CopierCopier dans le presse-papierPour indiquer l’adresse de consultation« Albert Le Grand - Les animaux — Livre XXIV. Les animaux aquatiques.  », in Bibliothèque Ichtya, état du texte au 21/11/2024. [En ligne : ]
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Édité et traduit par Brigitte Gauvin.

<Caeruleum1identificationCet animal est fantaisiste. Le texte de Pline a été déformé à tel point au fil de sa transmission qu’il est impossible de proposer une identification pour l’animal tel que le décrivent les encyclopédistes. De Saint-Denis 1947, 15-16, assimile le caeruleus au glaucus (Prionace glauco Linné, 1758) à cause de la similitude de couleur, caeruleus signifiant bleu foncé et glaucus bleu vert, mais cela ne peut convenir ici. On trouvera d’autres identifications possibles pour ce poisson (congre, murène, sangsue) dans De Saint-Denis 1955, 111, n. 2. Le caeruleum est aussi mentionné par Ctésias (Indica, F 45 (46)) qui parle longuement de ce ver gigantesque, seul gros animal selon lui à vivre dans l’Indus, mais ne lui donne pas de nom. Élien (Ael. NA 5, 3) reprend le récit de Ctésias en le développant. Voir aussi Solin (Polyhistor, 52, 41), qui reprend Pline.>

Source : TC, De ceruleo (6, 14).
Lieux parallèles : VB, De celethi ac ceruleo (17, 104) ; HS, Ceruleo (4, 20).
2. [α] Sol. coll.52, 412sources« […] Le Gange produit des anguilles qui mesurent trente pieds de long. Statius Sebosius met au nombre des principaux prodiges le fait qu’y abondent des vers dont le nom, caerulei, indique la couleur. Ceux-ci ont deux bras d’au moins six coudées, si robustes qu’ils emportent dans les profondeurs les éléphants qui viennent boire au fleuve, en les attrapant par la trompe ».
[α] Plin. nat.9, 463sources« On appelle “platanistes” des animaux qu’on trouve dans le Gange, en Inde ; ils sont pourvus d’un rostre et d’une queue de dauphin, mais mesurent seize coudées de long. Selon Statius Sebosus, il y a dans le même fleuve, grande merveille, des vers pourvu de deux bras, longs de six coudées, les caerulei, qui doivent leur nom à leur aspect. Ils ont tant de force qu’ils entraînent avec eux les éléphants venus boire en les attrapant par la trompe ».
[β] AM
38. [α] Le caeruleum est un animal aquatique dont le nom et l’aspect évoquent la couleur bleue [caeruleum] et qui vit dans les eaux du Gange ; et il a deux bras longs d’une coudée4explicationChez Pline, Solin et Thomas de Cantimpré, la longueur des « bras » était de six coudées, mais chez Pline c’est l’animal tout entier qui mesurait six coudées ; Solin change le texte en faisant de cette dimension celle des bras et Thomas de Cantimpré le suit. Albert le Grand a-t-il voulu revenir à des dimensions qui lui paraissaient plus raisonnables ?, très cruels, qui lui permettent, dans les ports sur le fleuve, d’attraper les gros animaux et de les entraîner dans les profondeurs5explicationComme souvent, Albert le Grand essaie de redonner de la cohérence à un passage qu’il juge problématique : quoiqu’il maintienne le terme brachiis présent chez Thomas de Cantimpré (qui résultait d’un contresens sur le mot branchiis (branchies) employé par Pline), il ajoute le génitif fluminis devant portum, terme lui aussi issu d’un contresens sur potum (« pour boire ») et dont la présence dans le contexte fluvial n’est pas satisfaisant.. [β] On ne trouve pas cet animal dans nos eaux.

Notes d'identification :

1. Cet animal est fantaisiste. Le texte de Pline a été déformé à tel point au fil de sa transmission qu’il est impossible de proposer une identification pour l’animal tel que le décrivent les encyclopédistes. De Saint-Denis 1947, 15-16, assimile le caeruleus au glaucus (Prionace glauco Linné, 1758) à cause de la similitude de couleur, caeruleus signifiant bleu foncé et glaucus bleu vert, mais cela ne peut convenir ici. On trouvera d’autres identifications possibles pour ce poisson (congre, murène, sangsue) dans De Saint-Denis 1955, 111, n. 2. Le caeruleum est aussi mentionné par Ctésias (Indica, F 45 (46)) qui parle longuement de ce ver gigantesque, seul gros animal selon lui à vivre dans l’Indus, mais ne lui donne pas de nom. Élien (Ael. NA 5, 3) reprend le récit de Ctésias en le développant. Voir aussi Solin (Polyhistor, 52, 41), qui reprend Pline.

Notes de source :

2. « […] Le Gange produit des anguilles qui mesurent trente pieds de long. Statius Sebosius met au nombre des principaux prodiges le fait qu’y abondent des vers dont le nom, caerulei, indique la couleur. Ceux-ci ont deux bras d’au moins six coudées, si robustes qu’ils emportent dans les profondeurs les éléphants qui viennent boire au fleuve, en les attrapant par la trompe ». | 

3. « On appelle “platanistes” des animaux qu’on trouve dans le Gange, en Inde ; ils sont pourvus d’un rostre et d’une queue de dauphin, mais mesurent seize coudées de long. Selon Statius Sebosus, il y a dans le même fleuve, grande merveille, des vers pourvu de deux bras, longs de six coudées, les caerulei, qui doivent leur nom à leur aspect. Ils ont tant de force qu’ils entraînent avec eux les éléphants venus boire en les attrapant par la trompe ».

Notes d'explication :

4. Chez Pline, Solin et Thomas de Cantimpré, la longueur des « bras » était de six coudées, mais chez Pline c’est l’animal tout entier qui mesurait six coudées ; Solin change le texte en faisant de cette dimension celle des bras et Thomas de Cantimpré le suit. Albert le Grand a-t-il voulu revenir à des dimensions qui lui paraissaient plus raisonnables ? | 

5. Comme souvent, Albert le Grand essaie de redonner de la cohérence à un passage qu’il juge problématique : quoiqu’il maintienne le terme brachiis présent chez Thomas de Cantimpré (qui résultait d’un contresens sur le mot branchiis (branchies) employé par Pline), il ajoute le génitif fluminis devant portum, terme lui aussi issu d’un contresens sur potum (« pour boire ») et dont la présence dans le contexte fluvial n’est pas satisfaisant.