CopierCopier dans le presse-papierPour indiquer l’adresse de consultation« Albert Le Grand - Les animaux — Livre XXIV. Les animaux aquatiques.  », in Bibliothèque Ichtya, état du texte au 16/09/2024. [En ligne : ]
CopierCopier dans le presse-papierSource de référence

Fichier nativement numérique.

Édité et traduit par Brigitte Gauvin.

<Babilonici [« les poissons de Babylone » : les périophtalmes1identificationOn reconnaît traditionnellement dans le poisson de Babylone le périophtalme (Periophthalmus barbarus Linné, 1766), aussi appelé gobie des marais, gobie sauteur ou encore poisson-grenouille, dont les chambres branchiales peuvent contenir de grandes réserves d’eau, ce qui lui permet de subsister à l’air libre. Il s’appuie sur ses nageoires pectorales, très musclées, pour se déplacer en sautillant. On le trouve en particulier dans les marais côtiers et dans les mangroves d’Asie (voir De Saint-Denis 1955, 149 sq., § 175, n. 2 et D’Arcy Thompson 1947, 139).]>

Source : TC, De babylonicis piscibus (7, 18).
Lieux parallèles : HS, Babilonicus et beluae (4, 15).
2. [α] Plin. nat.9, 1752sources« Théophraste mentionne aussi de singulières espèces de poissons : dans les zones humides des environs de Babylone, lorsque le niveau des fleuves baisse, ils demeurent dans les cavernes où reste de l’eau, puis sortent pour se nourrir en se déplaçant grâce à leurs petites nageoires et à un mouvement rapide de la queue ; lorsqu’on les attaque, ils se réfugient dans ces cavernes et, là, attendent leurs adversaires ; leur tête est semblable à celle des grenouilles de mer, le reste de leur corps à celui des gobies, leurs branchies à celles des autres poissons. »
22. [α] À ce que dit Théophraste, les poissons de Babylone sont des poissons qui vivent dans les environs de Babylone, dans des endroits où les eaux douces, provenant de fleuves qui s’écoulent là, sont recueillies dans des cavernes de la mer3explicationLe texte semble ici corrompu. Pline indique très clairement que l’habitat des « poissons de Babylone » est constitué des trous d’eau résiduels (cauernis aquas habentibus) formés lors de la décrue des rivières (decedentibus fluuiis), Thomas de Cantimpré reprend les mêmes termes, à l’exception de decedo qu’il transforme de manière erronée en decido, mais la syntaxe de l’énoncé est obscure (in locis scilicet, ubi decidentibus fluuiis in cavernis aquas habentibus) et Boese indique que le passage est corrompu. Albert le Grand, dans une tentative de correction, transforme le substantif cavernis en adjectif (cavernosis) et ajoute une allusion à la mer (maris), peu cohérente dans le contexte. ; ces poissons sortent la tête pour manger ; celle-ci ressemble à celle des grenouilles de mer [baudroies] ; par les autres parties de leur corps ils rappellent la garance4traductionLe terme rubia, qui signifie la garance et qui est donné par Stadler, pose problème car il ôte tout sens au passage. Le texte de Pline donne reliquae partes gobionum, faisant ressembler les poissons de Babylone aux gobies. Thomas de Cantimpré écrit ut cabiones, mais le mot cabio n’existe pas et constitue sans doute une erreur de lecture, sauf si on considère que c’est une latinisation du kobios d’Aristote (le goujon). Sur cette hypothèse, voir Kitchell & Resnick 1999, 1666. Mais comment est-on passé du cabiones de Thomas au rubia donné par Albert ? Y aurait-il eu une confusion entre c et r dans la transmission manuscrite ? Faudrait-il lire rubea et comprendre « la grenouille rousse », tentative d’Albert le Grand pour rendre cohérent le texte, en rapport avec la rana marina mentionnée juste auparavant ? ; leurs branchies sont semblables à celles des autres poissons ; ils se meuvent grâce à de petites nageoires et à un mouvement rapide de la queue.

Notes d'identification :

1. On reconnaît traditionnellement dans le poisson de Babylone le périophtalme (Periophthalmus barbarus Linné, 1766), aussi appelé gobie des marais, gobie sauteur ou encore poisson-grenouille, dont les chambres branchiales peuvent contenir de grandes réserves d’eau, ce qui lui permet de subsister à l’air libre. Il s’appuie sur ses nageoires pectorales, très musclées, pour se déplacer en sautillant. On le trouve en particulier dans les marais côtiers et dans les mangroves d’Asie (voir De Saint-Denis 1955, 149 sq., § 175, n. 2 et D’Arcy Thompson 1947, 139).

Notes de source :

2. « Théophraste mentionne aussi de singulières espèces de poissons : dans les zones humides des environs de Babylone, lorsque le niveau des fleuves baisse, ils demeurent dans les cavernes où reste de l’eau, puis sortent pour se nourrir en se déplaçant grâce à leurs petites nageoires et à un mouvement rapide de la queue ; lorsqu’on les attaque, ils se réfugient dans ces cavernes et, là, attendent leurs adversaires ; leur tête est semblable à celle des grenouilles de mer, le reste de leur corps à celui des gobies, leurs branchies à celles des autres poissons. »

Notes d'explication :

3. Le texte semble ici corrompu. Pline indique très clairement que l’habitat des « poissons de Babylone » est constitué des trous d’eau résiduels (cauernis aquas habentibus) formés lors de la décrue des rivières (decedentibus fluuiis), Thomas de Cantimpré reprend les mêmes termes, à l’exception de decedo qu’il transforme de manière erronée en decido, mais la syntaxe de l’énoncé est obscure (in locis scilicet, ubi decidentibus fluuiis in cavernis aquas habentibus) et Boese indique que le passage est corrompu. Albert le Grand, dans une tentative de correction, transforme le substantif cavernis en adjectif (cavernosis) et ajoute une allusion à la mer (maris), peu cohérente dans le contexte.

Notes de traduction :

4. Le terme rubia, qui signifie la garance et qui est donné par Stadler, pose problème car il ôte tout sens au passage. Le texte de Pline donne reliquae partes gobionum, faisant ressembler les poissons de Babylone aux gobies. Thomas de Cantimpré écrit ut cabiones, mais le mot cabio n’existe pas et constitue sans doute une erreur de lecture, sauf si on considère que c’est une latinisation du kobios d’Aristote (le goujon). Sur cette hypothèse, voir Kitchell & Resnick 1999, 1666. Mais comment est-on passé du cabiones de Thomas au rubia donné par Albert ? Y aurait-il eu une confusion entre c et r dans la transmission manuscrite ? Faudrait-il lire rubea et comprendre « la grenouille rousse », tentative d’Albert le Grand pour rendre cohérent le texte, en rapport avec la rana marina mentionnée juste auparavant ?