CopierCopier dans le presse-papierPour indiquer l’adresse de consultation« Albert Le Grand - Les animaux — Livre XXIV. Les animaux aquatiques.  », in Bibliothèque Ichtya, état du texte au 16/09/2024. [En ligne : ]
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Édité et traduit par Brigitte Gauvin.

<Kyloz [l’anémone de mer1identificationNonobstant le signalement de pattes avant et de pattes arrière, et la mention erronée de la coquille, la description évoque selon toute vraisemblance une anémone de mer (Actiniaria von Ternate, 1897), hypothèse que retiennent aussi Kitchell & Resnick 1999, 1686.]>

Source : TC, De kylok (7, 43).
Lieux parallèles : VB, De calao et carcora et kilok (17, 66) ; HS, Kilok (4, 45).
2. [α] Arist. HA, 531 a 31- b 5 MS2sourcesArist. HA 531 a 31 MS : « Et l’espèce animale qu’on appelle en grec akaleki est une espèce en elle-même et elle s’attache aux rochers, comme un animal ; sa coquille est dure, semblable à un vase d’argile. Et elle n’a pas de coquille, mais la matière de son corps est semblable à la chair. Et cette espèce sent ce qui approche de ses mains et l’attrape, et elle s’agrippe aux rochers avec ses pieds, comme un animal pourvu de nombreux pieds. Et peut-être son corps gonfle-t-il quand elle s’attache à quelque chose. Elle a ses orifices au milieu du corps et elle chasse tous les petits poissons qui passent par elle ». Albert le Grand suit Thomas de Cantimpré, qui avait déjà glosé le texte pour le rendre plus compréhensible, de même que pour le passage suivant.
[β] Arist. HA, 531 b 11-17 MS5sourcesArist. HA 531 b 8 MS : « […] Et dans cette espèce, il y en a de deux sortes : l’une a un corps petit et elle est comestible, l’autre a un grand corps, dur, comme dans la région qu’on appelle Elfiz. Sa chair est dure en hiver, et c’est pour ça qu’on la pêche et qu’on la mange <alors> , en été elle est semblable à † albe in greco † et si on la touche, elle s’effrite et se détruit au moment de la chaleur et entre les pierres ». Ce passage est très obscur. Le texte grec, beaucoup plus clair, est le suivant : « On distingue deux variétés d’actinies, les unes plus petites et meilleures à manger, les autres grandes et dures, comme celles des environs de Chalcis. En tout cas, l’hiver, leur chair est ferme (aussi est-ce la saison de les pêcher et de les manger) tandis qu’en été elles perdent leurs qualités : car elles deviennent flasques et, si l’on y touche, elles se déchirent et l’on ne peut les avoir en entier ; d’ailleurs, comme elles souffrent pendant les chaleurs, elles pénètrent de préférence sous les rochers ».
64. [α] Le kyloz appartient au genre des huîtres et s’attache aux rochers ; sa coquille3explicationL’emploi du terme testa vient d’une mauvaise compréhension du texte d’Aristote (Arist. HA 531 b 4), qui dit que l’actinie a le rocher pour coquille. Le passage est correctement traduit par Théodore Gaza (De saxo quasi de testa vivit, « il vit sur son rocher comme dans une coquille »), mais Michel Scot l’a omis et le contresens est déjà présent chez Thomas de Cantimpré (Testa eius in qua latet similis est teste vasis et est aspera multum, « la coquille, dans laquelle il se cache, est semblable à l’argile d’un vase et elle est très dure »). est comme la terre d’un vase, mais elle très rugueuse ; la matière de son corps, cependant, est comme de la chair. Il sent tout ce qui s’approche de lui ; l’avant de son corps est libre et pourvu de deux pattes grâce auxquelles il attrape, comme avec des mains4explicationLe texte grec d’Aristote (Arist. HA 531 a 31 - b 6) ne mentionne pas les mains (ni d’ailleurs les pieds) de l’actinie mais celles de l’expérimentateur : « Les actinies constituent également un genre à part. Car elles sont fixées aux rochers comme certains testacés, mais il arrive qu’elles s’en détachent. Elles sont sensibles au toucher et saisissent et retiennent la main qui s’approche, comme le poulpe avec ses tentacules, à tel point que la main a la chair qui se met à enfler. Elle a une bouche au milieu, et elle vit avec le rocher pour coquille. Et si quelque minuscule poisson passe à sa portée, elle le retient comme elle fait pour la main. Et ainsi quand quelque chose de bon à manger se trouve à sa portée, elle le mange » (Louis 1964, 136)., les poissons qui passent au-dessus de lui et qu’il peut vaincre ; et si passe un poisson qu’il ne peut vaincre, il prend peur et se replie aussitôt contre le rocher. Par ses pattes arrière il s’agrippe au rocher. Il a la bouche au milieu du corps. [β] Ce genre d’huître comporte des animaux de deux types : les uns sont petits, comestibles, surtout quand on les a fait sécher ; pour cette raison, les hommes les pêchent en hiver et les mangent l’été, salés, contre la chaleur ; les autres sont grands, tachés de blanc ; ils sont toxiques et détruisent celui qui les mange6explicationLa fin du texte, empruntée à Thomas de Cantimpré, aboutit à déformer complètement la pensée d’Aristote. Albert le Grand ne comprend pas le texte ambigu de Thomas de Cantimpré (sed adeo pestilens est, ut si aliquis ipsum attigerit, dissolvatur, « l’animal est si malsain que, si une personne le touche, il se désagrège », ce qui peut aussi se comprendre : « l’animal est si malsain que, si une personne le touche, elle se désagrège »). Son interprétation est peut-être influencée par ce qu’il a écrit plus haut sur l’oursin, qu’il pense toxique, et qu’il formule exactement dans les mêmes termes (cf. supra ch. 48, escynus : Totum dissolvat comedentem)..

Notes d'identification :

1. Nonobstant le signalement de pattes avant et de pattes arrière, et la mention erronée de la coquille, la description évoque selon toute vraisemblance une anémone de mer (Actiniaria von Ternate, 1897), hypothèse que retiennent aussi Kitchell & Resnick 1999, 1686.

Notes de source :

2. Arist. HA 531 a 31 MS : « Et l’espèce animale qu’on appelle en grec akaleki est une espèce en elle-même et elle s’attache aux rochers, comme un animal ; sa coquille est dure, semblable à un vase d’argile. Et elle n’a pas de coquille, mais la matière de son corps est semblable à la chair. Et cette espèce sent ce qui approche de ses mains et l’attrape, et elle s’agrippe aux rochers avec ses pieds, comme un animal pourvu de nombreux pieds. Et peut-être son corps gonfle-t-il quand elle s’attache à quelque chose. Elle a ses orifices au milieu du corps et elle chasse tous les petits poissons qui passent par elle ». Albert le Grand suit Thomas de Cantimpré, qui avait déjà glosé le texte pour le rendre plus compréhensible, de même que pour le passage suivant. | 

5. Arist. HA 531 b 8 MS : « […] Et dans cette espèce, il y en a de deux sortes : l’une a un corps petit et elle est comestible, l’autre a un grand corps, dur, comme dans la région qu’on appelle Elfiz. Sa chair est dure en hiver, et c’est pour ça qu’on la pêche et qu’on la mange <alors> , en été elle est semblable à † albe in greco † et si on la touche, elle s’effrite et se détruit au moment de la chaleur et entre les pierres ». Ce passage est très obscur. Le texte grec, beaucoup plus clair, est le suivant : « On distingue deux variétés d’actinies, les unes plus petites et meilleures à manger, les autres grandes et dures, comme celles des environs de Chalcis. En tout cas, l’hiver, leur chair est ferme (aussi est-ce la saison de les pêcher et de les manger) tandis qu’en été elles perdent leurs qualités : car elles deviennent flasques et, si l’on y touche, elles se déchirent et l’on ne peut les avoir en entier ; d’ailleurs, comme elles souffrent pendant les chaleurs, elles pénètrent de préférence sous les rochers ».

Notes d'explication :

3. L’emploi du terme testa vient d’une mauvaise compréhension du texte d’Aristote (Arist. HA 531 b 4), qui dit que l’actinie a le rocher pour coquille. Le passage est correctement traduit par Théodore Gaza (De saxo quasi de testa vivit, « il vit sur son rocher comme dans une coquille »), mais Michel Scot l’a omis et le contresens est déjà présent chez Thomas de Cantimpré (Testa eius in qua latet similis est teste vasis et est aspera multum, « la coquille, dans laquelle il se cache, est semblable à l’argile d’un vase et elle est très dure »). | 

4. Le texte grec d’Aristote (Arist. HA 531 a 31 - b 6) ne mentionne pas les mains (ni d’ailleurs les pieds) de l’actinie mais celles de l’expérimentateur : « Les actinies constituent également un genre à part. Car elles sont fixées aux rochers comme certains testacés, mais il arrive qu’elles s’en détachent. Elles sont sensibles au toucher et saisissent et retiennent la main qui s’approche, comme le poulpe avec ses tentacules, à tel point que la main a la chair qui se met à enfler. Elle a une bouche au milieu, et elle vit avec le rocher pour coquille. Et si quelque minuscule poisson passe à sa portée, elle le retient comme elle fait pour la main. Et ainsi quand quelque chose de bon à manger se trouve à sa portée, elle le mange » (Louis 1964, 136). | 

6. La fin du texte, empruntée à Thomas de Cantimpré, aboutit à déformer complètement la pensée d’Aristote. Albert le Grand ne comprend pas le texte ambigu de Thomas de Cantimpré (sed adeo pestilens est, ut si aliquis ipsum attigerit, dissolvatur, « l’animal est si malsain que, si une personne le touche, il se désagrège », ce qui peut aussi se comprendre : « l’animal est si malsain que, si une personne le touche, elle se désagrège »). Son interprétation est peut-être influencée par ce qu’il a écrit plus haut sur l’oursin, qu’il pense toxique, et qu’il formule exactement dans les mêmes termes (cf. supra ch. 48, escynus : Totum dissolvat comedentem).