CopierCopier dans le presse-papierPour indiquer l’adresse de consultation« Albert Le Grand - Les animaux — Livre XXIV. Les animaux aquatiques.  », in Bibliothèque Ichtya, état du texte au 21/11/2024. [En ligne : ]
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Édité et traduit par Brigitte Gauvin.

<Allec [le hareng1identificationOn peut reconnaître le hareng (Clupea harengus Linné, 1758) dans l’allec présenté par Thomas de Cantimpré, ou Albert le Grand, comme un poisson spécifique de la mer du Nord et de la Manche. Il faut en revanche totalement dissocier le mot médiéval du terme (h)allec/(h)allex des Anciens, qui désignait chez les Romains soit une sorte de marinade, soit le poisson qui entrait dans sa composition (De Saint-Denis 1947, 45). Pline, au livre 31, nomme (h)allex une sauce à base de menuise décomposée et comparable au garum, mais distingue le condiment du poisson qu’il appelle apua, vocable rapproché du grec ἀφυή  : « on prépare l’alex avec un tout petit poisson, du reste sans autre usage, c’est l’apua des Latins et l’ἀφυή des Grecs ». André 1986, 204, n. 384, note que le diminutif allicula renvoie chez Columelle à un petit poisson de rivière qui pourrait être le vairon (Phoxinus laevis Linné, 1758) et que le terme allec a des représentants romans pour la sardine et l’alose.]>

Source : TC, De alleciis (7, 5).
Lieux parallèles : VB, De halece (17, 30) ; HS, Allec (4, 3).
2. [] AM
2. Le hareng est un poisson très abondant dans l’océan qui borde les côtes de la France, de l’Angleterre, du pays des Teutons et de la Dacie ; il mesure une paume environ et, quand il nage en bancs, ceux-ci sont si denses qu’on ne peut le pêcher. Mais on le pêche quand les bancs se divisent, après l’équinoxe d’automne ; et parfois alors ils se font enfermer dans des sennes, vastes et nombreuses, qu’on a attachées ensemble ; <puis> il faut couper les câbles qui unissent ces filets parce qu’on ne peut les tirer.
3. [α] AM
[α] Ce poisson a des écailles, il est goûteux et son intestin est toujours vide, ce qui fait qu’on ne trouve rien dans son ventre ; pour cette raison, certains ont même prétendu à tort que le hareng ne vit que d’un seul et unique élément, l’eau2explicationDepuis l’Antiquité, chaque élément s’est vu attribuer un animal qui lui est spécifiquement attaché : le caméléon et le pluvier ne vivent que d’air, la taupe vivrait de terre, la salamandre, de feu, et le hareng ne vivrait que d’eau et dans l’eau. Cf. James-Raoul 2002, 180-181 et Thomasset 2002, 68-69. ; nous avons montré ailleurs que c’est faux3explicationCette légende ne figure pas chez Aristote et ne se trouve pas non plus dans le reste du De animalibus..

Notes d'identification :

1. On peut reconnaître le hareng (Clupea harengus Linné, 1758) dans l’allec présenté par Thomas de Cantimpré, ou Albert le Grand, comme un poisson spécifique de la mer du Nord et de la Manche. Il faut en revanche totalement dissocier le mot médiéval du terme (h)allec/(h)allex des Anciens, qui désignait chez les Romains soit une sorte de marinade, soit le poisson qui entrait dans sa composition (De Saint-Denis 1947, 45). Pline, au livre 31, nomme (h)allex une sauce à base de menuise décomposée et comparable au garum, mais distingue le condiment du poisson qu’il appelle apua, vocable rapproché du grec ἀφυή  : « on prépare l’alex avec un tout petit poisson, du reste sans autre usage, c’est l’apua des Latins et l’ἀφυή des Grecs ». André 1986, 204, n. 384, note que le diminutif allicula renvoie chez Columelle à un petit poisson de rivière qui pourrait être le vairon (Phoxinus laevis Linné, 1758) et que le terme allec a des représentants romans pour la sardine et l’alose.

Notes d'explication :

2. Depuis l’Antiquité, chaque élément s’est vu attribuer un animal qui lui est spécifiquement attaché : le caméléon et le pluvier ne vivent que d’air, la taupe vivrait de terre, la salamandre, de feu, et le hareng ne vivrait que d’eau et dans l’eau. Cf. James-Raoul 2002, 180-181 et Thomasset 2002, 68-69. | 

3. Cette légende ne figure pas chez Aristote et ne se trouve pas non plus dans le reste du De animalibus.