CopierCopier dans le presse-papierPour indiquer l’adresse de consultation« Albert Le Grand - Les animaux — Livre XXIV. Les animaux aquatiques.  », in Bibliothèque Ichtya, état du texte au 16/09/2024. [En ligne : ]
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Édité et traduit par Brigitte Gauvin.

<Pecten : le peigne ? la plie ?1identificationPecten Mullo, 1776 est le nom scientifique d’un genre de la famille des Pectinidae Rafinesque, 1815. Traduction du grec κτείς, il a été donné dans l’Antiquité à diverses espèces de coquillages dont les valves portent des stries comparables aux dents du peigne. Ainsi, la coquille Saint-Jacques est le Pecten maximus Linné, 1758 ; on peut citer encore la pèlerine, la lime : cf. De Saint-Denis 1947, 83 ; D’Arcy Thompson 1947, 133. P. Louis, dans son édition d’Aristote (cf. infra, ch. 67, 6), traduit κτείς par le terme « pétoncle », qui vient en fait du latin pectunculus, litt. « le petit peigne ». Cependant, ici, la description est complètement fantaisiste à cause de la confusion totale – faite par Thomas de Cantimpré (cité ch. 67, 5), et reprise par Albert le Grand (cf. Kitchell & Resnick 1999, 1695, n. 249) – entre le pecten et ce que Pline appelle l’unguis, la pholade (Pholas dactylus Linné, 1758). Mais le terme pecten est aussi employé au Moyen Âge pour désigner des poissons plats benthiques qui par leur forme de disque et leur couleur (foncée sur le dos, pâle sur le ventre) peuvent évoquer le mollusque ; pecten semble même en France être l’homonyme de plays, la plie (chez Vincent de Beauvais, par exemple, à propos de l’urtica (VB 17, 99, 3) : comedit tricium et pecten, id est plais). L’édition de Douai de Vincent de Beauvais porte de plus une note marginale : Pecten id est plais gallice. Dans les chapitres qu’il consacre au turbot et à la raie, Albert le Grand classe ces deux poissons dans la catégorie des pectines. Enfin, dans le présent chapitre, Thomas de Cantimpré, et Albert le Grand à sa suite, utilisent le terme piscis qui n’était pas présent chez Pline, ajoutant à l’ambiguïté.>

Source : TC, De pectine (7, 63).
Lieux parallèles : VB, De pagro, pavo, pectine et perca (17, 78) ; HS, Pagrus, pavus, pecten et perca (4, 67).
2. [α] AM
[β] Plin. nat.9, 1013sources« Dans la même catégorie on trouve dans la mer les peignes, qui se cachent eux aussi lors des grands froids et des grandes chaleurs. »
[γ] Plin. nat.9, 1014sources« Et les ongles brillant comme du feu dans les ténèbres, même dans la bouche de ceux qui les mangent. » Dans ce passage, situé juste après le précédent, Pline parle d’un petit coquillage, les pholades, appelés en latin ungues à cause de leur taille et de leur forme. Thomas de Cantimpré comprend qu’il s’agit des ongles des peignes précédemment évoqués et Albert le Grand reprend ce contresens. En revanche la comparaison ne portait pas sur des os, dans le texte de Thomas de Cantimpré, mais sur du feu.
[δ] AM
94. [α] Le pecten est un poisson de mer de forme ronde2explicationThomas de Cantimpré, ne reprenant que les premiers mots de la phrase de Pline, aboutissait à une banalité : Pectines in mari sunt : « Il y a des peignes dans la mer ». Albert le Grand ajoute une précision qui semble indiquer qu’il pense à une espèce précise ; mais s’agit-il des pectines de Pline, mollusques bivalves dont le plus célèbre est la coquille Saint-Jacques, ou des pectines médiévaux, poissons plats benthiques comme le flet ou la plie ?. [β] Ce poisson aime les eaux tempérées et ne supporte pas les grands écarts de température, qu’il s’agisse de chaleur ou de froid. [γ] Et, selon Pline, ses ongles brillent la nuit comme des os. [δ] Et chez nous, les os d’un poisson qu’on appelle muruca produisent le même effet5explicationLe terme moruca désigne en latin tardif le cabillaud, qui vit bien dans les mers septentrionales. Mais ses arêtes ne sont pas luminescentes. Aucune arête ne l’est, même celle de l’orphie, malgré sa couleur vert vif..

Notes d'identification :

1. Pecten Mullo, 1776 est le nom scientifique d’un genre de la famille des Pectinidae Rafinesque, 1815. Traduction du grec κτείς, il a été donné dans l’Antiquité à diverses espèces de coquillages dont les valves portent des stries comparables aux dents du peigne. Ainsi, la coquille Saint-Jacques est le Pecten maximus Linné, 1758 ; on peut citer encore la pèlerine, la lime : cf. De Saint-Denis 1947, 83 ; D’Arcy Thompson 1947, 133. P. Louis, dans son édition d’Aristote (cf. infra, ch. 67, 6), traduit κτείς par le terme « pétoncle », qui vient en fait du latin pectunculus, litt. « le petit peigne ». Cependant, ici, la description est complètement fantaisiste à cause de la confusion totale – faite par Thomas de Cantimpré (cité ch. 67, 5), et reprise par Albert le Grand (cf. Kitchell & Resnick 1999, 1695, n. 249) – entre le pecten et ce que Pline appelle l’unguis, la pholade (Pholas dactylus Linné, 1758). Mais le terme pecten est aussi employé au Moyen Âge pour désigner des poissons plats benthiques qui par leur forme de disque et leur couleur (foncée sur le dos, pâle sur le ventre) peuvent évoquer le mollusque ; pecten semble même en France être l’homonyme de plays, la plie (chez Vincent de Beauvais, par exemple, à propos de l’urtica (VB 17, 99, 3) : comedit tricium et pecten, id est plais). L’édition de Douai de Vincent de Beauvais porte de plus une note marginale : Pecten id est plais gallice. Dans les chapitres qu’il consacre au turbot et à la raie, Albert le Grand classe ces deux poissons dans la catégorie des pectines. Enfin, dans le présent chapitre, Thomas de Cantimpré, et Albert le Grand à sa suite, utilisent le terme piscis qui n’était pas présent chez Pline, ajoutant à l’ambiguïté.

Notes de source :

3. « Dans la même catégorie on trouve dans la mer les peignes, qui se cachent eux aussi lors des grands froids et des grandes chaleurs. » | 

4. « Et les ongles brillant comme du feu dans les ténèbres, même dans la bouche de ceux qui les mangent. » Dans ce passage, situé juste après le précédent, Pline parle d’un petit coquillage, les pholades, appelés en latin ungues à cause de leur taille et de leur forme. Thomas de Cantimpré comprend qu’il s’agit des ongles des peignes précédemment évoqués et Albert le Grand reprend ce contresens. En revanche la comparaison ne portait pas sur des os, dans le texte de Thomas de Cantimpré, mais sur du feu.

Notes d'explication :

2. Thomas de Cantimpré, ne reprenant que les premiers mots de la phrase de Pline, aboutissait à une banalité : Pectines in mari sunt : « Il y a des peignes dans la mer ». Albert le Grand ajoute une précision qui semble indiquer qu’il pense à une espèce précise ; mais s’agit-il des pectines de Pline, mollusques bivalves dont le plus célèbre est la coquille Saint-Jacques, ou des pectines médiévaux, poissons plats benthiques comme le flet ou la plie ? | 

5. Le terme moruca désigne en latin tardif le cabillaud, qui vit bien dans les mers septentrionales. Mais ses arêtes ne sont pas luminescentes. Aucune arête ne l’est, même celle de l’orphie, malgré sa couleur vert vif.