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Édité et traduit par Brigitte Gauvin.<Hahane [le serran, le muge1identificationOn ne peut proposer une identification unique pour l’hahane, dont la description résulte d’une transmission perturbée d’Arist. 591 b 1-8 dans la traduction de Michel Scot et, de ce fait, d’une contamination des informations données sur le muge et le serran par Aristote. Indépendamment de ces vicissitudes, dans la traduction latine de Michel Scot, le mot ahuna est bien utilisé comme équivalent du grec channa, que D’Arcy Thompson 1947, 283, identifie avec le serran (Serranus cabrilla Linné, 1758 ou Serranus scriba Linné, 1758). Albert le Grand ôte à la notice de Thomas de Cantimpré sa moralisation et abrège considérablement le reste. Cependant, il reprend lui aussi une caractéristique attribuée par Aristote au serran au milieu d’informations concernant le mulet.]>
[β] Arist. HA, 591 b 7-8 MS3sources« Et souvent le poisson qu’on appelle hahanie a le ventre enflé et il vomit d’autres poissons parce que son ventre communique directement avec la bouche et qu’il n’a pas d’estomac ».
[γ] Arist. HA, 591 b 1-4 MS5sources« et pour cette raison, son ventre enfle démesurément […] et quand il a peur, il cache sa tête dans son corps ».
[δ] AM
[ε] Arist. HA, 591 b 5 MS8sources« […] et, cachant sa tête, il dévore sa chair ».
17. [α] L’hahane est un animal marin plus glouton que tous les animaux marins [β] parce qu’il n’a pas un estomac séparé, à ce qu’on dit4zoologieCe passage concerne le serran ; la confusion se comprend facilement car à deux lignes d’écart Michel Scot parle de deux poissons au ventre distendu. Une particularité physiologique du serran explique cette réputation de gros mangeur : le serran en effet est un prédateur macrophage dont la bouche, équipée de soufflets jugulaires, peut s’ouvrir si largement qu’elle atteint le diamètre de la tête et du corps. (cf. D’Arcy Thompson 1947, 284). Par ailleurs Kitchell & Resnick 1999, 1664, n. 59, expliquent le phénomène de dilatation décrit à propos de l’ahuna par les variations de volume de la vessie natatoire que possèdent de nombreux poissons : c’est un organe de flottaison empli d’air, dont le volume s’adapte à la pression que l’eau exerce sur le poisson. D’Arcy Thompson 1947, 284, commentant le passage original d’Aristote consacré au dentex et au serran, met aussi au compte de cette donnée physiologique le fait que ces deux poissons aient paru aux Anciens « recracher » leur estomac quand ils poursuivaient leurs proies. Lorsque les espèces qui ne possèdent pas de conduit excréteur pour la vessie natatoire s’élèvent brutalement, l’air de la vessie natatoire, qui ne subit plus la même pression d’eau, se dilate au point d’entraîner une déchirure de la vessie et éventuellement du mésentère : les intestins peuvent alors se retourner et saillir dans la bouche. ; [γ] il prend une proie et transforme toute sa nourriture en graisse : et c’est pour cette raison que son ventre enfle au-delà de la mesure6zoologieLa taille maximale connue pour un muge est de 1,20 m pour 12 kg, mais Fishbase signale que ces données doivent être confirmées.. Lorsque cet animal craint un danger, il replie sa graisse et sa peau au-dessus de lui, [δ] rentrant sa tête comme le hérisson7explicationPercevant sans doute la difficulté du texte, Albert le Grand glose et recourt à une image familière au lecteur pour mieux se faire comprendre., [ε] et si cette crainte se prolonge, il subsiste en mangeant une partie de sa propre chair jusqu’à ce que le danger s’éloigne.
Notes d'identification :
1. On ne peut proposer une identification unique pour l’hahane, dont la description résulte d’une transmission perturbée d’Arist. 591 b 1-8 dans la traduction de Michel Scot et, de ce fait, d’une contamination des informations données sur le muge et le serran par Aristote. Indépendamment de ces vicissitudes, dans la traduction latine de Michel Scot, le mot ahuna est bien utilisé comme équivalent du grec channa, que D’Arcy Thompson 1947, 283, identifie avec le serran (Serranus cabrilla Linné, 1758 ou Serranus scriba Linné, 1758). Albert le Grand ôte à la notice de Thomas de Cantimpré sa moralisation et abrège considérablement le reste. Cependant, il reprend lui aussi une caractéristique attribuée par Aristote au serran au milieu d’informations concernant le mulet.
Notes de source :
2. « […] Et le fastaroz est plus glouton que les autres poissons, surtout celui qui se nomme ahune ». Ici, Albert le Grand résume le passage pour lequel Thomas de Cantimpré a suivi Aristote, et abandonne la moralisation. |
3. « Et souvent le poisson qu’on appelle hahanie a le ventre enflé et il vomit d’autres poissons parce que son ventre communique directement avec la bouche et qu’il n’a pas d’estomac ». |
5. « et pour cette raison, son ventre enfle démesurément […] et quand il a peur, il cache sa tête dans son corps ». |
8. « […] et, cachant sa tête, il dévore sa chair ».
Notes d'explication :
7. Percevant sans doute la difficulté du texte, Albert le Grand glose et recourt à une image familière au lecteur pour mieux se faire comprendre.