CopierCopier dans le presse-papierPour indiquer l’adresse de consultation« Albert Le Grand - Les animaux — Livre XXIV. Les animaux aquatiques.  », in Bibliothèque Ichtya, état du texte au 16/09/2024. [En ligne : ]
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Édité et traduit par Brigitte Gauvin.

<Aslet [la chimère commune1identificationIl pourrait s’agir de la chimère commune, aussi appelée chimère monstrueuse (Chimaera monstrosa Linné, 1758), comme l’indiquent Kitchell & Resnick 1999, 1659, à la suite de Stadler. Elle est présente dans l’Atlantique nord, ce qui fait qu’Albert le Grand peut en effet l’avoir vue. Si la description est très précise, certains éléments, cependant, ne correspondent pas, comme la description de la queue du poisson. Il est par ailleurs étonnant qu’Albert le Grand n’ait rien dit du rostre arrondi ou des yeux de la chimère, particularités remarquables. ?]>

2. 1. L’aslet est un poisson que j’ai vu de mes yeux ; son corps et sa peau sont presque semblables à ceux du poisson qu’on appelle raie en français, et rocho en allemand2explicationLa raie en allemand se dit Rochen. : mais son corps s’achève en pointe par une longue queue qui, à son extrémité, forme une nageoire fourchue comme la queue des autres poissons3explicationLa queue de la chimère forme un fouet qui s’affine progressivement et ne possède pas à son extrémité la fourche mentionnée ici. ; et sur le dos de la queue se trouve une grande nageoire qui ne sert pas à nager mais à se diriger4explicationCette nageoire dorsale, haute et triangulaire, est armée d’une épine reliée à une glande venimeuse. : en effet, ce poisson se déplace en biais, de côté : et les nageoires qui servent au mouvement de la nage bougent d’avant en arrière et propulsent le poisson vers l’avant, comme le fait le mouvement des rames sur un navire.
3. Ce poisson a sur chaque côté des orifices branchiaux, deux rangées de deux ; sur le côté, il a deux fois trois branchies, l’une sur l’autre en remontant du ventre vers le dessus de la tête5explicationLa chimère possède quatre fentes brachiales latérales, couvertes d’un opercule, et une seule ouverture brachiale externe. : et sur l’avant de la largeur du corps, sur les épaules en quelque sorte, il a deux très grandes nageoires formées de nombreuses jointures qui s’articulent et s’attachent les unes aux autres, en tout point semblables aux ailes d’un oiseau ; il y en a une sur un côté, une autre sur l’autre, et leur mouvement, du dos vers le ventre, est semblable à celui des ailes d’un oiseau : et de la même manière, il en a deux autres disposées plus bas sur les côtés, là où le corps commence à se resserrer à la naissance de la queue, dotées de la même mobilité, et il a sur le ventre deux pieds cartilagineux dépourvus d’articulations, un sur chaque côté, et sur la plante des pieds se trouve une séparation confuse des doigts6explicationCes « pieds » sont les ptérygopodes, organes copulateurs issus d’une modification des nageoires pelviennes ; présents uniquement chez le mâle, ils servent à amener le sperme jusqu’au cloaque de la femelle chez les raies, les requins et les chimères..

Notes d'identification :

1. Il pourrait s’agir de la chimère commune, aussi appelée chimère monstrueuse (Chimaera monstrosa Linné, 1758), comme l’indiquent Kitchell & Resnick 1999, 1659, à la suite de Stadler. Elle est présente dans l’Atlantique nord, ce qui fait qu’Albert le Grand peut en effet l’avoir vue. Si la description est très précise, certains éléments, cependant, ne correspondent pas, comme la description de la queue du poisson. Il est par ailleurs étonnant qu’Albert le Grand n’ait rien dit du rostre arrondi ou des yeux de la chimère, particularités remarquables.

Notes d'explication :

2. La raie en allemand se dit Rochen. | 

3. La queue de la chimère forme un fouet qui s’affine progressivement et ne possède pas à son extrémité la fourche mentionnée ici. | 

4. Cette nageoire dorsale, haute et triangulaire, est armée d’une épine reliée à une glande venimeuse. | 

5. La chimère possède quatre fentes brachiales latérales, couvertes d’un opercule, et une seule ouverture brachiale externe. | 

6. Ces « pieds » sont les ptérygopodes, organes copulateurs issus d’une modification des nageoires pelviennes ; présents uniquement chez le mâle, ils servent à amener le sperme jusqu’au cloaque de la femelle chez les raies, les requins et les chimères.