir le pêcheur des prises qui agitent le filet. ; le poisson, quand il en entend le son, arrive en banc et suit stupidement le tintement de la clochette. Et voilà comment ils tombent dans les filets et se font prendre en grand nombre. C’est la preuve qu’ils possèdent le sens de l’ouïe. Ce poisson est à l’image de ceux qui, bien qu’ils ne veuillent pas mêler leurs pas à ceux des danseurs insensés, soit qu’ils soient vieux, soit qu’ils soient ignorants, soit qu’ils aient honte, cependant prêtent une oreille attentive aux propos obscènes et licencieux, et lorsque se fait entendre le tintement de la clochette du diable, qui leur fait croire à un bal, ils se pressent en foule. Qu’ils prennent donc garde à ne pas tomber dans les filets du diable et à ne pas devenir, tout pleins soient-ils des arêtes que constituent les remords de leur conscience, la proie des démons les plus vils – ce sont eux les pêcheurs de cette mer qu’est le monde. À propos de ces poissons et de ceux qui les pêchent, voici ce que ditle prophète Habaquq : [β] « Les hommes, dit-il, sont comme les poissons de la mer » ; et peu après : [γ] « Il prend tout à son hameçon, dit-il, il ramène tout dans sa senne et il ramasse tout dans son filet ; alors il se réjouira, il exultera », [δ] comme si le prophète disait : « il fera son festin de tels hommes, et c’est pourquoi ce pêcheur qu’est le diable exultera et se réjouira. »
[β] Ha, 1, 14
[γ] Ha, 1, 15
[δ] TC?
[α] Le poisson qu’on appelle communément le venth se nomme en latin l’aristosus [« plein d’arêtes »] et à juste titre car il présente un nombre incalculable d’arêtes. C’est le moins cher de tous les poissons comestibles. Il se rencontre souvent dans les eaux douces, celles que le flux et le reflux de la mer rend saumâtres. La chair de ce poisson est armée, à l’intérieur, de nombreuses, et même d’innombrables, arêtes, si bien qu’elle n’est pas facile à manger. Sa chair n’a aucun prix et suscite le dégoût. Il s’ensuit que c’est la nourriture des pauvres et des gens de peu. Voici comment on l’attrape : on tend des filets le long ou en travers de la rivière et, devant les filets, on tend une sorte d’arc qui flotte sur l’eau. On suspend une clochette au sommet de l’arc2explicationCe genre de dispositif existe encore, mais il sert à avertir le pêcheur des prises qui agitent le filet. ; le poisson, quand il en entend le son, arrive en banc et suit stupidement le tintement de la clochette. Et voilà comment ils tombent dans les filets et se font prendre en grand nombre. C’est la preuve qu’ils possèdent le sens de l’ouïe. Ce poisson est à l’image de ceux qui, bien qu’ils ne veuillent pas mêler leurs pas à ceux des danseurs insensés, soit qu’ils soient vieux, soit qu’ils soient ignorants, soit qu’ils aient honte, cependant prêtent une oreille attentive aux propos obscènes et licencieux, et lorsque se fait entendre le tintement de la clochette du diable, qui leur fait croire à un bal, ils se pressent en foule. Qu’ils prennent donc garde à ne pas tomber dans les filets du diable et à ne pas devenir, tout pleins soient-ils des arêtes que constituent les remords de leur conscience, la proie des démons les plus vils – ce sont eux les pêcheurs de cette mer qu’est le monde. À propos de ces poissons et de ceux qui les pêchent, voici ce que ditle prophète Habaquq : [β] « Les hommes, dit-il, sont comme les poissons de la mer » ; et peu après : [γ] « Il prend tout à son hameçon, dit-il, il ramène tout dans sa senne et il ramasse tout dans son filet ; alors il se réjouira, il exultera », [δ] comme si le prophète disait : « il fera son festin de tels hommes, et c’est pourquoi ce pêcheur qu’est le diable exultera et se réjouira. »
Notes d'identification :
1. D’après Kitchell & Resnick 1999, 1705 et n. 322, le venth est l’alose finte (Alosa agone Scopoli, 1786 ou Alosa finta Cuvier, 1829). Cipriani 2017, 97 pense que la description de la pêche est caractéristique des informations tirées du Liber rerum, voire d’une description personnelle de Thomas de Cantimpré, ce que semble confirmer la précision des indications culinaires.
Notes d'explication :
2. Ce genre de dispositif existe encore, mais il sert à avertir le pêcheur des prises qui agitent le filet.