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Édité et traduit par Brigitte Gauvin.<Sepia [la seiche1identificationLa seiche (Sepia officinalis Linné, 1758) était un animal marin bien connu des Anciens, notamment du fait des vertus multiples qu’ils reconnaissaient à son os. Pour autant, le mode de vie de l’animal ne leur était pas aussi familier et bien des questions restent encore posées actuellement. Le terme « seiche » est cependant un nom vernaculaire générique pour un très grand nombre de mollusques céphalopodes classés dans le super-ordre des décapodiformes et regroupés dans le taxon des Sepioidae. Voir De Saint-Denis 1947, 104 ; D’Arcy Thompson 1947, 231-233.]>
[β] Plin. nat.9, 842sources« Dans l’espèce des seiches, les mâles sont bigarrés, plus sombres et plus fermes de caractère. Ils viennent au secours de la femelle, lorsqu’elle est frappée d’un coup de trident, alors que la femelle fuit lorsque le mâle est touché. Quand ils ont senti qu’ils étaient pris, l’un et l’autre se dissimulent en obscurcissant l’eau grâce à l’encre qu’ils projettent ; elle leur tient lieu de sang. »
[γ] Isid. orig.12, 6, 465sources« […] Son encre a une telle force que, d’après certains, mise dans une lampe, elle change l’éclairage et donne aux gens l’air d’Éthiopiens. »
[γ] Plin. nat.32, 1416sources« […] L’encre de seiche a une telle force que, selon Anaxilaus, lorsqu’on l’ajoute à une lampe, la lumière précédente disparaît et on croit voir des Éthiopiens. »
113. [α] La seiche est un poisson connu, appartenant à la catégorie des céphalopodes. [β] Chez ce poisson, le mâle est bigarré, plus foncé3explicationSepia officinalis présente au repos un manteau strié pour le mâle et la femelle, et les stries sont plus foncées sur le manteau et sur les bras du mâle ; mais l’aspect de la seiche change constamment car elle est l’animal le plus habile à se dissimuler grâce à un changement constant de couleur et d’apparence de son manteau. et d’une chair plus consistante que la femelle4sourcesThomas de Cantimpré écrit constantiae maioris, trait moral attribué à la seiche et développé par l’anecdote qui suit ; Albert le Grand se trompe et écrit constantioris carnis, qui n’a guère de sens en lui-même et se trouve sans rapport avec la suite du texte.. Lorsque la femelle est frappée par un trident, le mâle l’aide ; mais quand c’est le mâle qui est frappé, la femelle s’enfuit. [γ] Quand ce poisson a peur, il trouble l’eau en lâchant une humeur noire. Et à ce qu’on dit, si on verse cette humeur dans une lampe et qu’on l’allume, elle fait que ceux qui sont là autour semblent des Éthiopiens.
[δ] Mais nous avons beaucoup parlé de la nature de ce poisson dans ce qui précède11sourcesLa seiche est l’un des animaux les plus souvent évoqués par Albert le Grand dans son commentaire d’Aristote; voir 4, 1, 8-17 ; 5, 1, 15 ; 5, 1, 72-75 ; 6, 2, 74 ; 12, 2, 8 ; 13, 2, 5 ; 14, 1, 4 ; 16, 4, 44-45. ; pour cette raison, contentons-nous de ce qui a été dit.
Notes d'identification :
1. La seiche (Sepia officinalis Linné, 1758) était un animal marin bien connu des Anciens, notamment du fait des vertus multiples qu’ils reconnaissaient à son os. Pour autant, le mode de vie de l’animal ne leur était pas aussi familier et bien des questions restent encore posées actuellement. Le terme « seiche » est cependant un nom vernaculaire générique pour un très grand nombre de mollusques céphalopodes classés dans le super-ordre des décapodiformes et regroupés dans le taxon des Sepioidae. Voir De Saint-Denis 1947, 104 ; D’Arcy Thompson 1947, 231-233.
Notes de source :
2. « Dans l’espèce des seiches, les mâles sont bigarrés, plus sombres et plus fermes de caractère. Ils viennent au secours de la femelle, lorsqu’elle est frappée d’un coup de trident, alors que la femelle fuit lorsque le mâle est touché. Quand ils ont senti qu’ils étaient pris, l’un et l’autre se dissimulent en obscurcissant l’eau grâce à l’encre qu’ils projettent ; elle leur tient lieu de sang. » |
4. Thomas de Cantimpré écrit constantiae maioris, trait moral attribué à la seiche et développé par l’anecdote qui suit ; Albert le Grand se trompe et écrit constantioris carnis, qui n’a guère de sens en lui-même et se trouve sans rapport avec la suite du texte. |
5. « […] Son encre a une telle force que, d’après certains, mise dans une lampe, elle change l’éclairage et donne aux gens l’air d’Éthiopiens. » |
6. « […] L’encre de seiche a une telle force que, selon Anaxilaus, lorsqu’on l’ajoute à une lampe, la lumière précédente disparaît et on croit voir des Éthiopiens. » |
11. La seiche est l’un des animaux les plus souvent évoqués par Albert le Grand dans son commentaire d’Aristote; voir 4, 1, 8-17 ; 5, 1, 15 ; 5, 1, 72-75 ; 6, 2, 74 ; 12, 2, 8 ; 13, 2, 5 ; 14, 1, 4 ; 16, 4, 44-45.
Notes d'explication :
3. Sepia officinalis présente au repos un manteau strié pour le mâle et la femelle, et les stries sont plus foncées sur le manteau et sur les bras du mâle ; mais l’aspect de la seiche change constamment car elle est l’animal le plus habile à se dissimuler grâce à un changement constant de couleur et d’apparence de son manteau. |
7. La seiche est un animal plutôt solitaire ; le rapprochement entre mâle et femelle ne se fait qu’à la période de la reproduction, et les deux partenaires meurent peu après. |
8. L’affirmation est inexacte ; les seiches se reproduisent entre le printemps et l’automne, lorsque les eaux se réchauffent, et elles s’approchent alors des côtes. |
9. La remarque est inexacte. Le mâle féconde les œufs à l’intérieur du corps de la femelle au moyen du bras ectocotyle, l’un des dix bras qui entourent la bouche ; les spermatophores sont ainsi déposés dans la cavité palléale de la femelle. Celle-ci ne les pond qu’après et accroche ses œufs sur un rocher, une algue ou un objet immergé avant de les arroser d’encre, ce qui explique peut-être la confusion présente dans le passage. |
10. La rapidité de maturation des œufs de seiche dépend de la température de l’eau. Ils ne sont pas durs, mais le constat a peut-être été fait à partir d’œufs desséchés ramassés sur une plage.