CopierCopier dans le presse-papierPour indiquer l’adresse de consultation« Albert Le Grand - Les animaux — Livre XXIV. Les animaux aquatiques.  », in Bibliothèque Ichtya, état du texte au 23/11/2024. [En ligne : ]
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Édité et traduit par Brigitte Gauvin.

<Dentrix vel peagrus [le denté1identificationSans doute s’agit-il d’une des nombreuses espèces de denté, peut-être le denté commun (Dentex dentex Linné, 1758, ou Sparus dentex Linné, 1758), qui, comme le pagre, appartient à la famille des Sparidae et au sujet duquel Isidore de Séville (Isid. orig. 12, 6, 23) écrit : Dentix pro multitudine et granditate dentium dictus, « Le dentix doit son nom au nombre et à la taille de ses dents ». Tous deux se nourrissent de coquillages dont ils broient les coquilles. André 1986, 195, n. 361, relève l’identification de De Saint-Denis (le denté commun), mais renvoie aussi à Capponi 1972, 2, 463-464, selon lequel dentix est un synonyme de pagrus. L’assimilation des deux animaux remonte sans doute à Isidore de Séville, qui fait se succéder les deux animaux, dotés d’une caractéristique commune : leur forte dentition. Kitchell & Resnick 1999, 1680, n. 148, montrent que le nom latin peagrus est une corruption du grec φάγρος qu’ils identifient comme « la brème » (Sparus cantharus Linné, 1758). Beaucoup d’éléments fournis par Albert le Grand ne corespondent pas à l’animal ; peut-être y a-t-il confusion avec un autre sparidé, le sar commun (Sparus sargus Linné, 1758) ? Voir D’Arcy Thompson 1947, 101. ou pagre]>

Source : TC, De dentrice (7, 30).
Lieux parallèles : VB, De dentrice et die (17, 47), De pagro, pavo, pectine et perca (17, 78) ; HS, Dentrix et dies (4, 28) ; HS, Pagrus, pavus, pecten et perca (4, 67).
2. [α] Isid. orig.12, 6, 22-232sources« Le pagrus, que les Grecs appellent phagrus parce qu’il a les dents si dures qu’il se nourrit d’huîtres dans la mer » (André 1986, 194).
[β] AM
42. [α] Le denté ou pagre est un poisson qui tire son nom d’une de ses particularités. Il a en effet, des dents nombreuses et grandes avec lesquelles il s’en prend à l’huître. [β] Les hommes de notre époque appellent ce poisson dentatum [« denté »] ; il a, en haut et en bas, en avant <de la gueule>, des dents presque de même taille, disposées comme les dents de l’homme qu’on appelle « incisives3explicationCette remarque est inexacte ; les seuls poissons pourvus de dents ressemblant à des incisives sont des poissons d’Amérique du Sud, comme le pacu (Piaractus brachypomus Cuvier, 1818). La mâchoire inférieure du denté porte, à l’avant de la gueule, six grandes dents semblables à des canines très longues et pointues et, à l’arrière, des dents plates évoquant des molaires. Sa mâchoire supérieure porte quatre grandes dents. », mais il possède une mâchoire inférieure constituée de deux os comme l’homme4explicationLe maxillaire inférieur du denté ou du pagre forme un angle aigu très prononcé à l’avant de la bouche ; il est possible qu’Albert le Grand ait vu un maxillaire brisé au niveau de l’angle et en ait déduit que la mâchoire du denté comporte deux parties ; ce n’est bien sûr pas le cas, pas plus que chez l’homme. La remarque est étrange. ; c’est un poisson écailleux, de petite taille, mesurant plus d’une paume en longueur5explicationCommunément, le denté mesure une quarantaine de centimètres et pèse entre 800 g et 2 kg, mais il atteint parfois 1 m de longueur. La description d’Albert le Grand ne correspond pas à la réalité., et il évoque par son aspect le poisson qu’on appelle le « moine »6explicationSi le moine est bien l’ange de mer (voir infra, ch. 85), il est difficile de trouver quelque ressemblance que ce soit entre le denté et le moine., sauf qu’il n’a pas une si grosse tête et qu’il a le corps un peu plus large ; et on le trouve en grande quantité dans les mers d’Apulie et de Sicile, et près de Rome7explicationLe denté vit en effet dans les eaux méditerranéennes, notamment autour de la Corse, et sur les côtes de l’Atlantique, de la Bretagne au Sénégal..

Notes d'identification :

1. Sans doute s’agit-il d’une des nombreuses espèces de denté, peut-être le denté commun (Dentex dentex Linné, 1758, ou Sparus dentex Linné, 1758), qui, comme le pagre, appartient à la famille des Sparidae et au sujet duquel Isidore de Séville (Isid. orig. 12, 6, 23) écrit : Dentix pro multitudine et granditate dentium dictus, « Le dentix doit son nom au nombre et à la taille de ses dents ». Tous deux se nourrissent de coquillages dont ils broient les coquilles. André 1986, 195, n. 361, relève l’identification de De Saint-Denis (le denté commun), mais renvoie aussi à Capponi 1972, 2, 463-464, selon lequel dentix est un synonyme de pagrus. L’assimilation des deux animaux remonte sans doute à Isidore de Séville, qui fait se succéder les deux animaux, dotés d’une caractéristique commune : leur forte dentition. Kitchell & Resnick 1999, 1680, n. 148, montrent que le nom latin peagrus est une corruption du grec φάγρος qu’ils identifient comme « la brème » (Sparus cantharus Linné, 1758). Beaucoup d’éléments fournis par Albert le Grand ne corespondent pas à l’animal ; peut-être y a-t-il confusion avec un autre sparidé, le sar commun (Sparus sargus Linné, 1758) ? Voir D’Arcy Thompson 1947, 101.

Notes de source :

2. « Le pagrus, que les Grecs appellent phagrus parce qu’il a les dents si dures qu’il se nourrit d’huîtres dans la mer » (André 1986, 194).

Notes d'explication :

3. Cette remarque est inexacte ; les seuls poissons pourvus de dents ressemblant à des incisives sont des poissons d’Amérique du Sud, comme le pacu (Piaractus brachypomus Cuvier, 1818). La mâchoire inférieure du denté porte, à l’avant de la gueule, six grandes dents semblables à des canines très longues et pointues et, à l’arrière, des dents plates évoquant des molaires. Sa mâchoire supérieure porte quatre grandes dents. | 

4. Le maxillaire inférieur du denté ou du pagre forme un angle aigu très prononcé à l’avant de la bouche ; il est possible qu’Albert le Grand ait vu un maxillaire brisé au niveau de l’angle et en ait déduit que la mâchoire du denté comporte deux parties ; ce n’est bien sûr pas le cas, pas plus que chez l’homme. La remarque est étrange. | 

5. Communément, le denté mesure une quarantaine de centimètres et pèse entre 800 g et 2 kg, mais il atteint parfois 1 m de longueur. La description d’Albert le Grand ne correspond pas à la réalité. | 

6. Si le moine est bien l’ange de mer (voir infra, ch. 85), il est difficile de trouver quelque ressemblance que ce soit entre le denté et le moine. | 

7. Le denté vit en effet dans les eaux méditerranéennes, notamment autour de la Corse, et sur les côtes de l’Atlantique, de la Bretagne au Sénégal.