CopierCopier dans le presse-papierPour indiquer l’adresse de consultation« Albert Le Grand - Les animaux — Livre XXIV. Les animaux aquatiques.  », in Bibliothèque Ichtya, état du texte au 21/11/2024. [En ligne : ]
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Édité et traduit par Brigitte Gauvin.

<Carperen [les carpes1identificationLe poisson désigné sous l’appellation carpera est la carpe commune (Cyprinus carpio Linné, 1758).]>

Source : TC, De carpera (7, 23).
Lieux parallèles : VB, De caucio et capitato et carpera (17, 40) ; HS, Cautius, capitatus et carpera (4, 18).
2. [α] AM
26. [α] Les carpes sont des poissons de fleuve et de lac bien connus ; ils sont gras et leur chair est savoureuse, mais elle n’est pas saine et elle est molle ; ces poissons sont plus gros que longs au regard de leur taille ; ils sont rougeâtres, couverts de nombreuses écailles dures ; c’est un poisson dont la langue est très savoureuse une fois grillée.
3. Ce poisson est très malin quand il s’agit de s’évader des filets : parfois en effet il les traverse, parfois il creuse le fond et parfois, saisissant des herbes dans sa bouche, il s’y accroche pour n’être pas emporté par le filet ; parfois, piquant depuis la surface, il se plante la tête dans le fond si bien que le filet, ne faisant qu’effleurer sa queue, glisse [sur lui]2explicationLa combativité et l’habileté de la carpe pour échapper à la prise sont réelles et sont communément évoquées dans la littérature ichtyologique. La carpe est, en effet, connue pour ses bonds considérables au-dessus des obstacles et pour l’adresse qu’elle déploie afin de se soustraire aux filets : Cuvier & Valenciennes 1828-1849, t. 16, 40 notent, comme ici, que la carpe enfonce sa tête dans la vase quand elle sent qu’on traîne le filet dans l’eau et qu’elle laisse ainsi passer la nappe de mailles au-dessus d’elle..
4. [β] AM
[β] Ce poisson prospère dans certaines eaux, il grandit et grossit dans certaines, mais le milieu qui lui est le plus favorable est un fond argileux, où on a d’abord semé du blé, qu’on a ensuite couvert d’argile et recouvert d’eau3explicationLes carpes sont des poissons de bonne taille, dont la chair est bonne, qui se reproduisent facilement et qui sont faciles à transporter, ne serait-ce que parce qu’elles peuvent survivre plusieurs heures hors de l’eau. Au Moyen Âge, elles fournissent une grande partie des poissons consommés dans les villes. Pour cette raison, l’élevage des carpes est extrêmement important et de nombreux étangs sont créés à cette fin. Certains, très peu profonds, sont destinés à la ponte et à l’alevinage, d’autres sont spécifiquement destinés à l’engraissement. Voir Benoît & Matteoni 2004..
5. [γ] AM
À ce qu’on dit, quand la femelle de ce poisson sent qu’elle est pleine d’œufs et qu’arrive le temps de la ponte, elle incite par un mouvement des lèvres le mâle à répandre sa laitance, et alors elle pond ; et la laitance de ce poisson est très épaisse. Quant à ce que certains prétendent4explicationIl est possible qu’Albert le Grand vise ici sa source, Thomas de Cantimpré, qui se montre pourtant prudent : « Quand ce poisson, guidé par son instinct, sent que ses œufs, dans son ventre, sont prêts à être fécondés, il va trouver le poisson mâle et, des lèvres, en lui donnant de légers coups, il lui signifie de l’aider à se reproduire. Le mâle, comprenant son comportement, expulse alors le lait qui constitue sa semence. La femelle recueille dans sa bouche le liquide émis et elle pond aussitôt des œufs qui donneront naissance à des petits. Car la femelle ne peut pas pondre d’œufs si elle n’a pas auparavant recueilli la semence. Or, la semence qui a été recueillie semble aider non seulement à la ponte, mais aussi à la conception et à la formation des œufs dont on espère une descendance l’année suivante »., que la femelle prend la laitance dans sa bouche et que c’est ainsi qu’elle conçoit ses futurs œufs, [γ] c’est absolument faux et nous l’avons démenti ailleurs5sourceVoir AM, DA, 17, 1, 36..

Notes d'identification :

1. Le poisson désigné sous l’appellation carpera est la carpe commune (Cyprinus carpio Linné, 1758).

Notes d'explication :

2. La combativité et l’habileté de la carpe pour échapper à la prise sont réelles et sont communément évoquées dans la littérature ichtyologique. La carpe est, en effet, connue pour ses bonds considérables au-dessus des obstacles et pour l’adresse qu’elle déploie afin de se soustraire aux filets : Cuvier & Valenciennes 1828-1849, t. 16, 40 notent, comme ici, que la carpe enfonce sa tête dans la vase quand elle sent qu’on traîne le filet dans l’eau et qu’elle laisse ainsi passer la nappe de mailles au-dessus d’elle. | 

3. Les carpes sont des poissons de bonne taille, dont la chair est bonne, qui se reproduisent facilement et qui sont faciles à transporter, ne serait-ce que parce qu’elles peuvent survivre plusieurs heures hors de l’eau. Au Moyen Âge, elles fournissent une grande partie des poissons consommés dans les villes. Pour cette raison, l’élevage des carpes est extrêmement important et de nombreux étangs sont créés à cette fin. Certains, très peu profonds, sont destinés à la ponte et à l’alevinage, d’autres sont spécifiquement destinés à l’engraissement. Voir Benoît & Matteoni 2004. | 

4. Il est possible qu’Albert le Grand vise ici sa source, Thomas de Cantimpré, qui se montre pourtant prudent : « Quand ce poisson, guidé par son instinct, sent que ses œufs, dans son ventre, sont prêts à être fécondés, il va trouver le poisson mâle et, des lèvres, en lui donnant de légers coups, il lui signifie de l’aider à se reproduire. Le mâle, comprenant son comportement, expulse alors le lait qui constitue sa semence. La femelle recueille dans sa bouche le liquide émis et elle pond aussitôt des œufs qui donneront naissance à des petits. Car la femelle ne peut pas pondre d’œufs si elle n’a pas auparavant recueilli la semence. Or, la semence qui a été recueillie semble aider non seulement à la ponte, mais aussi à la conception et à la formation des œufs dont on espère une descendance l’année suivante ».