CopierCopier dans le presse-papierPour indiquer l’adresse de consultation« Thomas de Cantimpré - Livre de la Nature — Livre VII. Les poissons de mer ou de rivière.  », in Bibliothèque Ichtya, état du texte au 07/12/2024. [En ligne : ]
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Édité et traduit par Brigitte Gauvin ; Catherine Jacquemard ; Marie-Agnès Lucas-Avenel.

LXVIII. De raithis [les raies1identificationLa raie, peut-être la raie bouclée (Raja clavata Linné, 1758) qui est l’espèce la plus commune, est ici décrite de manière très précise, à travers ses signes distinctifs les plus caractéristiques, et notamment la disposition si particulière de son orifice buccal, situé sur la partie ventrale de l’animal. Voir De Saint-Denis 1947, 93 ; D’Arcy Thompson 1947, 26-28.]

Lieux parallèles : AM, [Raythae] (24, 103 (??)) ; HS, Rayte (4, 75).
2. [α] ?
[β] Arist. HA, 602 a 23-25
[α] Les raithe [raies], rais ou encore rochen2explicationCipriani 2017, 27, explique que la présence de termes vernaculaires appartenant aux langues d’Europe du nord est l’indication d’un chapitre rédigé par Thomas de Cantimpré lui-même, comme souvent quand il y a en parallèle une référence au Liber Rerum., comme on les appelle communément dans diverses langues3explicationRaitha est peut-être la transcription du français raiton ; rais est français, comme raye ou raie ; roch est allemand., sont des poissons de mer à ce que rapporte le Livre de la nature. Alors qu’il compte parmi les poissons nobles, il est cependant tenu pour bon marché, du moins là où il y a abondance de poissons. Mais là où le poisson fait défaut, la rareté lui donne du prix. Il mesure deux ou trois coudées4explicationEntre 1 m et 1,5 m. de longueur et de largeur, qui sont presque égales chez lui. Il est presque rond. Il a des yeux affreux, une face blême et hideuse, et elle ne se trouve pas au même endroit que chez les autres poissons, mais sur le ventre : en revanche, là où il y a la tête et les yeux, il n’a pas de bouche. Il a la queue aussi longue qu’une couleuvre, et elle porte des épines très pointues5explicationElles ne sont pas venimeuses chez la raie bouclée, mais constituent une arme très dangereuse chez la raie pastenague.. Parfois ce poisson a une pierre dans la tête, et nous pensons pas que la nature a créé cette pierre sans raison6explicationLes otholites, situées dans l’oreille interne, servent au maintien de l’équilibre et permettent de connaître l’âge du poisson ; mais ils sont théoriquement présents chez les poissons osseux et absents chez les poissons cartilagineux comme la raie.. Sa chair est aussi difficile à digérer que celle du bœuf7explicationLa raie ne se mange pas fraîche pour cette raison..[β] C’est un poisson qui se reproduit8traductionLa traduction de Michel Scot, fidèle au texte d’Aristote, donne impinguantur, « engraissent » ; impregnantur est une erreur de Thomas de Cantimpré., à ce que dit Aristote, quand souffle le vent du sud9explicationCette caractéristique a déjà été attribuée à la botha, ch. 16 (le flet) et vient d’Arist. HA 602 a 23-25 MS : Et quidam pisces inpinguantur vento septentrionali et quidam meridionali. Et pisces longi inpinguantur septentrionali, et propter hoc deprehenduntur multi illorum in estate, et pisces ampli cum meridionali, « Et certains poissons engraissent quand souffle le vent du nord, d’autres, quand souffle le vent du sud. Les poissons longs engraissent par vent de nord, et à cause de cela on les prend en grand nombre en été, tandis que les poissons larges engraissent par vent de sud »..

Notes d'identification :

1. La raie, peut-être la raie bouclée (Raja clavata Linné, 1758) qui est l’espèce la plus commune, est ici décrite de manière très précise, à travers ses signes distinctifs les plus caractéristiques, et notamment la disposition si particulière de son orifice buccal, situé sur la partie ventrale de l’animal. Voir De Saint-Denis 1947, 93 ; D’Arcy Thompson 1947, 26-28.

Notes d'explication :

2. Cipriani 2017, 27, explique que la présence de termes vernaculaires appartenant aux langues d’Europe du nord est l’indication d’un chapitre rédigé par Thomas de Cantimpré lui-même, comme souvent quand il y a en parallèle une référence au Liber Rerum. | 

3. Raitha est peut-être la transcription du français raiton ; rais est français, comme raye ou raie ; roch est allemand. | 

4. Entre 1 m et 1,5 m. | 

5. Elles ne sont pas venimeuses chez la raie bouclée, mais constituent une arme très dangereuse chez la raie pastenague. | 

6. Les otholites, situées dans l’oreille interne, servent au maintien de l’équilibre et permettent de connaître l’âge du poisson ; mais ils sont théoriquement présents chez les poissons osseux et absents chez les poissons cartilagineux comme la raie. | 

7. La raie ne se mange pas fraîche pour cette raison. | 

9. Cette caractéristique a déjà été attribuée à la botha, ch. 16 (le flet) et vient d’Arist. HA 602 a 23-25 MS : Et quidam pisces inpinguantur vento septentrionali et quidam meridionali. Et pisces longi inpinguantur septentrionali, et propter hoc deprehenduntur multi illorum in estate, et pisces ampli cum meridionali, « Et certains poissons engraissent quand souffle le vent du nord, d’autres, quand souffle le vent du sud. Les poissons longs engraissent par vent de nord, et à cause de cela on les prend en grand nombre en été, tandis que les poissons larges engraissent par vent de sud ».

Notes de traduction :

8. La traduction de Michel Scot, fidèle au texte d’Aristote, donne impinguantur, « engraissent » ; impregnantur est une erreur de Thomas de Cantimpré.