CopierCopier dans le presse-papierPour indiquer l’adresse de consultation« Albert Le Grand - Les animaux — Livre XXIV. Les animaux aquatiques.  », in Bibliothèque Ichtya, état du texte au 21/11/2024. [En ligne : ]
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Édité et traduit par Brigitte Gauvin.

<Pyna [la pinne1identificationLes termes pyna, pina ou pinna, du grec πίνη ou πίννη (πίννα, chez Aristote) et perna (voir infra ch. 97) désignent dans les textes médiévaux un même animal, la pinne marine ou jambonneau de mer, qui a reçu deux noms différents : pinna est la transcription du grec, et perna a été « donné par analogie de forme », selon De Saint-Denis 1947, 85, qui traite cependant les deux noms séparément (perna, p. 85 et pin(n)a, p. 87). La pyna ici décrite désigne donc le même animal que la perna du chapitre 97 ; la source de ce chapitre, via Thomas de Cantimpré, est Pline ; celle du ch. 97 est le mystérieux Adelinus. Aujourd’hui, on distingue par ces noms deux genres de coquillages. Perna est le nom du genre auquel appartient la Perna perna Linné, 1758, et la Perna viridis Linné, 1758 qui sont des moules très voisines du genre Mytilus. Le genre Pinna regroupe quatre espèces, dont la Pinna nobilis Linné, 1758, qui vit en Méditerranée et qu’on appelle encore communément le jambonneau de mer : c’est un mollusque de grande taille (30 cm environ), qui vit en partie enfoncé dans le sable où il s’accroche par un byssus que les Romains utilisaient tressé. Cf. D’Arcy Thompson 1947, 200-202.]>

Renvois internes : cf. Aureum vellus, ch. 8 ; Perna, ch. 97.
Lieux parallèles : VB, De pinna et plaice (17, 79) ; HS, Pinna (4, 70).
2. [α] Plin. nat.9, 1422sources« La pinne appartient aussi à la catégorie des coquillages. Elle naît sur les fonds vaseux, toujours verticale et jamais sans un compagnon qu’on appelle pinnotère, que d’autres nomment pinophylax ; c’est une petite squille, ailleurs un crabe parasite ». L’utilisation des sources est ici complexe. Thomas de Cantimpré commet un premier contresens sur le « compagnon » de la pinne, qu’il prend pour le mâle de la même espèce, imaginant que ces deux animaux se promènent en couple. Suivant toujours Pline, il revient sur le compagnon de la pinne à la fin du passage, expliquant qu’elle partage son repas avec lui. Albert le Grand, lisant Thomas de Cantimpré, attribue l’information sur le couple de coquillages à Pline. Jugeant que c’est une aberration, il le signale et supprime par conséquent l’allusion finale au pinnotère. Réduisant ainsi les informations au mode d’alimentation de la pinne, il ne reprend pas non plus le constat de Pline sur l’intelligence des animaux, qui était lié à la relation entre la pinne et son parasite et qui n’a plus lieu d’être.
[β] AM
[γ] Plin. nat.9, 1423sources« La pinne s’ouvre, présentant aux petits poissons l’intérieur de son corps privé d’yeux. Ceux-ci bondissent aussitôt, et, quand la licence a fait croître leur audace, ils l’emplissent. Le pinnotère, guettant ce moment, l’indique à la pinne par une légère morsure. Celle-ci, en se refermant, tue tous les poissons qu’elle contient et en donne une part à son allié. Je m’étonne d’autant plus que certains croient que les animaux d’eau n’ont aucune intelligence. »
92. [α] La pinne est semblable à un coquillage ; et Pline affirme que ces coquillages se promènent [en couple], mâle et femelle ; [β] mais en vérité, il n’y a pas de mâle et de femelle chez ces animaux, et ils ne s’accouplent pas. [γ] Ce coquillage s’ouvre quand brille la lune et de petits poissons imprudents, qui se glissent entre ses valves pour se nourrir, se font enfermer et servent de pâture à la pinne.

Notes d'identification :

1. Les termes pyna, pina ou pinna, du grec πίνη ou πίννη (πίννα, chez Aristote) et perna (voir infra ch. 97) désignent dans les textes médiévaux un même animal, la pinne marine ou jambonneau de mer, qui a reçu deux noms différents : pinna est la transcription du grec, et perna a été « donné par analogie de forme », selon De Saint-Denis 1947, 85, qui traite cependant les deux noms séparément (perna, p. 85 et pin(n)a, p. 87). La pyna ici décrite désigne donc le même animal que la perna du chapitre 97 ; la source de ce chapitre, via Thomas de Cantimpré, est Pline ; celle du ch. 97 est le mystérieux Adelinus. Aujourd’hui, on distingue par ces noms deux genres de coquillages. Perna est le nom du genre auquel appartient la Perna perna Linné, 1758, et la Perna viridis Linné, 1758 qui sont des moules très voisines du genre Mytilus. Le genre Pinna regroupe quatre espèces, dont la Pinna nobilis Linné, 1758, qui vit en Méditerranée et qu’on appelle encore communément le jambonneau de mer : c’est un mollusque de grande taille (30 cm environ), qui vit en partie enfoncé dans le sable où il s’accroche par un byssus que les Romains utilisaient tressé. Cf. D’Arcy Thompson 1947, 200-202.

Notes de source :

2. « La pinne appartient aussi à la catégorie des coquillages. Elle naît sur les fonds vaseux, toujours verticale et jamais sans un compagnon qu’on appelle pinnotère, que d’autres nomment pinophylax ; c’est une petite squille, ailleurs un crabe parasite ». L’utilisation des sources est ici complexe. Thomas de Cantimpré commet un premier contresens sur le « compagnon » de la pinne, qu’il prend pour le mâle de la même espèce, imaginant que ces deux animaux se promènent en couple. Suivant toujours Pline, il revient sur le compagnon de la pinne à la fin du passage, expliquant qu’elle partage son repas avec lui. Albert le Grand, lisant Thomas de Cantimpré, attribue l’information sur le couple de coquillages à Pline. Jugeant que c’est une aberration, il le signale et supprime par conséquent l’allusion finale au pinnotère. Réduisant ainsi les informations au mode d’alimentation de la pinne, il ne reprend pas non plus le constat de Pline sur l’intelligence des animaux, qui était lié à la relation entre la pinne et son parasite et qui n’a plus lieu d’être. | 

3. « La pinne s’ouvre, présentant aux petits poissons l’intérieur de son corps privé d’yeux. Ceux-ci bondissent aussitôt, et, quand la licence a fait croître leur audace, ils l’emplissent. Le pinnotère, guettant ce moment, l’indique à la pinne par une légère morsure. Celle-ci, en se refermant, tue tous les poissons qu’elle contient et en donne une part à son allié. Je m’étonne d’autant plus que certains croient que les animaux d’eau n’ont aucune intelligence. »