CopierCopier dans le presse-papierPour indiquer l’adresse de consultation« Albert Le Grand - Les animaux — Livre XXIV. Les animaux aquatiques.  », in Bibliothèque Ichtya, état du texte au 16/09/2024. [En ligne : ]
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Édité et traduit par Brigitte Gauvin.

<Margaritae [les huîtres perlières1identificationAlbert le Grand suit sa source, Thomas de Cantimpré, qui consacre ce chapitre non à un animal mais aux perles, dont la beauté est aussi appréciée au Moyen Âge que dans l’Antiquité. Il alterne cependant passages sur les perles et sur les coquillages qui les produisent. Albert le Grand abrège le chapitre de Thomas et retient essentiellement ce qui vient de Solin. Tous les mollusques peuvent potentiellement générer des perles, mais ce sont essentiellement les huîtres, les volutes, les strombes géants et les ormeaux, en milieu marin, ou les moules perlières, en eau douce, qui fournissent des perles appréciées pour leur qualité esthétique.]>

Source : TC, De margaritis (7, 51).
Lieux parallèles : VB, De eceloa ? (17, 48) ; HS, eceola? (4, 31).
2. [α] AM?
[β] Sol. coll.54, 24-25
[γ] Sol. coll.54, 27
[δ] Sol. coll.54, 27
[ε] Sol. coll.54, 26
[ζ] Sol. coll.54, 26
[η] Sol. coll.54, 27
[θ] Plin. nat.9, 120
76. [α] Les huîtres perlières appartiennent au genre des huîtres, ont une coquille dure et habitent dans des coquillages qui ont la couleur de la perle. [β] Ces huîtres, venant sur le rivage, absorbent la rosée du ciel2explicationSur la théorie de la fécondation de l’huître par la rosée du ciel, à l’origine de la perle, voir aussi Plin. nat. 9, 107 ; Amm. 23, 6, 85-86 ; Physiol. 23. André 1986, 210, n. 405, indique qu’il s’agit d’une légende indienne issue de la poésie sanskrite classique. et, si la rosée est celle du matin et qu’elle est limpide, et si le corps de l’huître est dépourvu d’impuretés et en bonne santé, elles conçoivent de cette rosée et forment une perle remarquable et bien ronde, nimbée d’une blancheur resplendissante qui évoque la couleur de la lune claire. Mais si la rosée est celle du soir et que le temps est nuageux, et si le corps de l’huître est défectueux et impur, elle conçoit et forme une perle troublée3explicationUn mollusque fabrique une perle lorsqu’un corps étranger s’est glissé entre la paroi interne de sa coquille et son manteau, c’est-à-dire le tissu qui recouvre ses organes. Il se défend alors de l’agression en sécrétant de la nacre dont il enveloppe le corps étranger en couches sphériques concentriques.. [γ] On n’en a pas trouvé, jusqu’à maintenant, qui pèse plus d’une demi-once4explication13 grammes environ.. [δ] Les perles sont appelées uniones parce qu’on en trouve au plus deux, mais que, la plupart du temps, on n’en trouve qu’une5explicationLe terme unio se trouve chez Plin. 9, 112, qui donne la même étymologie. Ce nom paraît réservé à des perles particulièrement remarquables, peut-être parce qu’on ne peut les porter que seules (cf. l’appellation « solitaire » parmi les diamants). On pourrait aussi rapprocher ce mot d’un homonyme, unio, onis, l’oignon, ce qui serait une allusion à la forme de la perle (comme pirula, la petite poire, qui aurait donné « perle »). L’origine du mot est donc incertaine (Ernout-Meillet 1932, 1322, s.v. unio).. [ε] Si l’huître, pendant qu’elle renferme une perle, prend peur à cause du tonnerre, de la grêle ou pour toute autre raison, la rondeur de la perle s’altère et celle-ci semble s’écraser, et elle perd sa couleur particulière. [ζ] Elle est d’abord molle dans l’eau, puis durcit en prenant l’aspect de la pierre. [η] Les huîtres sortent en troupe pour boire la rosée. [θ] Les perles plongées dans du vinaigre se désagrègent et se ramollissent6explicationThomas de Cantimpré rapportait en détail la légende rapportée par Pline sur le pari de Cléopâtre ; Albert le Grand se contente du constat physique : la perle se dissout dans le vinaigre..
3. [ι] AM
[ι] Chez nous, il y a trois manières d’en trouver : parfois, en effet , on les trouve à la jointure des valves, parfois, dans les huîtres même et, parfois, parmi les pierres sous lesquelles les huîtres se cachent. Celles qui viennent d’Orient sont de meilleure qualité.
4. [κ] AM?
[κ] Broyées, elles soignent les faiblesses d’estomac ; portées sur soi, elles accroissent la chasteté7explicationDans le monde chrétien, on a toujours loué la perle comme un symbole de pureté, d’humilité et de crainte de Dieu. Les premiers chrétiens ont transformé un mythe ancien de l’origine divine dans une métaphore de la naissance du Christ, faisant de la perle un emblème tant du Christ que de la Vierge. La perle a aussi représenté l’âme incarnée dans un corps terrestre, symbole de pureté enchâssé dans un corps impur. ; et en aliment, elles soutiennent le cœur8explicationLa même observation a été faite dans le ch. 31, Cancer à propos des gastrolithes..

Notes d'identification :

1. Albert le Grand suit sa source, Thomas de Cantimpré, qui consacre ce chapitre non à un animal mais aux perles, dont la beauté est aussi appréciée au Moyen Âge que dans l’Antiquité. Il alterne cependant passages sur les perles et sur les coquillages qui les produisent. Albert le Grand abrège le chapitre de Thomas et retient essentiellement ce qui vient de Solin. Tous les mollusques peuvent potentiellement générer des perles, mais ce sont essentiellement les huîtres, les volutes, les strombes géants et les ormeaux, en milieu marin, ou les moules perlières, en eau douce, qui fournissent des perles appréciées pour leur qualité esthétique.

Notes d'explication :

2. Sur la théorie de la fécondation de l’huître par la rosée du ciel, à l’origine de la perle, voir aussi Plin. nat. 9, 107 ; Amm. 23, 6, 85-86 ; Physiol. 23. André 1986, 210, n. 405, indique qu’il s’agit d’une légende indienne issue de la poésie sanskrite classique. | 

3. Un mollusque fabrique une perle lorsqu’un corps étranger s’est glissé entre la paroi interne de sa coquille et son manteau, c’est-à-dire le tissu qui recouvre ses organes. Il se défend alors de l’agression en sécrétant de la nacre dont il enveloppe le corps étranger en couches sphériques concentriques. | 

4. 13 grammes environ. | 

5. Le terme unio se trouve chez Plin. 9, 112, qui donne la même étymologie. Ce nom paraît réservé à des perles particulièrement remarquables, peut-être parce qu’on ne peut les porter que seules (cf. l’appellation « solitaire » parmi les diamants). On pourrait aussi rapprocher ce mot d’un homonyme, unio, onis, l’oignon, ce qui serait une allusion à la forme de la perle (comme pirula, la petite poire, qui aurait donné « perle »). L’origine du mot est donc incertaine (Ernout-Meillet 1932, 1322, s.v. unio). | 

6. Thomas de Cantimpré rapportait en détail la légende rapportée par Pline sur le pari de Cléopâtre ; Albert le Grand se contente du constat physique : la perle se dissout dans le vinaigre. | 

7. Dans le monde chrétien, on a toujours loué la perle comme un symbole de pureté, d’humilité et de crainte de Dieu. Les premiers chrétiens ont transformé un mythe ancien de l’origine divine dans une métaphore de la naissance du Christ, faisant de la perle un emblème tant du Christ que de la Vierge. La perle a aussi représenté l’âme incarnée dans un corps terrestre, symbole de pureté enchâssé dans un corps impur. | 

8. La même observation a été faite dans le ch. 31, Cancer à propos des gastrolithes.