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Édité et traduit par Brigitte Gauvin.<Syrenae [les sirènes1identificationAucun problème d’identification ne se pose ici, même si le terme sirena, dérivé du latin classique siren, n’apparaît que chez les poètes, et en premier lieu dans l’Odyssée. Il désigne tout d’abord la sirène ailée, cette créature fabuleuse à corps d’oiseau et à tête de femme, qui, de son chant, attirait pour leur perte les marins téméraires. Dans la mythologie gréco-romaine, les sirènes sont les filles du dieu-fleuve Achéloos et elles habitent une île de la Méditerranée, sur les rochers de laquelle les navires venaient se briser. La sirène pisciforme apparaîtra plus tardivement au Moyen Âge, par confusion probable avec certains animaux réels, comme le lamantin ou le dugong. Vers le xve siècle, l’image de la sirène moderne est fixée, notamment à travers les bestiaires et l’art ornemental : la sirène à queue simple ou double devient un motif très courant de la sculpture médiévale (Leclercq-Marx 1997). Thomas de Cantimpré recourt à plusieurs sources qu’il juxtapose sans essayer de leur donner de cohérence : dans son texte, les sirènes apparaissent d’abord comme des créatures féminines anthropomorphes aux longs cheveux portant des petits dans leur bras dont on détourne l’attention avec une bouteille jetée dans l’eau, puis, selon le mystérieux Adelinus, comme des créatures à corps et serres d’oiseau et à queue de poisson qui envoûtent par leur chant les marins qu’elles dévorent ensuite. Albert le Grand, qui abrège considérablement la notice de son prédécesseur, réunit toutes les informations : sous sa plume, les sirènes deviennent des créatures à triple nature, femme, oiseau et poisson, qui chantent et jouent avec les bouteilles vides que leur lancent les marins.]>
Notes d'identification :
1. Aucun problème d’identification ne se pose ici, même si le terme sirena, dérivé du latin classique siren, n’apparaît que chez les poètes, et en premier lieu dans l’Odyssée. Il désigne tout d’abord la sirène ailée, cette créature fabuleuse à corps d’oiseau et à tête de femme, qui, de son chant, attirait pour leur perte les marins téméraires. Dans la mythologie gréco-romaine, les sirènes sont les filles du dieu-fleuve Achéloos et elles habitent une île de la Méditerranée, sur les rochers de laquelle les navires venaient se briser. La sirène pisciforme apparaîtra plus tardivement au Moyen Âge, par confusion probable avec certains animaux réels, comme le lamantin ou le dugong. Vers le xve siècle, l’image de la sirène moderne est fixée, notamment à travers les bestiaires et l’art ornemental : la sirène à queue simple ou double devient un motif très courant de la sculpture médiévale (Leclercq-Marx 1997). Thomas de Cantimpré recourt à plusieurs sources qu’il juxtapose sans essayer de leur donner de cohérence : dans son texte, les sirènes apparaissent d’abord comme des créatures féminines anthropomorphes aux longs cheveux portant des petits dans leur bras dont on détourne l’attention avec une bouteille jetée dans l’eau, puis, selon le mystérieux Adelinus, comme des créatures à corps et serres d’oiseau et à queue de poisson qui envoûtent par leur chant les marins qu’elles dévorent ensuite. Albert le Grand, qui abrège considérablement la notice de son prédécesseur, réunit toutes les informations : sous sa plume, les sirènes deviennent des créatures à triple nature, femme, oiseau et poisson, qui chantent et jouent avec les bouteilles vides que leur lancent les marins.