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Édité et traduit par Brigitte Gauvin.<Garcanez [le silure glane1identificationCe poisson (glamanez chez Thomas de Cantimpré, garcanez chez Albert le Grand, gamanem dans l’Hortus sanitatis) est sans doute le silure glane (Silurus glanis Linné, 1758). Les informations sur la manière dont le mâle édifie un nid et veille sur les œufs sont exactes et peuvent suffire à l’identification, retenue par Kitchell & Resnick 1999, 1684. Sur ce poisson, voir D’Arcy Thompson 1947, 43-47.]>
[β] Arist. HA, 621 a 28- 621 b 2 MS
59. [α] Le silure glane est, dit-on, un animal de fleuve dont la femelle, vagabondant çà et là, ne se soucie pas de ses petits mais les néglige. Mais le mâle reste près des petits que la femelle a négligés [β] et construit même autour d’eux un rempart de brindilles3explicationCe détail n’est pas dans le texte grec d’Aristote, qui écrit : « car en écartant les petits poissons il bondit, fait du bruit et pousse un grognement ». Michel Scot dans sa traduction aurait-il été influencé par l’exemple de l’épinoche, dont le mâle veille sur les œufs et les alevins et construit en effet un nid d’algues pour ses œufs ? À moins que ce ne soit Thomas de Cantimpré qui surinterprète le terme opus employé par Michel Scot ? Quand ce dernier écrit Facit opus quoddam cum orificio, il est difficile de savoir s’il parle d’un bruit produit avec la bouche ou d’un ouvrage comme un nid. Toujours est-il que le mâle peut construire une sorte de nid d’herbes, mais avant la ponte, si les berges n’offrent pas de racines ou de végétaux sur lesquels déposer les œufs. Dans tous les cas, il s’agit d’un nid ouvert. Et comme dans bien des espèces, pendant qu’il veille sur les œufs, le mâle les ventile avec sa queue pour favoriser leur survie. afin que les poissons ennemis ne puissent les atteindre ; et alors il pousse de temps à autre de grands cris4explicationLes « cris » des poissons sont des sons produits grâce à un muscle associé à leur vessie natatoire ; les sciénidés sont des poissons dont les bruits émis en période de reproduction sont bien connus des pêcheurs. On sait que les silures produisent ces sons, mais la fonction de ceux-ci n’est pas bien établie., hors de l’eau, pour effrayer les animaux qui lui sont hostiles : et si, alors qu’il fait preuve d’une si grande sollicitude, il tombe dans des filets, dans son zèle à défendre sa progéniture, il mord les filets jusqu’à les rompre, non tant grâce à sa force que grâce à son énergie5explicationAlbert le Grand abrège Thomas de Cantimpré en suivant le même ordre que celui-ci. Toutes les informations proviennent d’Aristote (Arist. HA 621 a 21 - 621 b 2 MS)..
Notes d'identification :
1. Ce poisson (glamanez chez Thomas de Cantimpré, garcanez chez Albert le Grand, gamanem dans l’Hortus sanitatis) est sans doute le silure glane (Silurus glanis Linné, 1758). Les informations sur la manière dont le mâle édifie un nid et veille sur les œufs sont exactes et peuvent suffire à l’identification, retenue par Kitchell & Resnick 1999, 1684. Sur ce poisson, voir D’Arcy Thompson 1947, 43-47.
Notes de source :
2. Albert le Grand suit Thomas de Cantimpré, qu’il résume en utilisant presque les mêmes termes.
Notes d'explication :
3. Ce détail n’est pas dans le texte grec d’Aristote, qui écrit : « car en écartant les petits poissons il bondit, fait du bruit et pousse un grognement ». Michel Scot dans sa traduction aurait-il été influencé par l’exemple de l’épinoche, dont le mâle veille sur les œufs et les alevins et construit en effet un nid d’algues pour ses œufs ? À moins que ce ne soit Thomas de Cantimpré qui surinterprète le terme opus employé par Michel Scot ? Quand ce dernier écrit Facit opus quoddam cum orificio, il est difficile de savoir s’il parle d’un bruit produit avec la bouche ou d’un ouvrage comme un nid. Toujours est-il que le mâle peut construire une sorte de nid d’herbes, mais avant la ponte, si les berges n’offrent pas de racines ou de végétaux sur lesquels déposer les œufs. Dans tous les cas, il s’agit d’un nid ouvert. Et comme dans bien des espèces, pendant qu’il veille sur les œufs, le mâle les ventile avec sa queue pour favoriser leur survie. |
4. Les « cris » des poissons sont des sons produits grâce à un muscle associé à leur vessie natatoire ; les sciénidés sont des poissons dont les bruits émis en période de reproduction sont bien connus des pêcheurs. On sait que les silures produisent ces sons, mais la fonction de ceux-ci n’est pas bien établie. |
5. Albert le Grand abrège Thomas de Cantimpré en suivant le même ordre que celui-ci. Toutes les informations proviennent d’Aristote (Arist. HA 621 a 21 - 621 b 2 MS).