CopierCopier dans le presse-papierPour indiquer l’adresse de consultation« Albert Le Grand - Les animaux — Livre XXIV. Les animaux aquatiques.  », in Bibliothèque Ichtya, état du texte au 16/09/2024. [En ligne : ]
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Édité et traduit par Brigitte Gauvin.

<Delfini [les dauphins 1identificationDans le genre Delphinus figure le dauphin commun (Delphinus delphis Linné, 1758). C’est l’identification donnée par D’Arcy Thompson 1947, 52, et André 1986, 188, n. 343. Sur sa présence dans la latinité, cf. De Saint-Denis 1947, 31.; animal non identifié2identificationLe « dauphin d’une autre espèce » à qui Thomas de Cantimpré réservait un chapitre spécifique évoque par sa description la petite serre (serra minor), animal fabuleux décrit infra au ch. 45. On trouve dans Ernout 1962, 134, § 91-92, n. 2, la remarque suivante à propos du texte de Pline : « Le reste du paragraphe qui traite du combat entre le crocodile et le dauphin à aiguillon (qui serait, d’après Cuvier, le squalus acanthias, s’il n’est pas complètement imaginaire) se retrouve chez Sénèque NQ IV, 2, 13, qui cite comme sa source T. Claudius Balbillus, qui fut préfet d’Égypte depuis 55 av. J.-C., et semble avoir écrit un traité sur les merveilles de l’Égypte… » L’aiguillat (Squalus acanthias Linné, 1758) n’ayant guère à voir avec l’animal décrit ici, et aucun animal n’ayant le comportement décrit par Pline et ses épigones, le « dauphin d’une autre espèce » nous semble relever de l’imagination plus que de la zoologie.]>

Source : TC TC, De delphinis De delphinis alterius generis (6, 16 6, 17).
Renvoi interne : cf. Serra minor, ch. 118.
Lieux parallèles : VB, De delphino (17, 109-113) ; HS, Delphin (4, 27) (compléter ?).
2. [α] Sol. coll.12, 33sources«  Ces profondeurs abritent de très nombreux dauphins, chez qui on trouve des raisons d’émerveillement de toute sorte ».
[β] AM ?
[γ] Arist. HA, 566 b 21-23 MS5sources« Et ses petits l’accompagnent longtemps, parce que cet animal aime longtemps ses petits ».
[δ] Arist. HA, 631 a 8-15 MS6sources« Et on voyait de nombreux dauphins, grands et petits ensemble, et ils avaient deux gardiens. Et après quelque temps, un petit mourait et les autres le portaient sur leurs épaules jusque dans les profondeurs et ensuite ils remontaient. Et ils firent cela à de nombreuses reprises en le gardant, pour qu’il ne soit pas mangé par les autres poissons ».
40. [α] Il existe dans la mer de nombreux genres de dauphins4explicationAlbert le Grand suit Thomas de Cantimpré qui fait ici un contresens sur sa source : Solin en effet écrit qu’on trouve chez les dauphins « des raisons d’émerveillement de toute sorte » (in quibus causae miraculi multiformes) ; Thomas de Cantimpré en fait des animaux aux « apparences très diverses » (speciei multiformis). Mais Albert le Grand, qui rassemble en un seul deux chapitres de Thomas de Cantimpré, semble illustrer ce constat initial en décrivant dans ce chapitre au moins trois types d’animaux différents, des dauphins, peut-être des requins et une dernière créature probablement imaginaire, toutes issues des ch. 16 et 17 du livre vi de Thomas de Cantimpré.. [β] Celui qu’on y voit le plus fréquemment est un animal à peau noire, avec une petite tête et, dans la gueule, des dents contiguës comme les molaires du porc, et il est ami de l’homme ; [γ] il aime aussi ceux de son espèce, [δ] si bien que, lorsque ses petits se promènent en groupe, deux grands dauphins sont postés près d’eux comme gardiens et que, si un dauphin meurt, les autres montent la garde autour de lui, afin qu’il ne soit pas dévoré par les autres poissons, jusqu’à ce qu’ils le fassent sortir de l’eau.
3. [ε] Plin. nat.9, 29-32?7sourcesPeut-on considérer ces lignes comme un résumé du long passage de Pline sur la pêche menée en Italie avec l’aide des dauphins ? Dans ce cas, ce serait une des rares occurrences où il est manifeste qu’Albert le Grand a recouru à d’autres sources qu’à Thomas de Cantimpré, car celui-ci n’utilise pas cette anecdote.
[ζ] AM
[ε] Dans la grande mer Méditerranée, qui baigne l’Italie sur deux côtés, lorsque les pêcheurs prennent la mer pour pêcher, un banc de dauphins se constitue et part avec eux ; et, en mer, ils encerclent les poissons à la manière d’une couronne et les amènent dans les filets en les pourchassant. Les Italiens ne mangent pas de dauphin et les pêcheurs ne chassent pas ces animaux, mais ils leur donnent plutôt une part des poissons qu’ils ont pris ; [ζ] les Italiens appellent les dauphins tumberellos parce que, plongeant devant les navires, ils vomissent de l’eau8explicationLacépède 1804, p. 286 : « Tumberello, par les Italiens »..
4. [η] Plin. nat.18, 360?9sources « Les animaux donnent eux aussi des présages : les dauphins, lorsqu’ils jouent sur la mer calme, indiquent que le vent va souffler du côté d’où ils viennent ».
[η] En fuyant du fond vers la surface au moment des tempêtes, cet animal annonce les tempêtes à venir.
5. [θ] Arist. HA, 566 b 23-25 MS10sources« Et on a déjà vu un dauphin de 130 ans et un autre de 120 ans ; et on le savait parce qu’on leur a coupé la queue ».
[ι] ?
[θ] Il possède, dit-on, une grande longévité ; à ce qu’on dit, on a constaté, en lui coupant la queue, que l’un d’entre eux avait vécu plus de cent ans11explicationDans la traduction latine d’Aristote (Arist. HA 566 b 23-25 MS), on trouve : Et iam viderunt delfin centum triginta annorum et alium centum et viginti annorum, « et on a déjà vu un dauphin de 130 ans et un autre de 120 ans ». Pourtant Aristote enseigne que le dauphin vit jusqu’à 25 ou 30 ans. Pline (Plin. nat. 9, 22) dit aussi qu’ils vivent jusqu’à 30 ans ; et de fait, la durée de vie du dauphin est de 30 à 40 ans. L’idée qu’on peut connaître l’âge d’un dauphin en incisant sa queue remonte à Aristote (Arist. HA 566 b 26). : [ι] mais il se reproduit quand il a atteint dix mois, et l’accouplement est rapide, parce qu’il a les testicules et la verge à l’intérieur du corps ; et la femelle, se mettant sur le dos sous l’eau, reçoit la semence dans sa vulve qui est semblable à la vulve de la baleine et à celle de la femme12explicationOn ne sait d’où vient ce passage, qui figure aussi en partie dans le chapitre Cetus. Les indications sont exactes sauf celles sur la maturité sexuelle, que le dauphin atteint vers 6 ans..
6. [κ] Plin. nat.9, 2813sources« […] alors que les marins, en pleine mer, s’apprêtaient à tuer le citharède Arion pour lui voler ses richesses, il demanda avec douceur à jouer d’abord de la cithare ; les dauphins, qui s’étaient rassemblés pour entendre le chant, le recueillirent quand il se jeta à l’eau et l’un d’eux le transporta jusqu’au rivage du Ténare ».
[λ] Plin. nat.9, 3315sources«  Alors qu’un dauphin avait été capturé par le roi de Carie et attaché dans un port, l’immense foule des autres dauphins se rassembla, poussée par une tristesse visible, implorant la pitié, jusqu’à ce que le roi donnât l’ordre de le relâcher ».
[μ] Guelf (Deus 1998, 89)?16sources« Si quelqu’un a mangé de la chair de dauphin, qu’il tombe à la mer et que des dauphins le trouvent, ils le tuent aussitôt. ».
[ν] Sol. coll.12, 7-817sources« Sous le règne du divin Auguste, un enfant, en Campanie, nourrit un dauphin de morceaux de pain, et cette habitude se développa au point que le dauphin avait assez confiance pour venir manger dans la main de l’enfant. Bientôt, comme l’audace de l’enfant s’était accrue, le dauphin le transporta à travers le lac Lucrin. Puis il arriva qu’il le transportât sur son dos de Baïes jusqu’à Pouzzoles. Cela continua très longtemps, pendant de très nombreuses années, jusquà ce que ce spectacle continu cessât d’être traité comme un miracle. Mais quand l’enfant décéda, le dauphin mourut de regret sous les yeux de la foule ».
[ξ] Sol. coll.12, 1118sources« Près de la même ville, à ce que rapporte Hégédisemus, alors que la mer très agitée avait tué un autre enfant, appelé Hemian, qui chevauchait de la même manière un dauphin en mer, le dauphin ramena le corps de l’enfant au rivage et, comme s’il avouait sa culpabilité, il se punit lui-même de la mort de l’enfant et ne voulut plus retourner dans les profondeurs ».
[κ] Cet animal aime la musique, si bien que des dauphins ont recueilli, porté et amené au rivage Arion, un citharède, qui avait chanté en s’accompagnant de sa cithare et qui s’était jeté à la mer14explicationLa légende d’Arion a été largement exploitée par les littératures grecque et latine, depuis Hérodote. Cf. De Saint-Denis 1955, 106, § 28, n. 2.. [λ] À une autre époque, alors que le roi de Carie avait capturé un grand dauphin, une grande foule de dauphins suivit le prisonnier jusqu’au rivage en se comportant comme s’ils pleuraient : voyant cela, le roi de Carie ordonna de libérer le dauphin prisonnier ; la troupe des dauphins, accueillant celui-ci comme avec des danses, l’emmena loin du rivage. [μ] On dit aussi que si un homme tombe à la mer en ayant dans son estomac de la chair de dauphin, il est dévoré par les dauphins s’il y en a dans les parages. Mais s’il n’a pas mangé de dauphin, il est ramené au rivage par ces animaux, même s’il est mort et qu’on l’a tué. [ν] Sous le principat du divin Auguste, dit-on, un enfant avait nourri un dauphin, si bien que celui-ci, à la fin, vint chercher la nourriture dans sa main ; et, prenant même l’enfant sur son dos, il le transporta sur la mer où il voulait et le ramena au rivage ; finalement, comme l’enfant était mort et n’apparaissait plus sur le rivage comme il en avait l’habitude, le dauphin, à ce qu’on rapporte, mourut de chagrin. [ξ] Un fait très semblable se produisit dans la mer de la cité d’Hippone, en Afrique, et non loin de cette ville un enfant appelé Henanus accomplit un exploit identique avec un dauphin, selon ce qui est écrit dans l’Histoire des Perses19explicationCette série d’anecdotes sur les rapports entre le dauphin et l’homme provient de Solin, mais Solin lui-même les a empruntées à Pline (nat. 9, 25-28). Vincent de Beauvais consacre un chapitre entier aux liens qui unissent l’homme et le dauphin..
7. [ο] AM
[ο] Dans notre mer, celle qui borde l’Allemagne, on capture et on mange les dauphins ; et cela fait qu’ils fuient les hommes.
8. [π] Plin. nat.9, 2020sources« Le plus rapide de tous les animaux, et non seulement des animaux marins, est le dauphin ; il est plus rapide qu’un oiseau, plus vif qu’un trait, et si sa gueule ne se trouvait pas sous le rostre, presque au milieu du ventre, aucun poisson n’échapperait à sa rapidité. Mais la prévoyance de la nature retarde les dauphins parce qu’ils ne peuvent attraper leur proie que sur le dos et retournés, ce qui montre particulièrement leur rapidité ».
[π] Il existe un autre genre de dauphin à propos duquel on raconte qu’il a la gueule au milieu du corps ; il est si rapide qu’aucun animal marin ne lui échappe ; mais il attrape ses proies sur le dos, de manière à avoir sa gueule, qui est dessous, tournée vers le haut, et alors les poissons peuvent fuir ; ce genre de poisson hait ses petits, si bien que le mâle les dévore si la femelle ne les cache pas : la mère cache donc ses petits et les emmène avec elle jusqu’à ce qu’ils aient atteint leur taille adulte ; et quand ils sont devenus adultes, elle commence à les haïr à tel point qu’elle les dévorerait avec le mâle si les petits ne se défendaient pas avec leurs propres forces21explicationCette description est issue d’Aristote via Pline. Mais le « dauphin » décrit ressemble plutôt à un requin, tant par son anatomie (la gueule située sous la tête, sur la surface ventrale) que par son comportement (sa rapidité dans l’attaque et son agressivité). En revanche, le requin ne se met pas sur le dos pour attaquer ; il agresse ses proies par surprise, arrivant derrière elles et le plus souvent par-dessous..
9. [ρ] Sol. coll.32, 2622sources« Il y a aussi, dans le Nil, une catégorie de dauphin dont le dos est pourvu de piquants acérés. Ces dauphins poussent les crocodiles à nager en les harcelant et, plongeant sous l’eau, par une ruse perfide, ils passent sous eux, leur cisaillent la peau tendre du ventre et les tuent ». Solin prend cette information dans Plin. nat. 8, 91.
[ρ] Selon certains, il existe dans le Nil un autre genre de dauphin dont le dos est pourvu d’une crête aux piquants acérés, à la manière de la serre : et les dauphins de ce genre se glissent sous les crocodiles qui nagent, leur fendent le ventre, qui est tendre, de leur crête dorsale et les tuent.

Notes d'identification :

1. Dans le genre Delphinus figure le dauphin commun (Delphinus delphis Linné, 1758). C’est l’identification donnée par D’Arcy Thompson 1947, 52, et André 1986, 188, n. 343. Sur sa présence dans la latinité, cf. De Saint-Denis 1947, 31. | 

2. Le « dauphin d’une autre espèce » à qui Thomas de Cantimpré réservait un chapitre spécifique évoque par sa description la petite serre (serra minor), animal fabuleux décrit infra au ch. 45. On trouve dans Ernout 1962, 134, § 91-92, n. 2, la remarque suivante à propos du texte de Pline : « Le reste du paragraphe qui traite du combat entre le crocodile et le dauphin à aiguillon (qui serait, d’après Cuvier, le squalus acanthias, s’il n’est pas complètement imaginaire) se retrouve chez Sénèque NQ IV, 2, 13, qui cite comme sa source T. Claudius Balbillus, qui fut préfet d’Égypte depuis 55 av. J.-C., et semble avoir écrit un traité sur les merveilles de l’Égypte… » L’aiguillat (Squalus acanthias Linné, 1758) n’ayant guère à voir avec l’animal décrit ici, et aucun animal n’ayant le comportement décrit par Pline et ses épigones, le « dauphin d’une autre espèce » nous semble relever de l’imagination plus que de la zoologie.

Notes de source :

3. «  Ces profondeurs abritent de très nombreux dauphins, chez qui on trouve des raisons d’émerveillement de toute sorte ». | 

5. « Et ses petits l’accompagnent longtemps, parce que cet animal aime longtemps ses petits ». | 

6. « Et on voyait de nombreux dauphins, grands et petits ensemble, et ils avaient deux gardiens. Et après quelque temps, un petit mourait et les autres le portaient sur leurs épaules jusque dans les profondeurs et ensuite ils remontaient. Et ils firent cela à de nombreuses reprises en le gardant, pour qu’il ne soit pas mangé par les autres poissons ». | 

7. Peut-on considérer ces lignes comme un résumé du long passage de Pline sur la pêche menée en Italie avec l’aide des dauphins ? Dans ce cas, ce serait une des rares occurrences où il est manifeste qu’Albert le Grand a recouru à d’autres sources qu’à Thomas de Cantimpré, car celui-ci n’utilise pas cette anecdote. | 

9.  « Les animaux donnent eux aussi des présages : les dauphins, lorsqu’ils jouent sur la mer calme, indiquent que le vent va souffler du côté d’où ils viennent ». | 

10. « Et on a déjà vu un dauphin de 130 ans et un autre de 120 ans ; et on le savait parce qu’on leur a coupé la queue ». | 

13. « […] alors que les marins, en pleine mer, s’apprêtaient à tuer le citharède Arion pour lui voler ses richesses, il demanda avec douceur à jouer d’abord de la cithare ; les dauphins, qui s’étaient rassemblés pour entendre le chant, le recueillirent quand il se jeta à l’eau et l’un d’eux le transporta jusqu’au rivage du Ténare ». | 

15. «  Alors qu’un dauphin avait été capturé par le roi de Carie et attaché dans un port, l’immense foule des autres dauphins se rassembla, poussée par une tristesse visible, implorant la pitié, jusqu’à ce que le roi donnât l’ordre de le relâcher ». | 

16. « Si quelqu’un a mangé de la chair de dauphin, qu’il tombe à la mer et que des dauphins le trouvent, ils le tuent aussitôt. ». | 

17. « Sous le règne du divin Auguste, un enfant, en Campanie, nourrit un dauphin de morceaux de pain, et cette habitude se développa au point que le dauphin avait assez confiance pour venir manger dans la main de l’enfant. Bientôt, comme l’audace de l’enfant s’était accrue, le dauphin le transporta à travers le lac Lucrin. Puis il arriva qu’il le transportât sur son dos de Baïes jusqu’à Pouzzoles. Cela continua très longtemps, pendant de très nombreuses années, jusquà ce que ce spectacle continu cessât d’être traité comme un miracle. Mais quand l’enfant décéda, le dauphin mourut de regret sous les yeux de la foule ». | 

18. « Près de la même ville, à ce que rapporte Hégédisemus, alors que la mer très agitée avait tué un autre enfant, appelé Hemian, qui chevauchait de la même manière un dauphin en mer, le dauphin ramena le corps de l’enfant au rivage et, comme s’il avouait sa culpabilité, il se punit lui-même de la mort de l’enfant et ne voulut plus retourner dans les profondeurs ». | 

20. « Le plus rapide de tous les animaux, et non seulement des animaux marins, est le dauphin ; il est plus rapide qu’un oiseau, plus vif qu’un trait, et si sa gueule ne se trouvait pas sous le rostre, presque au milieu du ventre, aucun poisson n’échapperait à sa rapidité. Mais la prévoyance de la nature retarde les dauphins parce qu’ils ne peuvent attraper leur proie que sur le dos et retournés, ce qui montre particulièrement leur rapidité ». | 

22. « Il y a aussi, dans le Nil, une catégorie de dauphin dont le dos est pourvu de piquants acérés. Ces dauphins poussent les crocodiles à nager en les harcelant et, plongeant sous l’eau, par une ruse perfide, ils passent sous eux, leur cisaillent la peau tendre du ventre et les tuent ». Solin prend cette information dans Plin. nat. 8, 91.

Notes d'explication :

4. Albert le Grand suit Thomas de Cantimpré qui fait ici un contresens sur sa source : Solin en effet écrit qu’on trouve chez les dauphins « des raisons d’émerveillement de toute sorte » (in quibus causae miraculi multiformes) ; Thomas de Cantimpré en fait des animaux aux « apparences très diverses » (speciei multiformis). Mais Albert le Grand, qui rassemble en un seul deux chapitres de Thomas de Cantimpré, semble illustrer ce constat initial en décrivant dans ce chapitre au moins trois types d’animaux différents, des dauphins, peut-être des requins et une dernière créature probablement imaginaire, toutes issues des ch. 16 et 17 du livre vi de Thomas de Cantimpré. | 

8. Lacépède 1804, p. 286 : « Tumberello, par les Italiens ». | 

11. Dans la traduction latine d’Aristote (Arist. HA 566 b 23-25 MS), on trouve : Et iam viderunt delfin centum triginta annorum et alium centum et viginti annorum, « et on a déjà vu un dauphin de 130 ans et un autre de 120 ans ». Pourtant Aristote enseigne que le dauphin vit jusqu’à 25 ou 30 ans. Pline (Plin. nat. 9, 22) dit aussi qu’ils vivent jusqu’à 30 ans ; et de fait, la durée de vie du dauphin est de 30 à 40 ans. L’idée qu’on peut connaître l’âge d’un dauphin en incisant sa queue remonte à Aristote (Arist. HA 566 b 26). | 

12. On ne sait d’où vient ce passage, qui figure aussi en partie dans le chapitre Cetus. Les indications sont exactes sauf celles sur la maturité sexuelle, que le dauphin atteint vers 6 ans. | 

14. La légende d’Arion a été largement exploitée par les littératures grecque et latine, depuis Hérodote. Cf. De Saint-Denis 1955, 106, § 28, n. 2. | 

19. Cette série d’anecdotes sur les rapports entre le dauphin et l’homme provient de Solin, mais Solin lui-même les a empruntées à Pline (nat. 9, 25-28). Vincent de Beauvais consacre un chapitre entier aux liens qui unissent l’homme et le dauphin. | 

21. Cette description est issue d’Aristote via Pline. Mais le « dauphin » décrit ressemble plutôt à un requin, tant par son anatomie (la gueule située sous la tête, sur la surface ventrale) que par son comportement (sa rapidité dans l’attaque et son agressivité). En revanche, le requin ne se met pas sur le dos pour attaquer ; il agresse ses proies par surprise, arrivant derrière elles et le plus souvent par-dessous.